Cosette #1 : entretien d'embauche (poils, compte commun et MST)

   

Le fil sur Masto, ça commence là : https://ludosphere.fr/@Volu/114482413232167637

 

 Quand je me suis réveillée ce matin, saisie par un rêve chaud (et très inapproprié), je me suis mise à beaucoup trop penser. Je me suis rendue compte que je n’avais pas vraiment parlé de moi sur le blog depuis la déconfiture Johnny Boy, alors qu’il m’est arrivé plein de trucs depuis, et des chouettes trucs en plus, comme par exemple le fait que je suis passé du gaz à l’induction en matière de cuisson et d’autres trucs plus pertinents dans le contexte qui nous intéresse là maintenant.

Il sera question de consentement au sens le plus large possible (pas seulement sexuel), de plus petit dénominateur commun (contenu garanti sans mathématiques), de dette, de bricolages affectifs et de tout le boulot que je donne à ma psy (cœur sur elle). On va parler de cul et d’amour et de comment je m’y prends pour trouver des partenaires affectifs. Une vraie usine à gaz qui commence à faire ses preuves (ou pas).

Il est 4h42, finalement je ne dors toujours pas, la rage d’écrire a pris le dessus. Du coup café au lit, fenêtre ouverte pour entendre les oiseaux se réveiller, petite laine, ordi, traitement de texte et zou. J’inaugure un nouveau format, l’article de blog qui devient un fil masto qui re-devient un article de blog (et on appellerait ça les Cosette parce qu’il parait que je fais pitié quand même). Ça va être un peu long.

 

RESPECT

Déjà avant de rencontrer Johnny Boy, je me posais beaucoup de questions sur comment on trouve un mec.  Un bon, je veux dire. Pas LE bon, UN bon. Je suis une meuf, et j’ai vécu une vie assez difficile pour pas avoir envie de doubler la mise questions emmerdes. Je suis une meuf et je vis dans un monde patriarcal où les femmes sont violées, battues, tuées par leur conjoint. Un monde qui me veut soumise et bien épilée, enceinte et sage. Bof quoi.


Source
 

Et comme j’ai du respect pour mon prochain, même si c’est un connard, je ne voudrais surtout pas imposer une meuf comme moi (pas épilée, ligaturée et bruyamment centrée) à un mec qui ne veut ni bruit ni poils dans sa vie, voyez. Ça marche dans les deux sens : lui il ne me tue pas et moi je lui impose pas mes poils, c’est win-win, l’équilibre parfait !

 

Ah merde, non, ça ne marche pas ! (source)

 

Si j’ai arrêté de m’épiler, y a 8 ans de ça, c’était pas seulement parce que ça me faisait royalement chier, pas seulement pour porter une critique sociale et politique à l’égard de la façon dont notre société traite les femmes et leur corps, mais aussi pour trier. T’aimes pas les poils ? Pauvre biquet. Décale. J’ai même pas besoin de dire « Décale », d’ailleurs, me suffit de porter un short.

 

 

J’aime pas particulièrement mes poils ; je précise. Je ne voue aucun culte à ce qui serait naturel chez les femmes (et les Humains en général), je me sens même pas mieux avec. Mais ça m’a appris beaucoup de choses sur moi et le monde de les garder. Et des fois, d’ailleurs, concernant mes jambes, je les enlève (mes poils, pas mes jambes) quand un rituel social l’exige un peu plus que d’habitude et si ça fit avec mon mood (genre un mariage en robe ou un passage en piscine). En 10 ans, j’ai dû m’épiler 3 fois. Bref, je ferme la parenthèse sur les poils, parce qu’on n’avance pas là.

 

LIBERTÉ

Bref, je respecte mon prochain, mais surtout je me respecte moi. Les loooongues périodes d’abstinence et de célibat (j’en parle ici : Abstinence) tout à fait volontaires que j’ai traversées m’ont enseigné une chose : la liberté. Avoir tout son temps, tout l’espace dans le lit, tout le silence et tous les gâteaux du placard rien que pour soi, difficile de revenir en arrière.

