Johnny Boy / À condition de se protéger



Allez, je sais que tu adores les MST !  C’est sous cet angle-là essentiellement que je considère les partenaires de mes partenaires comme mes partenaires : sous l’angle des emmerdes. Ne vaut-il pas mieux prévenir que guérir ? Vous souciez-vous de savoir si vous prenez des risques en baisant, ou que vous en faites prendre à votre partenaires et aux partenaires de votre partenaire ? Où en êtes-vous dans votre sérologie ? Vos frottis sont cool ? Les réponses ne sont affreusement pas simples.





IV. À condition de se protéger

Dina Goldstein
Cette condition-là a été acceptée sans broncher, comme une évidence. La capote, c’est le nerf de la guerre. Il se trouve que c’est ma seule contraception et selon moi une méthode prophylactique de base. Je n’envisage pas de m’en passer en dehors d’une sexualité particulièrement transparente et sereine (…). Quand j’ai parlé de ma maladie à Johnny Boy, je t’assure que ça lui a donné envie de la mettre cette capote. Je pense qu’il trouvait que j’étais un peu sale et qu’il valait mieux se protéger. J’ai été pédago : j’ai expliqué que le virus qui m’a infestée se fiche de la capote et n’est pas visible sur une prise de sang et que la première règle sanitaire c’est de ne pas multiplier les partenaires. La seconde étant de se protéger avec une capote pour toutes les infections qui se communiquent par les fluides sexuels, qui sont encore plus craignos, type VIH. L’autre évidence, c’est que je ne prends pas la pilule.

Or, tout effrayé qu’il était au début par mes histoires d’IST, Johnny Boy a rapidement sollicité des occasions de ne pas la mettre avec moi, c’est le premier truc qui m’a mis la puce à l’oreille. C’est la méga confiance de faire ça selon moi. Typique un truc de couple, d’ailleurs quand j’ai commencé à considérer qu’on pouvait nous-même se passer de respecter cette règle, c’est bien parce que j’estimais qu’on était plus que de simples partenaires… Sauf que j’ai une très mauvaise perception de sa sexualité, son goût pour s’en passer n’est pas de bon augure pour moi. Un jour j’ai accepté pour lui donner ma confiance (tu as compris que j’achète Johnny Boy à chaque concession ui ?). Il ne faut pas croire, moi aussi j’aime ça, baiser juste avec la peau et me faire remplir de foutre. Seulement je ne peux absolument pas me le permettre et j’ai tout fait pour que ce soit clair pour Johnny Boy, pour qu’il passe son chemin si le challenge ne le tentait pas. On baise sans protection pour la première fois 6 mois après le début de notre histoire, mais quelques jours seulement après notre première rupture. Tu le sens le truc qui pue ? Moi aussi. J’ai quand même des freins : jamais je ne le laisse éjaculer en moi, on tourne en mode coïtus interruptus, ou plus sobrement une pipe jusqu’auboutiste. Quelque chose d’un peu cynique en moi doit considérer qu’il vaut mieux être malade qu’enceinte, je sais pas. Au début, je suis seule juge pour décider quand ça arrive et c’est plutôt rare, en général à deux ou trois jours de l’arrivée de mes règles (elles arrivent le plus souvent à grands bruits) ou pendant, un mois sur trois. Le reste du temps, c’est absolument inenvisageable. Ce qui l’était également, c’est qu’il se permette cette fantaisie avec d’autres.

Mes rêves versus la réalité

Mais cet engagement, qu’est-ce qu’il devient avec deux grammes dans le sang ? C’est lors d’une soirée bien arrosée qu’on a conclu tous les deux et j’ai pris soin de garder mon pantalon…Je sais que ça le rend amoureux et très insouciant… Or c’est dans de telles conditions qu’il a conclu avec Éliane, puis Gamila et enfin Armel. Combien je parie qu’il a toujours des capotes sur lui ? Rien du tout. Comme je me permets toujours de poser la question, j’ai eu plusieurs fois la réponse « elle m’a seulement sucé », ce que je trouve moyen comme manière de dire qu’il n’a pas besoin de se protéger et de protéger sa partenaire (les risques ne sont ni pour lui ni pour moi, évidemment). Lorsque je passais chez lui, je laissais de temps à autre un stock de capotes derrière moi, parce que je n’en avais pas l’usage et que je voulais qu’il les utilise.

Shusaku Takaoka
C’est devenu légèrement gênant avec Odile, quand je lui laissais des packs maxi-size et qu’il n’y en avait plus quand je revenais ; ils les utilisaient par 5. Les choses sont devenues très compliquées quand il a eu le courage de me dire qu’Odile adorait baiser sans capote et proposait de faire des tests sérologiques. Il m’assurait qu’il avait dit non mais le mal était fait. Je sais ce que ça vaut, une volonté d’homme qui bande : je l’ai vu faire.

Il y a quelques semaines - nous sommes séparés depuis le mois d’août - il est venu me voir pour m’expliquer qu’il venait de faire ces tests et qu’ils étaient négatifs. Je me suis demandé en quoi j’étais concernée, je pense qu’il a pensé trop vite. J’ai fait moi-même des tests quand j’étais avec lui et une fois après aussi, parce que ça fait partie de mon suivi. S’il avait merdé j’aurais été au courant, mais comme il ne l’a peut-être pas bien compris, il pensait me rassurer sur sa conduite. Or c’est bien l’inverse : je sais bien qu'il a fait ces tests pour se passer de capote avec Odile désormais, ce qu’il m’a confirmé et ça ne me rassure pas du tout. Johnny Boy est définitivement passé dans la catégorie des mecs avec qui je ne peux pas coucher. Je t’avoue que je me réveille certains matins en leur souhaitant une blenno.





Quelques chiffres ? Allez, pour le plaisir : le nombre de diagnostics d’IST a quadruplé en France depuis 2015. Les 15-24 ans sont les plus touché·es.

Et là, un peu de lecture. 

Et tiens, j’ai trouvé ça.



 
 

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