Johnny Boy / À condition que ce ne soit pas trop souvent

We all hail the king - CRSLozada


Je reprends le fil de cette série d'articles commencée dans une autre vie... Je tiens à préciser qu'ils ont été écrits il y a des mois, et même une bonne année. Ils ne sont donc plus le reflet de mes dispositions d'esprit actuelles, mais bien le reflet de la manière dont j'ai vécu ces évènements à l'époque. Celui-ci en particulier, je n'y ai pas retouché, je vous le livre tel quel, mais il y aurait beaucoup à en dire... ce que je fais en fin d'article.

Je continue de filer la métaphore de la princesse en bande-son et dans les illustrations, parce que ça s'y prête toujours bien : j'ai tellement fantasmé cette histoire...

J’en étais où ? Ah oui, ça me revient : Johnny Boy couche mais pas moi.








V. À condition que ce ne soit pas trop souvent

Enfin, je couche avec Johnny Boy quoi… Après ma rencontre unique avec mon amant parisien en mars 2017, 3 mois après le début de ma relation avec Johnny Boy, je n’aurais plus d’amant. J’ai une vie sociale toujours douloureuse, des bouffées de misandrie régulières et peu de goût pour la drague, pour finir. J’ai bien un crush et même deux mais qui ne paraitront jamais opportuns.

Cette dissymétrie est toujours pointée quand je parle du naufrage de ma relation avec Johnny Boy. Moi aussi je la vois, hein ; par contre je ne suis pas certaine des conséquences que ça a pu avoir. À part nous éviter des emmerdes je veux dire, je vais pas faire comme si j’avais pas pris des décisions à ce sujet et coucher au rythme de Johnny Boy juste pour donner à ma relation un air équilibré, voyez. Je n’ai pas été frustrée et je n’ai jamais opposé la platitude de ma vie sexuelle aux turpitudes de Johnny Boy pour le faire culpabiliser ou même juste pour fixer un point de comparaison. De conséquence négative, j’en vois quand même une : pendant un an et demi, on ne s’est occupé que du cas de Johnny Boy et j’ai eu quelques occasions de moins que lui d’apprendre des trucs… Clairement, vu la nébulosité de nos règles de vie de non-couple, je ficherais pas mon billet qu’on y a perdu au change. J’ai pas mal appris à regarder Johnny Boy se vautrer, en sus.


Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas dit que Johnny Boy aurait vécu aussi bien (ou mal, c’est selon) que moi le fait de porter une belle et lourde ramure de cornes. D’abord, avoir des règles, ça ne veut pas dire qu’on va bien vivre leur mise en application et de plus, ces règles ne disent pas grand-chose de la manière dont il faut « bien vivre ». Avoir défini que nous étions dans une relation non-exclusive ça ne veut pas dire qu’on va réussir à le faire.

Lui il n'y croyait pas trop, je peux le dire avec le recul. Un jour, il m'a dit que cette histoire d'amour libre, ça le chiffonnait : s'il trouvait mieux que moi et me quittait, est-ce que je le vivrais bien ? J'avais fanfaronné que je n'aurais pas honte d'être cette fille-là, bien sûr qu'il devait me quitter s'il trouvait "mieux que moi", c'est la base quoi... Mais en vrai, le simple fait qu'il le dise, déjà, me mortifiait. Je n'étais pas assez bien pour Johnny Boy. Malgré ce manque d'amour entre nous, on a tenu, presque deux ans.
 
Petit rappel de ce qu’est une relation non-exclusive : c’est une relation a priori sentimentale, au sein de laquelle les deux partenaires peuvent avoir d’autres relations a priori sentimentales également. Nous avons vu que cette définition acceptent des tas de variantes : les relations latérales peuvent être hiérarchisées ou pas par rapport à la principale (et s’il n’y a pas de hiérarchie alors on ne peut plus vraiment parler de relation principale), elles peuvent être sentimentales et/ou purement sexuelles. Il peut y avoir de l'amour, ou pas. C’était le modèle (qui a foiré) avec Graindorge : on s’aime d’amour et à côté on baise. C’était aussi ce que je m’imaginais avoir comme relation avec Johnny Boy et, no surprise, ça a foiré aussi. Et le pire c’est qu’à l’usage, je me dis qu’en tant que « relation principale », je me suis juste fait baiser. Je le répète encore ? Ce que Johnny Boy aimait dans notre relation, c’était sa permissivité et peut-être aussi (non, c’est sûr), son confort, à savoir la table et le logement.



