Johnny Boy / Chacun.e garde une certaine liberté sexuelle...
Je n’ai pas eu beaucoup de
contacts avec la vie sexuelle de Johnny Boy, à part celle que j’avais avec lui,
je veux dire. J’aurais aimé pouvoir voir, connaître, estimer l’importance que
cela avait pour lui mais ça n’a pas été possible. La seule chose que me donnait
à voir Johnny Boy, c’est la vie qu’il avait avec moi. Il faisait toujours comme
si les autres n’existaient pas. C’était faux pour elles : elles comptaient
bien sûr ; et c’était faux pour moi : il n’y avait pas que moi qui
comptait.
* les prénoms ont été astucieusement changés. Pour donner un petit air Choderlos de Laclos à tout ça, j'ai attribué aux dames des avatars de reines et de princesses, des princes pour les gars - des vrais cette fois.
II. Chacun·e
garde une certaine liberté sexuelle
Elisabeth II le jour de son couronnement, le 2 juin 1953 |
- c’est pas trop souvent : le turn
over entre partenaires non-safe,
c’est un cauchemar au carré pour moi.
- on se protège : capote, capote,
capote, toujours, toujours, toujours.
- les choses sont dites : je sais, il
sait, nos partenaires savent exactement de quoi il retourne.
Oh, t’as vu, ce sont les trois règles que
j’ai imposées à Johnny Boy ?! Lui il était pour la liberté moi pour les
limites. Et on a fait que ça pendant un an et demi : lui prendre des
libertés et moi poser des limites. Il a noué une poignée (une poignée c’est 5)
de relations plus ou moins abouties et suivies, dans des conditions qui sont
l’exact contraire du safe (bourré en soirée 4 fois sur les 5), en m’en
parlant fort tard (des semaines, des jours) et en étant trop parcimonieux sur
les détails qui auraient éventuellement pu me mettre en confiance. Au bout d’un
moment, il devenait clair que ma sexualité n’avait rien à faire avec la sienne.
***
LES QUESTIONS QUE JE ME TU TE
POSES
Le sexe c’était bien avec Johnny
Boy ?
On
s’est bricolé quelques moments de transcendance, oui… Johnny Boy est très
sexuel, très sensuel et c’est un assez bon amant mais je ne me suis pas
toujours sentie en parfaite sécurité et ça s’est dégradé avec le temps. Au tout
début, j’ai eu beaucoup de mal avec son regard qui me trouvait peu conforme à
l’idée qu’il se faisait des femmes, notamment sur ma politique du poil et des vêtements. Ensuite c’est lui qui a eu
des petites faiblesses qui le mettaient mal à l’aise : quand il a bu il bande
mou, comme tout le monde sauf qu’il boit assez souvent. Je me suis promis de ne
plus jamais dire le mot « impuissance » à un homme à moins que je ne
veuille spécifiquement lui faire du mal. Après j’ai trouvé que je manquais
cruellement d’amour buccal (alors que lui n’en manquait pas) et ensuite que ses
cunnis étaient nuls, je ne m’endors pas d’habitude. Il faut bien comprendre que
je récupère ma sexualité après 2 ans d’abstinence, c’est plus tout à fait comme avant, c’est un champion qu’il
me fallait mais je l’ai pas trouvé déso. Sinon on baise bien, oui, et je me
masturbe beaucoup aussi, j’ai un nombre assez incroyable d’orgasmes cette
année-là, 4 à 5 par jour certaines périodes. J’adore sa bite, figure-toi, je la
cajole bien mais à un moment je m’en veux de donner autant alors que je ne
reçois pas ce qu’il me faut en retour : ça manque de caresses, de
tendresse, de baisers, de câlins. J’ai tout le temps envie de ses bras mais je
ne suis jamais dedans. Vers la fin de notre relation, ça va se compliquer encore :
je ne peux pas vraiment refuser une baise, c’est lui qui compte quand on peut
baiser sans capote alors qu’il n’y a clairement que moi qui fais ça. Ce gars
qui ne parle qu’à demi des relations qu’il a par ailleurs exige que mon système
de calcul soit uniformément appliqué et que j’arrête de
« pinailler ». Ce sont des atteintes gravissimes à mon intégrité
physique : je devrais toujours pouvoir dire « non ». D’autant
que quand on baise trois fois par jour une semaine de suite, je fatigue, je
mouille moins, je fais des copeaux et je prends beaucoup moins de plaisir. Mes
rythmes ne sont pas respectés. Je flippe toujours sur mes papillomavirus, et
ça, ça me nique le mojo. Bref, j’ai eu de la misère à me sentir belle, bonne et
aimée et je ne crois pas que Johnny Boy l’ait capté deux secondes. J’ai exprimé
ces ressentis moult fois, ça l’a étonné à chaque fois. Tout ça faisait beaucoup
d’obstacles à une sexualité libre, sereine et transparente.