 

 

Cette liberté, par ailleurs, je souhaite l’accorder à l’autre, dans l’idée, déjà, du respect de l’intégrité de l’autre et aussi, idée plus intéressée, qu’un mec libre c’est aussi un mec qui me lâche la grappe. Y a rien qui m’effraie plus qu’être le centre du monde de quelqu’un, et le mien, de centre, est déjà occupé (par moi). Quoi de plus terrifiant que la dépendance affective ? De remettre son bonheur dans les mains de quelqu’un d’autre que soi ? Honnêtement, je vois l’amour comme du bonus dans la vie. Un bonus très important, ok, mais un truc tout en haut de cette pyramide de Mazlov, là. Condition à la fois suffisante et nécessaire pour y parvenir : avoir comblé le reste de ses besoins pour ne pas vampiriser l’autre.

 C’est une question de dette et de trajectoire. Tu as une vie à mener. Fais des trucs. La vie humaine est d’une richesse folle. On peut faire un bout (même un très gros bout) de chemin ensemble, mais n’oublie pas de suivre ta trajectoire, petit corps céleste. Si tu ne la vis pas, on va s’endetter. Tu vas me reprocher de ne pas t’avoir donné tout ce que toi tu as donné (on parle souvent de réciprocité, mais en fait les gens mal pyramidés attendent de la symétrie), de t’avoir contraint, empêché. C’est vraiment comme ça que j’ai vécu mes périodes de couple : contrainte et empêchée.

 

BESOINS

Au final, maintenant, j’attends d’un homme qu’il n’ait pas besoin de moi. Je suis pas sa moitié manquante, le truc qui rend sa vie acceptable ou possible. Est-ce que ça vous choque ? Parfois, je trouve cette pensée monstrueuse, et d’autres fois, foutrement censée. Non, je ne considère pas les hommes comme un bonbon sur le côté de ma vie, que je prends quand j’ai le temps et repousse quand je ne l’ai pas. Je pense que c’est un truc beaucoup trop sérieux, avec des enjeux beaucoup trop importants, pour laisser nos peurs sacrifier nos besoins. J’ai envie que tu sois heureux. Avec et surtout sans moi.

 

 

J’ai passé 20 ans de ma vie en dépression sévère, prostrée, paralysée, tourmentée, j’ai trop de choses à faire, j’ai pas envie de passer mon temps à ramasser des chaussettes, lancer des lessives, préparer des repas, passer mes nuits à me faire rouler dessus par un mec qui ronfle et qui me dit ce que je dois faire et ne pas faire, quand je dois sortir ou rester à la maison, à qui je peux parler et à qui je ne peux pas parler. Bref : je ne veux pas vivre avec un homme.

 

 

Pourtant, pourtant… Les hommes, on ne peut pas vivre avec mais on ne peut pas vivre sans. Et il faut beaucoup les aimer. Beaucoup, sans ça, on ne peut pas les supporter (hop, j’ai la dose de poncifs et de refs). J’ai besoin d’être aimée, comme tout le monde. J’ai envie de baiser, aussi.

Alors j’ai bricolé pour répondre à cette question : comment on trouve des partenaires affectifs qui nous soient sains et pour qui l’on serait sain aussi ? Comment on aligne les planètes ? Je rentre pas dans les cases de l’amour hétéro-normatif (je suis juste hétéro quoi), je suis fatiguée des sites de rencontres, j’ai pas des masses de temps pour sortir, guincher, rencontrer, j’ai pas envie « d’essayer » des bonshommes pour voir si ça colle.

On n’a pas toustes les mêmes besoins, mais surtout pas la même histoire. L’Amoureux m’a partagé un concept quand je l’ai rencontré, qui résonne bien ici : la fabrique artisanale des conforts affectifs

 

Les conforts affectifs (en pdf)

depuis remuernotremerde.poivron.org, la Bibliothèque Hommes et Patriarcat.



L’amour, c’est pas forcément un ou une amoureuse. C’est aussi des ami·es, une famille, des partenaires (de sexe, de jeux vidéos, de ballades en montagne). De quoi tu as besoin ? En ce qui me concerne, j’ai une famille, quelques ami·es, et je dirais que j’ai besoin d’un amour et d’un amant. Soit deux personnes, mais je développerai un peu plus loin ce point.

