Ma bonne bite bien chaude - Victoria Jadot
Là, on a un champion ! La vidéo de Victoria Jadot, une
instagrammeuse (NoixdeKadjou), comédienne et vidéaste, est devenue
virale en quelques jours. Il y a tout dedans, c’est un modèle in vivo de ce que les féministes décrivent
à longueur d’année.
« Déposer une réflexion
spontanée sur mon expérience quotidienne du sexisme. Ça a pris la forme d’une
vidéo car c’est visuellement que je m’exprime et que je travaille.
Je veux donner de la
force.
Faire comprendre aux
hommes que ce n’est pas eux que le mouvement féministe pointe mais le cadre
social dans lequel ils sont enfermés, qu’ils en souffrent et qu’on a besoin
d’eux pour les sortir de là. »
- Certains (de trop nombreux) hommes veulent pouvoir mettre le pied dans la porte de la vie des femmes (le « droit d’importuner »… sinon, comment feraient-ils pour draguer ?), qu’elles soient à disposition à tout moment et surtout qu’elles ne le prennent pas mal, hein. Si, à la limite, je peux concevoir que l’on puisse aborder quelqu’un·e dans la rue, ou par SMS si on n’a le numéro de la personne, mais là, le type s’introduit chez elle, c’est carrément creepy et invasif. Elle ne se sent plus en sécurité chez elle ! S’il a eu l’audace de passer sa main par la fenêtre pour y déposer son petit mot, pourquoi n’aurait-il pas celle d’y entrer tout entier ? Et surtout, je ne conçois pas que l’on puisse insister dès lors que la personne a répondu, soit par le dédain (silence), soit par un non (là, on a les deux). Le « droit d’importuner » c’est faire comme si les hommes étaient transis d’amour et sans autre moyen d’attirer l’attention des femmes. Comme si le droit des hommes à « simplement » demander aux femmes si elles sont intéressées à établir un lien avec un inconnu donnait aux femmes le droit de dire « simplement » non et que ce soit respecté… (non)
- Ces hommes n’entendent pas le « non »,
ils ne l’acceptent pas. Dire non une fois, ça ne suffit pas. Elle doit aller le
lui dire chez lui, en argumentant avec véhémence pour qu’il l’entende enfin.
Parce que « qui ne dit mot consent », « quand une femme dit non
ça veut dire oui ». Notre culture regorge d’exemples (films, livres,
séries…) où le héros obtient le cœur de la belle à force d’insister, à l’usure.
Les femmes ne savent pas ce qu’elles veulent, n’est-ce pas ? Comme s’il en
découlait que ce sont les hommes qui savent ce que veulent les femmes… (non)
- L’appel au silence, c’est le premier
réflexe, qu’elle a elle, mais également son entourage. Tais-toi pour : 1) « ne
pas entretenir le truc », c’est-à-dire que le simple fait qu’elle réponde
non pourrait être une porte ouverte à ce type ; 2) parce que c’est « rien »,
ça ne mérite pas que tu y répondes, il faut dire que ça arrive tellement
souvent dans la vie des femmes, c’est d’une banalité ; 3) parce que c’est
peut-être dangereux. Tais-toi. Comme si ne rien dire allait être clairement
interprété comme un non par cet individu… (non) Comme si ce n’était « rien »
qu’un homme vous pourchasse de son assiduité, jusque dans votre intimité… (non)
- Barricade-toi ! Sous couvert de
vouloir notre bien, ce type d’injonction c’est du terrorisme pur. Cache-toi, ne
te fais pas remarquer… C’est faire vivre les femmes dans la crainte, comme si « faire
attention » nous évitait les emmerdes… (non)
- C’est aussi inverser la charge de la
culpabilité : tu as des emmerdes parce que tu les cherches. Et dans la
même phrase, on te dit « c’est un pauvre type » ! On reconnait
donc la responsabilité du gars, mais comme on n’y peut rien (les hommes sont
comme ça), c’est aux femmes de se cacher, de « faire attention ». Le
mot du gars est éloquent sur ce point : « à cause de toi, je n’ai pas
dormi de la nuit ». Comme si le simple fait d’exister faisait de nous des
tentatrices, contorsion morale bien pratique pour ne pas admettre que nous
sommes des proies… (non)
- En plus, pour lui proposer quoi ??
Sa bite. Il faut qu’ils puissent mettre leur bite là où ils veulent. Sa bite « bien
chaude et endurante » là… Non, mais c’est censé la faire rêver voyez-vous.
Ils ne se connaissent pas, ne se sont jamais parlé, et il est directement
question de sa bite. Quand on voit comme l’intimité féminine est taboutée à
longueur de temps, de pub, de films, de réseaux sociaux, ça laisse sans voix.
Comme si le sexe masculin avait cette aura naturelle de gloire et de
sensualité, respectable et désirable… (non)
Bref : les femmes ne sont en sécurité
nulle part, ces hommes ont les coudées franches pour prendre la place qu’ils
veulent et n’entendent pas ce qu’on leur dit. Les femmes n’ont pas de volonté
propre et respectable. Elles sont les objets de leur désir, des petits pantins
sots et malléables. C’est putainement violent. Victoria Jadot doit aller lui
mettre la misère chez lui, comme il l’a fait chez elle, et lui faire la morale,
l’éduquer, pour qu’il capte enfin et présente ses excuses. Comment ces types
peuvent-ils imaginer qu’on allait être charmées par leur arrogance ? Comme
si on allait tomber raides dingues de types qui nous ont effrayées, lassées,
saoulées… (non)
Le féminisme ne se donne pas pour objectif de mettre le nez des mecs dans leur merde, il veut pointer les tropes, clichés, a priori qui font système dans notre culture, et qui enferment les femmes, au propre comme au figuré, dans le désir des hommes. Le féminisme est une pédagogie. Il montre, il démontre. Il essaie de se faire comprendre, il tente de convaincre. Convaincre les femmes, bien sûr, mais surtout convaincre les hommes. Leur faire ouvrir les yeux face aux évidences. C'est refuser l’inacceptable, débusquer la violence, hurler les non-dits, corriger la fausseté du discours dominant. Parler, c'est politique. On a le droit d'importuner le patriarcat, et si on ne l'a pas on le prend. Prendre la parole, c'est exister.
La meilleur défense c'est l'attaque, non? Ou mieux encore, l'effet miroirs/moraliste, la ça fait mal. En somme il reste à "l'éducation" (non phallocrate) de poursuivre son oeuvre, et je crains que quelques générations devront encore lui succéder pour obtenir son aboutissement.
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