***
Luise von Baden - Franz Xaver Winterhalter (1856) |
À peu près en même temps que moi, il
rencontre Éliane, mais préfère ne pas m’en parler. Je me souviens bien des
interférences que ça a provoqué (c’est une blague… je note certaines choses,
c’est tout) : il devient un peu plus distant et il écarte les weekends pour se
voir, mais mon embrouillomètre ne bronche pas. Il m’en parle trois semaines
plus tard, en janvier 2017, parce que ça devient compliqué sans m’en
parler : il doit la voir le lendemain mais il préfère passer la nuit avec
moi, il ne peut mentir qu’à une seule d’entre nous… Note qu’il ne me le dit pas
comme ça, il commence plutôt par m’en parler à demi-mot : il fréquente une
autre fille. Bon. Je comprends rétrospectivement qu’il m’a embrouillée mais je
le pardonne dans la foulée : n’importe quel bobard peut être réparé par
l’énonciation de la vérité qu’il cachait, j’aime en être la preuve. C’est là
qu’il fait une double très grossière erreur : il l’appelle pour
décommander sa journée avec elle sous mes petits yeux et lui profère des gros
bobards devant mes petites oreilles. Il lui ment et il fait ça devant moi.
J’impactais pas encore vraiment que ça voulait dire qu’il ne lui avait pas
parlé de moi, tout comme il ne m’avait pas parlé d’elle. Je pensais pas que
c’était possible parce que c’était tout à fait le contraire du deal qu’on
avait. Il a le droit de pécho et ce n’est pas un problème pour moi qu’il le
fasse, par contre il a très peu de choses à en dire, il ne partage rien de ce
qu’il vit avec elle. Ça me frustre mais je ne vais pas non plus lui tirer les
vers du nez. J’ai la confirmation qu’il merdoie par pusillanimité dans les semaines
suivantes, quand il me dissuade de me rendre à une soirée où elle se trouve :
il a l’intention d’avoir une discussion avec elle, lui dire qu’elle ne doit pas
s’attacher etc. ça me perturbe chouïa
chouïa parce qu’il me le dit souvent à moi aussi. Je l’invite à s’incliner
face à la seule réponse qui vaille : la vérité, tu penses bien, s’il ne
l’a pas encore fait. Il a dû finir par le faire parce qu’elle l’a largué le
jour suivant. Là, j’ai compris que Johnny Boy mentait pour garder ses
conquêtes, cette femme aurait refusé de sortir avec lui en sachant qu’elle n’était
pas la seule. Je me suis dit que c’était en cernant les problèmes qu’il
finirait par les éviter, alors on a continué à aller plus avant (c’est un
euphémisme pour dire se faire confiance).
*
Joséphine Éléonore Marie Pauline de Gallard de Brassac de Béarn, Princesse de Broglie - Jean Auguste Dominique Ingres (1853) |
(Ici, il va rendre visite à son ex. Il est
sorti un moment avec Naomi juste avant moi et l'a quittée parce qu’elle
développait une maladie mentale. Enfin quand je dis quitter… il exprimait
régulièrement la culpabilité de ne pas avoir fait les choses correctement et c’était
un peu embêtant (c’est un euphémisme pour dire qu’il devait aller discuter dans
sa voiture pour que je ne capte pas la conversation) pour lui parce qu’elle
attendait toujours des explications. Je trouvais ça moyen qu’il la traite comme
ça et j’ai trouvé normal qu’il aille la voir. Johnny Boy a un problème avec le
téléphone, il n’arrive pas à dire la vérité dedans. J’aurais rien trouvé à
redire qu’il fasse mieux, qu’il la garde, qu’il la traite bien ou qu’il couche
avec mais il m’a juré rien de tout ça. Quand il est revenu c’était fini.)