Le couple hétéro-normatif est une cellule économique qui permet aux individus qui acceptent de s’y conformer de vivre heureux et eurent beaucoup d’enfants dans un contexte capitaliste qui rend très incertaine, matériellement, la solitude et prostitue les femmes. Déso pas déso mais c’est mon point de vue et je vis dans la certitude qu’il n’y en a pas d’autre.

 

 

Des tas de gen·tes vivent parfaitement heureu·ses là-dedans hein. Vous avez trouvé lae partenaire qui rend ce cynisme beau et vivable, bravo, mais c’est pas donné ni souhaité par tout le monde. Comment ça j’exagère ?

Faut voir comment ce monde définit et traite les putes et les gouines, les trans, les homos, les meufs qui couchent, les meufs qui couchent pas, les assexuels, les bis, les poly, celleux qui vivent avec leurs chats, celleux qui veulent pas d’enfants ; faut voir comment les incels sont violents, ce que dit la religion de l’usage de nos culs, ce que fait l’industrie du porno ; faut voir ce que ce monde fait de nos affections : il se torche avec.

Bref, je bricole dans mon coin. Ici, je parle de mes bricolages, mais surtout de cul depuis 20 ans maintenant, parce que, eh, j’aime le cul. Probablement plus que je n’aime aimer. Mais aussi bien côté cœur que côté cul (j’arrive pas à faire comme si les deux c’était la même chose, ou les deux faces d’une même pièce blablabla, meh), je trouve qu’on nous met bien des bâtons dans les roues (cf précédent paragraphe). À tel point qu’à 40 ans, y a une sacrée somme de choses que je fuis comme la peste. Les red flags, là, qui jalonnent les sentiers battus. Et donc, mes rencontres ressemblent de plus en plus à des entretiens d’embauche. Quand j’en parle à ma psy, ses yeux font des trucs (ils roulent, montent au ciel, les sourcils se froncent…).

 

 

Oh bah, moi, j’aimerais que ce soit plus simple, mais ça l’est pas, ou alors je sais pas faire, je sais pas. Parce que j’aime ma liberté et que je tiens au consentement de toutes les parties (moi, toi), c’est invariable, avant d’envisager quoi que ce soit de vraiment intime (zone que je protège beaucoup plus que mon absence de pudeur peut laisser croire), il va falloir parler de :

 

COUPLE OU PAS ?

La fameuse question « qu’est-ce que tu cherches ? », basique, tout le monde la pose j’imagine. MAIS ATTENTION, souvent l’interlocuteurice va cruellement manquer de sincérité si c’est la première question qu’on pose (il ne faut donc pas la poser en premier et donc IL FAUT la poser en premier). Et on lae comprend ! Déjà, des fois on sait pas ce qu’on cherche. C’est pas mon cas mais la plupart des gentes « essaient », on verra bien ce qui va se passer « et plus si affinités » etc. La vie c’est avant tout des rencontres, bla.

À d’autres. Déjà, si tu cherches un plan cul, c’est pas évident pour tout le monde de l’avouer au premier abord. On assiste à des circonvolutions oratoires à base de « sans prise de tête » auxquelles il est assez pénible d’assister. À l’inverse, avancer avec son romantisme fanatisé va également vous fermer quelques portes. À mon avis, c’est très bien que ces portes se ferment mais voilà, les gen.tes ont peur d’être seul·es. Cet homme, cette femme, c’est peut-être lae bon·ne ? Donc les gen·tes mentent. Ou déguisent. Ou pataugent dans le flou.

Pour moi, toutes les réponses son acceptables (sauf le romantisme fanatisé), on a le droit de pas savoir, comme on a le droit d’être très au clair, exigent·e, déterminé·e et sans compromissions. Plus la personne est capable de verbaliser (même son doute), plus je suis en confiance. La moindre disquette, discours prémâché, convention oratoire et politesse trop appuyée va allumer des voyants tout rouges.

