Les masques DIY sont-ils efficaces ?




On trouve sur les réseaux, des dizaines de tutos coutures (comme le mien) depuis le début de l’épidémie de Coronavirus en France. Ils suscitent de vives réactions, souvent contradictoires... Voici quelques éléments de réponse.


1) Ils ne sont pas aussi efficaces (et de loin) que les masques chirurgicaux homologués



Diverses études ont expérimenté leur efficacité.

Cette étude de 2015 faite sur une cohorte de soignant·es en hôpital : celleux qui portaient des masques en tissus étaient plus contaminés que le groupe contrôle (avec ou sans masque) et beaucoup plus que le groupe qui portait des masques chirurgicaux.

(CRI) = Clinical respiratory illness
(ILI) = influenza-like illness
Virus = respiratory syncytial virus (RSV) A and B, human metapneumovirus (hMPV), influenza A (H3N2), (H1N1)pdm09, influenza B, parainfluenza viruses 1–4, influenza C, rhinoviruses, severe acute respiratory syndrome (SARS) associated coronavirus (SARS-CoV), coronaviruses 229E, NL63, OC43 and HKU1, adenoviruses and human bocavirus (hBoV)

Cette étude-ci, de 2013, a observé les capacités de filtration des différents masques selon leur matière de fabrication : un masque fait-maison filtre 60 à 80% des particules expirées en fonction de leur taille. Néanmoins, le coronavirus est bien plus petit que les particules testées, ce qui fait chuter leur efficacité. Elle réside surtout dans leur capacité à retenir les gouttelettes de salive projetées lors de la toux.


Celle-là, réalisée en 2008 a été pratiquée sur des personnes lambda, au cours de différentes activités (marcher, lire, hocher la tête) : elle conclut par l’efficacité relativement faible des masques en tissus, mais pas nulle non plus.


Il en ressort que ces masques sont très faiblement efficaces pour vous protéger des autres, mais qu’ils sont relativement efficaces pour protéger autrui si vous êtes contaminé·e. Ainsi, si vous êtes entouré·e de personnes contaminées ou très exposé·e (personnel soignant par exemple), ils ne sont pas recommandés du tout.

Ils évitent donc, au mieux :
- la propagation de gouttelettes lorsque vous toussez ;
- la transmission de gouttelettes de quelqu’un qui tousse à côté de vous ;
- le contact main-bouche.

Dans tous les cas, ils ne remplacent en aucun cas les gestes barrières et les mesures de distanciation sociales.


Les masques artisanaux ou en tissus sont-ils efficaces ?

Les études à ce sujet montrent que dans certaines situations, ils peuvent avoir une certaine efficacité, et sont « mieux que rien ». Toutefois, les masques artisanaux peuvent aussi donner un faux sentiment de sécurité, alors que les seules mesures réellement efficaces sont l’application des mesures barrières (se laver les mains, tousser dans son coude, utiliser des mouchoirs à usage unique, ne pas se serrer les mains et éviter les embrassades) ainsi que les mesures de distanciation sociale.


2) Il faut les utiliser correctement

Il ne sera d’aucune utilité si vous le tripotez, tripotez vos cheveux ou votre visage, si vous ne vous lavez pas les mains avant et après l'avoir porté. Il doit également être bien ajusté sur votre visage, donc à votre taille.


Pour optimiser leur efficacité, respectez les règles suivantes :

- lavez-vous les mains avant et après l’avoir porté.
- ne le mettre que quand on sort (et on sort le moins possible, évidemment).
- ne pas les porter plus de quelques heures (3, 4 maximum)
- on l’enlève quand on rentre chez soi, en le prenant par les côtés et en évitant la bouche.
- le glisser dans une poche en plastique jusqu’à ce qu’il soit lavé.
- le laver à 30°C minimum, avec votre lessive habituelle.
- le laisser sécher correctement.
- le repasser.
- le ranger dans un second sac propre, type sac de congélation.


Idéalement, il comporte trois couches. La couche intermédiaire peut être constituée de polaire fine ou mieux : de papier de sac d’aspirateur, de lingettes dépoussiérantes ou encore de tissu en microfibre.


Notons, d’ailleurs, que le CHU a précisé que ce patron était à destination des personnels ne prenant pas en charge les patients du COVID-19.



4) Et les autres types de masques ?

Vous verrez peut-être des personnes portant d'autres types de masques, comme des masques anti-pollution ou de chantier... Hormis le masque FFP3 qui est encore plus filtrant que le FFP2, mais qui n'est pas non plus conçu pour filtrer des virus, les autres masques offrent eux aussi une faible protection. Probablement pas nulle, mais faible... Ici un lien vers le site Science et Avenir qui fait un petit topo.


5) Conclusion

Si vous êtes soignant·e, il est déconseillé d'en porter au contact de malades du COVID-19  il ne substitue pas aux masques de soins ou chirurgicaux homologués. Si vous n'êtes pas malade, il n'est pas forcément pertinent de le porter. Toutefois, si vous l'utilisez correctement, il pourrait bien vous rendre service... Mais il ne doit pas vous donner la confiance et vous inciter à sortir de chez vous ! Si cela vous rassure, portez-le mais faites-le bien. En l'état des choses, il n'y a pas de réponse ferme et définitive sur ce sujet. Ils doivent être vus comme une manière de redoubler de vigilance (et donc surtout pas vous dispenser des gestes barrières) et non comme une véritable protection.


Rappel des gestes barrières :

- Se laver les mains très régulièrement
- Tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir
- Saluer sans se serrer la main, arrêter les embrassades
- Utiliser des mouchoirs à usage unique et les jeter
- Éviter les rassemblements, limiter les déplacements et les contacts

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