L'intelligence cachée des hormones - Martie Haselton




Quand j’ai ouvert cet ouvrage, il promettait de me plaire, en soufflant un vent nouveau sur mes organes génitaux (c’est une image). Il faut dire que la société les regarde de travers, l’origine du monde est bien loin d’être vénérée (tiens est-ce que « vénération » est de la même famille que « vénérien » ? et bien oui, c’est un rejeton de Vénus, on aime, on adore voir à quel point de déesse à maladie sexuelle, le féminin a dégringolé) : ici on les découpe au nom de la tradition, là on les épile au nom de l’hygiène ou de l’esthétisme, et partout, on les viole. Mais surtout, on ne les comprend pas. C’est même la femme toute entière qu’on ne comprend pas ! Soumise à ses volatiles hormones, elle veut tout et son contraire, aguiche et manipule.

Martie Haselton, chercheuse et professeuse en psychologie et communication, s’est donné ici comme mission d’expliquer les hormones féminines en détaillant leur action sur nos comportements sexuels, rendant ainsi visible leur « intelligence » présumée puisqu’elles nous poussent finalement à des actes rationnels.

Mais au fil de la lecture, il y a des trucs qui chiffonnent. Avant de vous parler en profondeur des trucs qui chiffonnent, parce que ça va demander de se pencher sur un sujet qui me prend surtout la tête pour le moment (la psychologie évolutionniste), on va en faire ensemble un petit tour critique.


1) Comprendre les hormones féminines, c’est de l’empouvoirement

Elle commence par expliciter la prise de position qui sous-tend ce livre : a priori, étudier le rôle des hormones féminines dans le comportement des femmes risquent de les enfermer dans leur biologie, d’enfoncer le clou de l’essentialisme qui les condamne à la frivolité et la fragilité.

« Dès que nous admettons une différence entre les sexes, pensons-nous, nous perdons du terrain dans notre combat et ne serons jamais traitées sur un pied d’égalité. Nous serons toujours considérées comme faibles, vulnérables, incapables. […] Dès que l’on souligne les différences biologiques entre mâles et femelles, alors nous sommes accusés d’aller à l’encontre de la capacité des femmes d’être l’égale de l’homme. »

Pour elle, il ne faut pas « jeter le bébé biologique avec l’eau du bain sexiste ». Ce serait se priver d’une chose qui nous manque : la science ne sait rien des femmes, ce qui la pénalise gravement. Et cela graverait dans le marbre le sexisme et le racisme qui gouverne l’aveuglement scientifique à l’égard des femmes.

La femme, trop compliquée… Si nous ne faisons pas ces recherches, alors nous ne comprenons pas la santé et la sexualité des femmes. Et qui sait ce que nous pourrions apprendre au fil des découvertes ? L’autrice donne l’exemple du Viagra, qui permet à l’homme d’avoir un rapport sexuel s’il en désire un, et la flibansérine… qui « permet » à la femme d’avoir des relations dans les cas où elle n’en veut pas. Vous voyez la différence ? Vous voyez le problème ? Il ne s’agit en rien d’un « viagra féminin », c’est plutôt un outil de la culture du viol, du « devoir conjugal » et le reflet dramatique de l’ignorance de la science quant à la sexualité féminine (précisons que c'est mon interprétation, l'autrice ne va pas jusque-là).

« Certes, il est possible que le désir féminin soit complexe et plus difficile à entretenir qu’un flux de sang, mais nous en saurions plus si nous étudiions davantage les femmes. Aujourd’hui encore, la tendance chez les biologistes est de se pencher sur le pénis plutôt que sur les organes génitaux femelles. »

Ces a priori scientifiques qui excluent les femmes de la recherche se basent sur la vision fausse et dégradée que l’homme a sur la femme, depuis si longtemps…

« En science, les premières idées sur l’œstrus remontent à la nuit des temps et commencent avec la représentation de jeunes femmes (ou de déesses) déchaînées, folles de désir envers le mâle. Ces femmes mythiques ou réelles n’étaient pas en chaleur, à proprement parler, mais toujours dépeintes comme « hormonales » : Ève la tentatrice, Héra la vindicative, Cléopâtre la passionnée, suivies de tout un cortège de femmes fatales, de reines conspiratrices, de sorcières et de veuves noires. Des représentations typiques de l’appréhension d’une certaine féminité débridée, d’autant plus paradoxale que la femme d’alors était dans les faits souvent réprimée et impuissante. »

Principales glandes du système hormonal ;
1 et 2 Épiphyse, hypophyse et hypothalamus
3 - Thyroïde
4 - Thymus
5 - Surrénales
6 - Pancréas endocrine
7 - Ovaires
8 - Testicules
Jusque-là, à vrai dire, je plussoie. C’est certainement dommageable que la science ne se penche pas sur la femme. On en connait les conséquences.