 


Je réponds « oui » à ce sondage. Avec l’Amoureux, on se considère en couple, avec option poly. On n’a pas encore éprouvé cet aspect de notre relation néanmoins. Vous pouvez expliquer en commentaire les nuances de votre réponse, et n’hésitez pas à le faire pour chaque sondage !

 

LA VIE COMMUNE

No way ! Pas de crédit, pas de propriété, pas de compte commun, pas plus d’une paire de chaussettes dans mes tiroirs. C’est ma base. Protéger cette intimité, c’est protéger toutes les autres. La violence commence dans la vie privée, quand personne ne regarde. Mon espace personnel m’apporte de la force. Je me suis toujours déracinée, jusqu’à 30 ans, pour vivre avec mes bonshommes.

Et de tout perdre à chaque fois : appuis sociaux, meubles (et donc argent, vu le prix d’un lit ou d’une machine à laver), espace de confort personnel, énergie (c’est fatiguant de déménager, j’en ai une vingtaine à mon actif).

 

Lire en ligne Une chambre à soi de Virginia Woolf.

 

C’est aussi la racine du patriarcat : les hommes possèdent, les femmes s’installent (le sachiez-tu ? ça se voit dans nos gènes, brassés par les femmes : Comment la culture influence notre évolution biologique, par Evelyne Heyer, commencez à 10 :44 pour tomber dans le vif du sujet et tiens, y en a un peu plus je vous le mets quand même).

 


Je ne veux pas vivre chez lui, je ne veux pas qu’il vive chez moi. Oui, je sais, ce n’est « pas rationnel économiquement », désolée, tu vas perdre de l’argent en ne captant pas le mien, et aussi en te déplaçant, mais j’ai pas de meilleure option sous la main pour arriver, moi, à compenser les 20% de salaire que je perds en étant juste une meuf. Paf, des portes qui se ferment, youpi !


 

Je coche « mes enfants », j’en ai qu’une, dans 53 m², et je trouve ça parfait. J’ai testé toutes les autres configurations et les deux où ça s’est mal passé, c’était avec mon partenaire amoureux et ma famille.

 

LE SEXE

Gros, gros sujet. Tellement qu’il va falloir faire des sous-dossiers : LA FIDÉLITÉ, LA PROPHYLAXIE, LA PRATIQUE DU SEXE.

 

LA FIDÉLITÉ

Le meilleur sujet pour voir le date se barrer en quenouille. Passion me faire traiter de pute. Autant sur les autres sujets (poils, compte commun), monsieur peut atermoyer, noyer le poisson, faire des compromis, là ce n’est plus possible et les masques tombent. On n’est pas tiré d’affaire pour autant parce qu’un mec qui n’a pas l’intention d’être fidèle n’est pas forcément un mec qui ne s’attend pas à ce que vous le soyez, prudence !

On va vite évacuer la question de la « fidélité dans le mariage » : les mecs mariés c’est non. Les mecs qui veulent me marier c’est non. Voilà, ça c’est fait.

En fait, le vrai concept ici, c’est la liberté sexuelle. La fidélité, sa promesse du moins, est une assurance, une rassurance même, que prennent les gens tout à fait normaux pour préserver leur santé mentale déjà bien affaiblie par ce monde de brute. Personne n’a envie d’être abandonné·e pour un·e autre. Mais plot twist : 1) iel te quittera peut-être pas pour une autre, iel te quittera peut-être à cause de toi, c’est pire je pense pour ton égo 2) avoir une assurance bris de glace ne garantit nullement qu’on ne va pas péter tes vitres de voiture.

Source
Les promesses sont des mensonges en puissance. Tu te dis que si iel couche pas, y a un risque de moins qu’elle se trouve un·e autre Jul·iette. Tu te dis qu’une personne qui affirme haut et fort qu’iel est fidèle a moins de chance de coucher ailleurs qu’une personne un peu plus libérale sur la question. Bah c’est faux. 50% des hommes ont déjà été infidèles. 30% des femmes. Et par définition, que des gens qui se sont promis fidélité, peu ou prou.