*
Portrait de Joachim Napoléon Murat, roi de Naples et des deux Siciles - Baron François- Pascal- Simon Gérard (XIXe) |
(3/3/17, 23:06)
… donc du coup
demain tu peux m’aider à déménager… !!! J’ai les pieds palmés à cause de
ta fille ! Et elle m’interdit de draguer ouais super
(23:48)
Ouaip :) Tu as appelé Ma Chérie, donc tu sais où
je me trouve ! Pourquoi les pieds palmés ?? Et comment ça elle
t’interdit de draguer ???
(4/3/17, 0:04)
Ah non je pige, tu es avec elle :) mais je pige
pas pour les pieds palmés
Ta fille me
marchait sur les pieds toute la soirée ! Blague
(… ici un échange
sur la gestion du sommeil de ma fille maintenant couchée…)
(0:34)
Ok à demain alors ?
(0:54)
Tu dors ?
(0:55)
Non…
(1:04)
Mais tu peux pas
répondre… ?! Pas de soucis. Bisous. Tu viens quand tu veux sachant que
l’on est bon pour le déménagement.
*
Portrait of Princess Zinaida Nikolaevna Yusupova - Konstantin Makovsky |
*
Portrait du roi Georges III en habits de couronnement - Allan Ramsay (1775) |
*
Portrait d'Isabel II - Atelier de Federico de Madrazo (XIXe) |
*
Portrait de la princesse Louise-Hippolyte de Monaco - Jean-Baptiste van Loo (1712) |
*
Prince Philip Emmanuel de Savoie - Juan Pantoja de la Cruz (1604) |
*
Princesse Henri-Amédée de Broglie - Carolus Duran (1881) |
***
LES QUESTIONS QUE JE ME TU TE
POSES
Johnny Boy m’a tout l’air d’être
menteur, lâche, excessivement centré sur lui-même et presqu’idiot, qu’est-ce
que j’ai fait avec ?
Très
bonne question, en même temps, c’est un homme, il faut relativiser, il
peut pas être aussi bien qu’une meuf.
Sans
rire, ce n’est pas la faute de Johnny Boy, c’est la mienne ; c’est une
question d’habituation, de répétition et de fragilité personnelle.
Ma
fragilité perso, c’est de vouloir être aimée par un homme sauf que mon esprit
associe irrémédiablement un homme à sa bite (qui est à la fois son cœur et son
cerveau). J’en parlerais à mon frère qui m’a abusée et à mes parents qui l’ont
laissé faire si vous voulez ? Toujours est-il que je suis quasiment
certaine que je laisse aux mecs leur liberté sexuelle et que je pardonne leurs
écarts pour pas qu’ils me quittent, pour leur faire plaisir. Ça marche pas.
Et
ça se répète parce que c’est ma boucle à moi. Je me suis à peu près
systématiquement retrouvée avec des hommes qui ne me respectaient pas,
sexuellement notamment. Avec Johnny Boy, j’ai essayé de réparer ça, parce que
je l’avais vaguement repérée, cette répétition. Je me suis dit que cette fois,
il y aurait des règles, que j’aurais des limites. On a joué à cloche-pied
par-dessus pendant deux ans.
Parce
qu’on s’habitue, hein. Il n’a pas joué les gros cons tout de suite, tu te
doutes. Il y a eu des signes immédiats de sa lâcheté et de sa propension au
mensonge mais j’ai fait comme tout le monde : je lui ai laissé une chance.
Puis deux. Puis cinq. Il a fait de menus efforts, il a parlé de « calage »,
il avait tout à apprendre. C’est en laissant faire comme ça la toute première
fois quand j’avais 11 ans que je me suis habituée à laisser faire jusqu’à
aujourd’hui. Je peux encore tomber dans le panneau mille fois si je n’arrive
pas à enrayer ce cycle de la relation violante.
***
Aujourd’hui il est - ou il n’est pas -
avec Odile. Il revoit Gamila et Rebeca « parce que c’est facile ». Il
dit que maintenant il utilise ce qu’il a appris avec moi pour driver ses
relations (la frontière entre l’humour et la malhonnêteté est franchie
plusieurs fois dans cette phrase). Ce qui me frappe aussi dans cette succession
de relations, c’est l’absence d’un truc qui devrait être partout : le
plaisir. La joie du sexe, tu sais ? Le fait de se sentir séduisant·e parce
qu’on s’est fait draguer, qu’on commence une nouvelle relation, de parler de
choses coquines, de se découvrir des appétits qu’on ne connaissait pas etc. Ça
a été totalement absent de notre expérience d’amour libre, essentiellement
parce que Johnny Boy préférait qu’on n’en parle pas.
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