Dans l’absolu, c’est évidemment une bonne chose que l’on se penche sur "la" femme, son sexe, ses hormones. Je suis également une fervente défenseuse de la pédagogie, de la communication, du savoir, de la science. Mais je sais aussi que tout ce que fait l’humain, c’est toujours pousser quelque chose dans une certaines direction (celle qui l’arrange). Et que la science est une grande couverture qu’il n’est même pas nécessaire de tirer pour l’avoir à soi. La science ne dit pas ce qui est juste, bon et bien. Elle dit, c’est tout. Ce sont les conclusions qu’on en tire dans le réel qui sont bonnes ou mauvaises. Ça, on en parlera plus tard.

2) Les sexes font du sexe avec leurs sexes

L’autrice aligne études sur études, décrivant au passage quelques protocoles expérimentaux (celui des t-shirt malodorants, des tampons vaginaux, des chaises enduites de testostérone…), qui mènent à des conclusions étonnantes. Et séduisantes. Et, étonnamment, qui ne va parler que de sexe, ou peu s’en faut. Évidemment, on parle de sexe, au sens de genre : les sexes masculins / féminins, du coup, logique (non), on va parler… d’hétérosexualité. On le sait pourtant que les hormones servent à bien d’autres choses (à peu près à tout en fait), mais là, on ne parlera que de sexualité. De séduction. D’avantages sexuels. De maternité, de ménopause. De sexe. Vous comprenez, toute l’intelligence de la femme se trouve dans ses ovaires (Léo Ferré dans ses œuvres).



Et franchement, je trouve que cette façon de particulariser la biologie féminine, c'est-à-dire de ne considérer que ce qu'elle a de différent par rapport à l'homme (et en mode obvious en plus), c'est à dire ses fonctions reproductrices, ce n'est pas vraiment leur rendre service.


« La particularisation des femmes, notamment par le renvoi sur leur fonction maternelle, continue de structurer les représentations médicales à leur égard mais aussi leurs expériences de santé. De plus, dans son extension, autrement dit, le travail de soin, cette particularisation constitue une véritable impasse pour la construction d’un cadre d’intelligibilité de la santé des femmes en renforçant l’idée qu’elles sont seulement concernées par les domaines de la reproduction et de la production de santé familiale et domestique. »
Monique Membrado


Ce parti-pris devient encore plus risible lorsque l’autrice dévoile sa punch-line :

« Vous n’êtes pas hormonale.
Vous êtes seulement en train de prendre d’importantes décisions. »

D’importantes décisions... toutes d’ordre sexuelles. Il n’y aurait pas d’autres décisions à prendre, des fois, dans une vie ? Ici, les sexes (féminins et masculins) sont condamnés à se tourner autour dans le même bocal, pour faire du sexe avec leurs sexes. Des fois que tu n’aies pas compris. Mais bon, à la limite, je peux accepter que ce soit le parti-pris de l’autrice, qui annonce d’ailleurs en quatrième de couverture proposer « une nouvelle compréhension du corps, de l’esprit et de la sexualité féminine, aussi pétillante que stupéfiante, et qui prouve définitivement que les femmes sont toutes des super-women. »

Hum.

Florilège des multiples conclusions qu’elle tire de dizaines d’études balancées à tour de bras :

Mais avant, un petit point lexical sur un terme qui revient toujours (œstrus) et un autre que juste j’aime bien (ménarche).

Oestrus : période durant laquelle une femelle mammifère est fécondable.
Ménarche : période des premières menstruations, c'est-à-dire la première fois où, dans le cycle ovulatoire, un individu de sexe féminin a ses règles.