Mon opinion : si iel baise ailleurs et qu’iel reste avec toi, la question de ce que ça implique, ce que ça dit d’iel, ce que ça dit de votre relation, mérite vraiment d’être débattue avec iel ET tout·e seul·e dans le cabinet d’un·e psychologue et pas seulement dans ton for intérieur meurtri. Pourquoi ça te meurtrit ? Pourquoi l’usage de son corps par taon partenaire te dérange tant ? Est-ce bien raisonnable tout ça ?

Je dis pas que c’est facile. J’ai coché l’option « amour libre » depuis un moment, après un passage (toxique, douloureux, dangereux, tout ce que vous voulez) par la case libertinage et échangisme, je commence à avoir des heures de vol et j’ai pas trouvé ça plus simple que le couple conventionnel qui se jure fidélité. Le problème, c’est peut-être la simplicité (le simplisme) dans laquelle pensent vivre les monos. Le polyamour et l’amour libre ont pas mal de vitesses d’avance sur un point : ils t’enlèvent la main de devant les yeux, te confrontent à tes structures émotionnelles profondes et te font sérieusement poser des questions qu’autrement tu éviterais : What if ? Et alors ? Pourquoi ?

Soyez prêts à être cocus !

Blague à part, c’est la seule attitude décente AMHA. « Mon corps mon choix », autrement, n’aurait aucun sens. Je veux pas vivre dans un monde où je dis à qui que ce soit quoi faire de son cul. Et je vis déjà dans un monde où de toute façon, ce sera être une meuf la pire configuration pour être libre : je serais une pute, pas toi. Libère-moi. Et accessoirement : le cul c’est cool. Avec un peu, beaucoup, énormément de chance, taon partenaire de toute ta vie te fera grimper aux rideaux. Mais la vérité, c’est qu’il y a plus de risque que  non, en fait.

Oh, on peut vivre avec une dose de plaisir sexuel raisonnable, voire avec pas de plaisir sexuel du tout, mais honnêtement… le cul c’est cool. Je m’en serais voulu toute ma vie de n’avoir jamais connu le face-sitting. Dieu (lol) m’a donné un clito et 1000 façons d’en jouir, qui suis-je pour ne pas en faire usage ?

 

 

Je peux continuer à couper les cheveux en 4 à l’infini sur ce sujet. Vous avez eu plusieurs partenaires sexuels, non ? Vous n’avez pas l’impression, du coup, de tromper le tout premier ? Non ? Moi non plus. Sucer c’est tromper ? Et embrasser ? Juste des sextos ? Juste des sentiments, pas de cul ? Juste de penser à un·e autre ? Tromper c’est mentir ou c’est coucher ? Où ça commence pour vous ? Chacun y va de sa petite sauce, à mon avis, ça n’a rien d’évident ou de naturel. J’ai eu 2 mecs qui considéraient que se masturber ou utiliser des sex-toys c’était déjà une forme de tromperie.

 

 

J’ai presque toujours été infidèle. Et j’ai été trompée juste un peu moins de fois. Je suis capable de l’être ! Aujourd’hui le sexe n’a plus le même caractère d’urgence qu’avant. Je suis plus raisonnable. Mais surtout, aujourd’hui, ça n’aurait plus aucun sens. Je ne mettrais pour rien au monde en péril la relation que j’ai et la porte est ouverte à d’autres formes relationnelles.

 

 

Pour ma part, je coche « mentir ». Je vais mal le vivre mais je vais m’en remettre et ça sera surtout l’occasion de dialoguer, enfin, puisque visiblement ça n’a pas été possible,  et de se demander pourquoi ça ne l’a pas été. Je suis de celleux qui préfèrent savoir et c’est une condition absolument nécessaire, rapport au chapitre suivant.