***
LA QUESTION QUE JE ME TU TE POSES
***

C’est combien pas trop souvent ?

J’espère que tu ne t’imagines pas en posant cette question que la réponse va être simple. Genre je pourrais dire « quatre » ou « cinq » ou « trois », comme tous ces connards qui prétendent déterminer à partir de combien de bites enfournées une meuf devient une pute à leurs yeux, on est entre personnes intelligentes ici (sinon dégage). Le « combien » s’applique aussi bien au nombre de partenaires qu’au temps qui leur est accordé. Par exemple une seule partenaire tous les week-ends, ça gratte, mais dix partenaires une fois par mois aussi.

Johnny Boy a fréquenté (à ma connaissance…) quatre partenaires, ce qui est en effet l’extrémité de ma tolérance annuelle. Jouer sur mes limites, c’est fatiguant à la longue. Le turn-over, on ne va pas y revenir, c’est de la mort en boîte selon moi et surtout pour moi qui a déjà connu les affres des cancers via MST. Quelque chose comme une ou deux fois par mois, je l’aurais bien supporté. Toutes les semaines, c’est plus qu’il en faut ou alors il faut qu’il se demande ce qu’il fait avec moi. Il a fallu que je me pose la question à sa place : grosso modo ça a fini qu’il me baisait quand il avait le temps entre deux coucheries avec Odile.

Il faut aussi prendre en compte l’espace-temps que les autres partenaires prennent même quand il ne les voit pas : les engueulades à leur sujet parce que je suis placée face au fait accompli, ça nous a volé du temps aussi.

***

La première fois que Johnny Boy m'annonce qu'il a commencé une nouvelle relation (avec Éliane), il l'a fréquente depuis plusieurs semaines, cette relation a commencé quasiment en même temps que la nôtre. Pour moi, ça a été facile. Je suis contente qu'il m'en parle, un peu déçue de ce délais, mais je me dis que c'est normal, c'est nouveau pour lui tout çaaaaa. Je suis contente pour lui, c'est un peu comme une garantie pour moi, que notre couple n'est pas un couple, que je ne serai pas sa bergère, qu'il aura d'autres chats à fouetter... et que je pourrais en faire autant. La liberté qu'il prend devient gage de la mienne. Par contre, il ne parle pas avec elle et quand il lui apprend qu'il sort avec moi, il se fait plaquer.

La deuxième fois, oups, il m'en parle encore un peu tard dis donc, mais juste d'une semaine. Bon. C'est toujours indolore pour moi, Rebeca est discrète et on en parle librement. D'autant qu'il n'est pas vraiment à fond, il la trouve un peu trop âgée pour lui, il n'est pas amoureux.

La troisième fois, avec Gamila, c'est un peu différent et en même temps il commence à prendre des (mauvaises) habitudes : il me met face au fait accompli des jours plus tard, il n'est pas davantage amoureux, c'est un plan cul sauvage, bourré. Là, je commence à tiquer. Ses manières me saoulent. La répétition commence à ne lasser, non pas qu'il additionne les conquêtes, mais qu'il additionne les situations de merde.

Avec Armel, ça change un peu. Il me parle d'elle depuis longtemps, je sais qu'elle lui plait. Mais je suis encore mise au jus quand la messe est dite. Il m'en parle peu, parce que ça ne se passe pas très bien d'une part, et parce qu'il ose pas trop m'avouer qu'il trouve qu'elle se comporte mal, pour une femme. Comprenez qu'elle a des mœurs légères selon lui. Mœurs dont il fait partie mais allez, c'est le propre des machos de ne pas se rendre compte qu'ils couchent avec les femmes qu'ils traitent de putes, sans se sentir concernés et sans regarder leur propre comportement sexuel. Et il sait bien mon avis là-dessus, donc il ne la ramène pas trop. Et donc silence radio, jusqu'à ce que ça s'arrête, pour des raisons que j'ai mal définies (peut-être parce que l'amour libre, l'idée que le mec a déjà une zouz, c'est trop).