L’œstrus

- La femelle (chiennes, rates, hamsters, orang-outans…) n’est pas le réceptacle passif de la sexualité du mâle : elle choisit son mâle, le moment, le lieu… si elle est réceptive. Si elle ne l’est pas (donc en dehors de la phase fertile), il n’y a pas de coït. Chez les humaines, c’est un peu différent : la plus grande étude fait sur le sujet ne montre pas d’augmentation du nombre de coïts pendant la phase fertile : la femme s’est libérée du contrôle de ses hormones. Il existe toutefois des variations en fonctions de l’environnement de ces femmes : selon qu’elles soient en couple ou non par exemple, des variations sont repérables. Elle en conclu : pas question d’avoir des rapports sexuels avec n’importe quel mâle.

- Les femmes sont tout autant attirées par l’odeur de la testostérone que les hommes le sont des hormones sexuelles féminines au cours de leur phase de fertilité. Plus elles approchent de leur œstrus et plus elles cherchent un partenaire… symétrique, odorant et très masculin dans ses traits. Elles ont alors une sorte de « détecteur de bons gènes ». De même une femme dont le taux d’œstrogène est élevé parait plus séduisante aux yeux des hommes.

- Un haut niveau d’œstrogène rend les femmes plus compétitives, moins craintives… et moins engagées dans leur relation (elles se mettent à envisager d'autres partenaires sexuels). Elles mangent bien, marchent plus.

- Les femmes se sentent plus belle au cours de leur phase fertile et leurs partenaires se montrent plus protecteurs, jaloux et possessifs dans cette même phase.

- Les hommes aussi sont hormonaux. Leur taux de testostérone est à son maximum le matin au réveil (sans blague…) puis chute de 60% dans les trente minutes qui suivent. Et cette baisse est bien utile car elle fait chuter leur agressivité, ce qui les rend plus sociables et plus paternels à l’égard de leur progéniture. Ce taux augmente toutefois… à l’approche de femmes séduisantes.

Progestérone

- Un haut niveau de progestérone (deuxième partie du cycle, et constamment en cas de grossesse) implique chez les femmes un plus grand dégoût à l’égard des germes, maladies, moisissures etc. Elles sont plus méfiantes et lisent plus facilement les émotions sur le visage de leurs interlocuteurs.

- La progestérone produit un sentiment de bien-être. Le SPM serait ainsi une réaction de « sevrage » de cette hormone quand elle se raréfie à l’approche des menstruations ! Elle envisage également que ce soit une stratégie pour écarter le partenaire s’il est un mauvais reproducteur (puisque vous n’êtes pas enceinte…).

La sexualité humaine

- Les femmes cherchent des hommes beaux, forts et sains en période fertile… et des bons papas le reste du temps. Si on suit cette logique biologique (et c'est mon interprétation, pas celle de l'autrice)… il n’y a aucune raison pour que les hommes qui font les bébés soient les mêmes que ceux qui les élèvent. Ça, c’est une construction du patriarcat, possessif.

- La sexualité humaine a des caractères peu répandus dans le règne animal : le principe du couple (sélection d’un seul partenaire) et la sexualité étendue (s’accoupler en dehors des périodes de fertilité de la femelle). Cela s’explique d’une part par l’énorme investissement maternel qui rend très périlleuse la position de mère isolée (la co-parentalité est plus safe pour la mère et la progéniture) et d’autre part que la meilleure façon de garder auprès de soi un bon papa… c’est de lui offrir des relations sexuelles de manière constante, en initiant des coïts en dehors de leur phase fertile.

- La possibilité de la sexualité étendue permet à la femme de dissimuler son état œstral : nul·le ne sait si elle ovule ou pas, si elle a ses règles etc. La conséquence ? Des relations sociales plus apaisées.

- L’un de corollaire du choix de deux sortes de partenaires, le bon papa et le beau sexy, c’est la « confusion de la paternité ». Cela permet (en théorie, pas en patriarcat) de réduire l’agressivité des mâles qui ne prendront pas le risque de tuer leur progéniture. C’est aussi une façon de retenir son partenaire (ce sont peut-être ses enfants… et puis s’il reste dans les parages, il éloignera les autres mâles !).