 

LA PROPHYLAXIE

Ouhla touchy. Je suis porteuse de plusieurs HPV (Human Papilloma Virus) qui ont viré au cancer il y a 10 ans. Depuis, c’est frottis, biopsies, mammographie jusqu’à la fin de ma vie à un rythme annuel. J’ai perdu un bout de mon utérus et les lésions sont toujours là : je suis donc en sursis et je suis susceptible de contaminer mes partenaires. Mais LOL énorme plot twist : les risques sont moins gros pour toi, homme (risques égaux de contracter des cancers oraux, mais bien moindre de développer des cancers génitaux), sauf contaminer des femmes à ton tour qui risquent, elles, bien gros. En général, ça jette un froid. Mais de plus en plus, je tombe sur des hommes éduqués sur la question. Le sachiez-vous ? 80% des personnes ayant une vie sexuelle active seront portereuses du HPV au cours de leur vie. Autre fun fact : les capotes, il s’en fout, le HPV.

 

 

Plus d’infos sur le HPV : https://papillomavirus.fr/

Vaccinez vos enfants, filles comme garçons !


Là encore, ma psy tique : si c’est inévitable et pas dangereux pour mes partenaires, pourquoi en parler ? C’est inutilement dégradant pour moi, non ? Et puis, ça casse l’ambiance un peu. Bah, peut-être, très probablement, non, c’est sûr, c’est ça : je supporte pas les non-dits. Je pourrais attendre pour en parler, aussi. Par exemple, attendre que le sexe soit devenue une option entre nous ? D’accord mais non : le sexe est directement une option si je cherche un partenaire sexuel hein.

Je veux bien attendre, mais à partir de combien de semaines ça devient de la trahison et une très mauvaise surprise d’annoncer ça ? Et puis de toute façon, il faudra parler de MST : je n’ai aucune envie de choper la mort, ou de la donner. Sérologie pour tout le monde ! Et capote. Pas de sexe si on ne peut pas parler de ce qu’implique le sexe.

 

 

Ici, c’est sérologies à chaque nouveau partenaire, qui sont échangées en toute transparence. Sinon, capote.

D’ailleurs, au chapitre de la prophylaxie, il y a la grossesse. Là, je la joue ingénue pendant un petit moment. Le mec qui ne me demande pas si j’ai une méthode de contraception avant de coucher avec moi ne couche pas avec moi. Pourtant, j’en ai une, redoutablement efficace : je me suis fait ligaturer les trompes, cadeau à moi-même pour mes 40 ans (en vrai, ça faisait 8 ans que j’attendais, tiens, faudrait que je vous en touche un mot un jour).

 

Source : Joan Cornella
 

Je ne veux plus d’enfant, ça fait 17 ans que je le sais. Du coup, si monsieur en veut, va y avoir un problème. Ça, ça ferait une très très grosse dette. Dans cet ordre d’idée, je ne cherche pas de partenaire qui soit trop jeune. J’ai couché avec des hommes de 10 ans mes cadets (tous BIEN majeurs, hein), pour la bagatelle pourquoi pas, pour l’amour, je ne préfère  pas. Pose-toi donc la question de savoir si tu veux des enfants ou pas avec quelqu’un qui pourra répondre oui avec toi le cas échéant.

 

LA PRATIQUE DU SEXE

Consentement, c’est mon premier et mon dernier mot. J’ai plus AUCUNE patience pour les « zones grises », « ça tue l’amour, c’est pas glamour oh non je ne bande plus ouin  tu veux peut-être que je signe un contrat ? Comment ça AVANT CHAQUE PRATIQUE ? », « elle dormait pas vraiment on sait pas, peut-être qu’ils ont l’habitude de le faire comme ça », je vais casser des trucs.

 

 

C’est typiquement le genre de choses dont on ne peut pas vraiment parler en amont et s’en contenter. AUCUN homme ne va affirmer qu’il pourrait vous violer hein. AUCUN ne va immédiatement affirmer que c’est sodomie ou ciao, et TOUS vous jurent leur grand dieu qu’ils savent ENTENDRE un non. Déjà, non. Je l’ai vérifié autant de fois que j’ai eu d’ex. Ensuite, admettons que je ne parle pas ? Je ne sais pas, j’ai bu, je dors, ce genre de trucs ? Des fois même, si tu ne me demandes pas mon avis ? Je veux dire, j’ai déjà eu un gars entre les jambes qui a purement et simplement retirer sa capote pendant l’acte, dans la paix du Christ.