Et là-dessus, alors que ma patience est déjà toute élimée, ma confiance toute mitée et ma tolérance proche de la rupture, Odile arrive - celle qui n'a pas peur de mes MST - en juin 2018, le lendemain de mon anniversaire qui a été un jour assez fatidique en lui-même, on a cru pendant quelques temps que ça le ferait. Elle lui plaisait vraiment, elle était féministe, indépendante, elle cherchait des plans sans prise de tête (lol) et il pensait qu'elle avait l'ouverture d'esprit propice pour rentrer en polyamour... Je suis presque contente au début : il apprécie vraiment cette femme, je sais (un peu taaaaard), elle sait, ça a l'air de le faire. Enfin une meuf qu'il respecte ! Pas juste un plan cul calamiteux ! On va ENFIN pouvoir faire ce que l'on a dit qu'on ferait, en bonne et due forme. Mais nope, finalement. Parce que très rapidement, je ne compte plus. La meuf "mieux que moi" qui va me remplacer, la voilà. Plus sociable, plus saine certainement (facile), plus sortable. Avec elle, il a pas 2 ans de passif sur les bras. Il devient assez vite clair que le délire d'amour libre, c'est pas son truc et Johnny Boy doit rapidement choisir entre elle ou moi. Enfin, "rapidement", ahah, il faut plutôt visualiser un chien tapé par une voiture qui meurt doucement au soleil pour se figurer la rapidité et l'impact de sa décision. Il a vraiment essayé de faire tenir le truc. Mais notre relation était déjà trop délabré pour survivre.

Poulop
Il m’a usée. Et ça s’est vérifié : je ne suis pas une pâte à modeler. Je suis un être sensible et expressif, qui fouette plusieurs chats en même temps et puis faut tellement pas me faire chier. Point d’amour au dîner, juste des couleuvres à avaler, je me suis trouvée maso. On en était arrivés à l’idée qu’on était lae régulièr.e l’un.e de l’autre à défaut d’être en couple, mais franchement le seul truc régulier, c'étaient nos disputes. On s'est plus engagés mais on ne s'est pas plus aimés. J'ai passé mon temps à limiter sa sexualité et son comportement amoureux avec mes trois putains de règles, j'ai pas aimé. Transparence, onestpasuncouple mon cul, toute cette "légèreté" pour se comporter comme un diplomate de la patate chaude avec moi, merci bien. Il a eu la fâcheuse tendance à draguer dans son cercle immédiat (dans lequel je me trouve) et ça complique un peu les choses, vu qu'en même temps il faisait tout pour ne pas mélanger les torchons et les serviettes. Je n'étais pas gênée de mon côté, j'avais besoin de pouvoir vivre en bonne intelligence avec les femmes qu'il aimait - mais au final c'était malaise pour tout le monde. Il n'aimait pas me parler d'elles, il devenait silencieux pendant des jours, devenait distant... On n'a pas noué ce lien et aucune de ses rencontres n'a fonctionné avec notre "couple".





Depuis ces évènements et l'écriture de cet article, j'ai appris quelques trucs. Notamment que je répétais encore et encore la même erreur : je me soucie beaucoup trop de mon partenaire, à tort et à travers, et pas assez de moi. Donner du large à son mec pour le garder, c'est un très mauvais calcul, qui indexe votre santé mentale sur la capacité de votre mec à vous "respecter", alors même que les conditions de ce respect ne sont pas claires ni vraiment définies. Ce qui me semblait évident ne l'était pas pour Johnny Boy.

Johnny Boy ne m'aimait pas. Il se méfiait beaucoup de moi, de mes réactions, de mes attentes, de mes blessures, à raison. J'étais vraiment une patate chaude. J'avais vraiment envie d'être aimée, choyée, écoutée, mais ça n'était pas la bonne personne pour cela. J'étais surtout dans un état-limite du point de vue de ma santé, tant physique que mentale, il n'avait clairement ni l'envie ni les épaules pour le vivre sereinement avec moi. J'étais écorchée vive, je hurlais de douleur intérieurement, j'avais une telle soif de réparation, une telle exigence, que ça ne pouvait pas bien se passer avec une personne qui s'en fout et s'en méfie même.

Cette histoire fut pourtant un mal nécessaire : c'est parce que ça s'est si mal passé, parce que j'ai sombré bel et bien que j'ai enfin réagi. C'est quand je suis arrivée tout au fond de ma détresse que j'ai décidé que ça suffisait. Alors, rien que pour ça : merci Johnny Boy. J'aurais évidemment aimé ne pas arriver à de telles extrémités pour finalement m'en sortir... mais c'est comme ça que ça s'est passé, voilà tout.


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