- Les femmes ont besoin de connaître leur partenaire avant de coucher, ce qui n’est pas le cas des hommes. Les hommes, plus que les femmes, sont plus amateurs de relations sexuelles à court terme. Ce qui est en cohérence avec une évidence incontournable : ce sont les femmes qui s’investissent le plus, et de loin, dans la reproduction. Ce sont elles qui tombent enceinte, portent l’enfant, puis l’élève dans la grande majorité des cas et du temps.

La maternité

- L’information largement relayée selon laquelle entre 36 et 39 ans, une femme sur trois ne parvient pas à tomber enceinte se repose sur des statistiques des naissances en France… entre le 17e et le 18e siècle. Avec des données plus récentes, on constate que de nos jours, entre 36 et 39 ans, une femme a encore 82% de chances de tomber enceinte… ce qui n’est pas très différent des 87% de probabilité entre 27 et 34 ans.

- Les nausées de grossesse et les aversions pour certains aliments sont destinées à prévenir l’ingestion d’aliments toxiques.

- Être enceinte vous grignote un peu le cerveau… en matière de mémorisation notamment. En revanche, elle améliore d’autres fonctions cérébrales : vous devenez plus sensible, plus empathique, plus vigilante et plus intuitive. Le besoin de dormir ou de faire le ménage est également tourné vers la préservation de l’être qui pousse en vous. L’instinct de nidification est le plus intense peu avant l’accouchement, qui est un moment de grande vulnérabilité pour l’humaine. Et le sommeil est sur le point de devenir une denrée rare, alors il faut en profiter.

- La mère allaitante réagit plus vivement aux menaces. Elle est plus agressive en cas de nécessité, plus vigilante, tout en maintenant un taux de stress plus bas, paradoxalement. Les mères s’affirment davantage, calmement.

La ménopause

- Nous serions bien avisés de regarder la ménopause comme une manière pour la femme de rester productive, forte de ses connaissances et du temps libre dont elle dispose à présent, maintenant qu’elle n’enfante plus et qu’elle n’a plus d’enfants à élever… C’est la preuve que leur existence dépasse leurs capacités reproductives (merci).

- Non seulement elle peut travailler sans plus se soucier de l’état de ses hormones et de se reproduire (ou pas), mais en plus elle peut aider le reste de la communauté, notamment les autres mères (et notamment leurs filles / fils).

La vie sexuelle des animaux

Les animaux sont assez présents dans ce livre et font l’objet de nombreuses comparaisons avec l’espère humaine, ce qui rend le propos plus… universel ? Et d’en faire des analogies, séduisantes, poétiques, mais qui ne nous disent rien de ce que l’humain vit dans sa chair et dans son monde. Comparaison n’est pas raison… Cet extrait sur les mœurs des orques me parait être particulièrement représentatif, juges-en un peu :

« Les orques s’organisent en groupement matrilinéaires. Un matrilignage peut accueillir jusqu’à quatre générations, toutes descendantes de la femelles la plus âgées ; Lorsqu’elles deviennent sexuellement mûres, les femelles partent pour s’accoupler, puis reviennent avec leurs baleineaux dans le groupe de la matriarche. Les mâles ne vivent pas avec leur progéniture, ils restent auprès de leur mère.
Les orques « grand-mères » préservent leur statut dominant dans le groupe grâce à leur expertise dans la recherche d’aliments. Maman sait mieux localiser le saumon, leur source principale de nourriture, ou les autres proies. Les femelles plus âgées savent chasser. Elles montrent la voie et lèguent ainsi leur connaissance aux plus jeunes. […] Lorsqu’une orque trouve de la nourriture, elle fournit une bouée de sauvetage multigénérationnelle.

[…] Pour la nourriture, les petits mâles dépendent de leurs mères pendant des années au contraire des femelles qui les quittent (temporairement) leur matrilignage lorsque l’heure de la reproduction a sonné. On sait que les mâles peuvent rester longtemps avec leur mère, même après leur entrée en ménopause. Malheureusement, un tel arrangement aux allures très humaines de « fils à maman » n’est pas forcément bon pour l’espérance de vie des mâles. En effet la dépendance des mâles est telle que leur taux de mortalité augmente de façon importante lorsqu’elle meurt. Comparé à une femelle, un mâle a trois fois plus de chance de mourir dans l’année qui suit la mort de sa mère s’il n’a pas encore atteint sa trentième année. Et ça augmente avec l’âge - il aura huit fois plus de chance de mourir s’il a plus de 30 ans […]. Mais l’inverse est aussi vrai : l’espérance de vie du fils suit celle de sa mère qui lui octroie ainsi les meilleures chances pour s’accoupler et devenir lui-même père. »

Amusant, non ? Et puis, ça ne confine pas du tout les femelles dans leur rôle biologique antédiluvien des génitrices éleveuses de progéniture : elles chassent des fois !

3) Conclusion

Vous avez compris : elle casse quelques clichés (la passivité féminine, la stabilité hormonale masculine…), en confortent d’autres (la ménopause c’est idéal pour s’occuper de ses petits-enfants, les femmes aiment les bad boys (les bons gènes !) et exploitent les gentils garçons (les bons papas !), l’instinct maternel…), ce qui leur ôte leurs horribles oripeaux de clichés pour en faire des caractéristiques naturelles, nous donne des infos marrantes (les nausées de la grossesse sont en fait protectrices) et dresse un portrait d’une femme en super-héroïne aux sens hyper-développés pour renifler le bon reproducteur, fuir le danger et défendre sa progéniture.

Tout ça, dans l’ensemble, nous donne l’impression d’une femme maitresse de son destin, avec plein de cordes à son arc et des pouvoirs qui confinent au super-héroïsme. Et ça conclut à la génialitude des deux sexes, si complémentaires, si bien co-adaptés entre eux. C’est bô.

« Les hommes se sont mis, sous la pression évolutive, à détecter des signaux, aussi subtils fussent-ils. Ceci a pour conséquence une délicate danse co-évolutive avec les femmes, qui ont évolué en dissimulant (jusqu’à un certain point), et les hommes en détectant. »

À vrai dire, je suis d’accord avec ça. Mais que nous apprend-elle que nous ne savons pas déjà ? Notre intelligence hormonale qui doit nous empouvoirer, c’est notre capacité à nous renifler ? Moi j’ai plutôt l’impression que ça laisse bien les choses à leur place. Peut-être bien que ça décrit correctement une part du réel : une société qui place les femmes et les hommes face à face pour un jeu de séduction incessant. Il n’est jamais question de toutes les autres réalités que nous vivons dans ce réel : la violence, les rapports de forces, la place des femmes dans la vie publique, dans le foyer. Ou plutôt si… c’est implicite : la violence, les rapports de force, la place des femmes… tout ça est étroitement corrélé à cette somme de caractéristiques biologiques, quoiqu’elle prenne soin de ne pas l’évoquer.

L’ouvrage se conclut sur cette note aux relents de progressisme mais honnêtement, après 280 pages de coïts hétérosexuels reproductifs, ça parait sorti de nulle part :

« Plusieurs centaines de milliers d’années plus tard, les femmes expérimentent encore les cycles hormonaux de nos ancêtres. Or, devant nous, l’éventail de choix est devenu époustouflant. Au cours de nos vies, nous pouvons déjà choisir d’avoir un seul partenaire, plusieurs ou aucun. Nous pouvons également décider de nous unir avec le sexe opposé, ou avec le nôtre. Nous pouvons avoir des enfants, ou pas. Nous pouvons modifier nos cycles hormonaux par le biais de la contraception ou de thérapies hormonales, ou réagir à des perturbations par la médecine et la science. Nous sommes des femmes modernes, libres de choisir nos destins sociaux et reproductifs. »

Donc… voilà. Vous apprendrez des trucs, certainement, en lisant L’intelligence cachée des hormones de Martie Haselton. Vous apprendrez la biologie sexuelle du mâle et de la femelle hétéros. Vous apprendrez à séduire le mâle - et seulement si vous êtes une femme. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas faux non plus. Mais ça ne dira pas grand-chose de votre réalité humaine, si ce n’est la vision, toujours la même, que le monde et la science posent sur la femme : sexualisante et vouée à la maternité.

Et cette science psychologisante de la biologie humaine porte un nom : la psychologie évolutionniste. On en reparle tout bientôt.

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