 

 


Je coche "oui, je suis une violeuse". Je vais même contextualiser : je suçais mon mec quand il dormait encore. Oui il adorait ça et alors ? ça reste un viol. Et c’est une des facettes de la culture du viol : ça excite tout le monde. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de mal à le faire, quand bien même je sais que si je touchais l’Amoureux dans son sommeil « j’aurais le droit ». Vous avez autorisé le viol dans votre couple, c’est OK, mais assurez-vous d’avoir très bien délimité son rayon d’action…

Bref, c’est à l’usage qu’on va vraiment se faire une idée et malheureusement, il est parfois trop tard. Donc évidemment que j’en parle avant. Pas frontalement, sinon il se méfie, non, je lui fais parler de ses ex (sujet de choix), de ce qu’il aime dans le sexe, j’évoque des questions d’actualité, je le fais parler, on parle de capote, de porno, dès qu’il commence à s’agiter sur sa chaise j’arrête : too soon. Malheureusement, plus c’est tabou dans la tête des gens, moins ce sera clair quand on y sera. Des fois il leur faut un peu de temps. Je le leur accorde, je suis pas un monstre quand même !

J’ai été la petite chienne d’un chien de la casse, j’ai encore tendance à me conformer au désir de l’autre. Et ensuite, ça devient compliqué de faire machine arrière hein ? Pendant longtemps, j’ai tout fait pour être à la hauteur de la sexualité de mon mari. Ça « marchait » bien d’ailleurs, nous devenions, tour à tour, le tyran de l’autre, j’avais une libido hyper-active. Et puis, j’ai fini par me poser des questions quand c’est à son consentement que ça touchait (le mien je m’en balek à l’époque) : c’est là que j’ai compris la notion de « plus petit dénominateur commun ». Kézaco ?

Ça partait du sexe comme réflexion, mais ça fonctionne avec toute forme de motivation à faire des trucs ensemble quand on est avec quelqu’un·e.

 


Vous avez choisi la première réponse ? Vous êtes un·e forceureuse  et vous êtes probablement, aussi, un·e violeureuse. La deuxième n’est pas beaucoup mieux : les dynamiques à l’œuvre quand il s’agit de sexe dans un couple ne vont clairement pas dans le sens du respect de l’intégrité physique et mentale de B.

Vous avez compris : c’est le plus petit dénominateur commun qui doit être le moteur en matière de sexe. Et de relation en général. Sinon, il y en a un qui tyrannise l’autre, c’est inévitable. Hop, go chez le psy pour gérer ta frustration.

Heureusement cette tendance à suivre le désir de l’autre se dissipe chez moi avec l’âge et j’ai de plus en plus la capacité à dire « non » et de transformer un « oui » en « non » (le plus important). Mais y a pas à chipoter, faut avoir piocher le bon gars.

Et je l’ai trouvé, vous savez ? L’Amoureux, poly très  poli, m’a présenté un outil que je recommande à toustes et toustes, qui permet de s'ouvrir doucement vers le corps de l'autre. Les premières caresses ne se font pas sur les parties "sensibles" du corps, mais vous êtes libres d'en faire ce que vous voulez !

 

Le jeu des 3 minutes / La roue du consentement (pdf)

(concept de Betty Martin, plus d’infos sur Polyamour.org)

 

 

Ma vie sexuelle, traumatique, s’accommode mal du doute, de l’insécurité, de la brutalité, des nons-dits. Ça m’a fait énormément de bien qu’on se découvre comme ça.

Voilà. C’est à ce moment-là, quand tous ces sujets ont été abordés, que la relation est possible. Souvent, y a plus personne. Parfois ça a pris des jours, en ligne ou IRL, parfois ça a été une longue et passionnante conversation de 3h sur une terrasse, au soleil. S’y glissent d’autres sujets : le rapport aux addictions, la place de la famille, les traumas, la politique. Non, c’est pas « naturel », à la va-comme-je-te-pousse, « on verra bien au fil de l’eau ». Si on s’en tient au fil de l’eau, c’est bien simple, rien ne se passera jamais. Parce qu’il y a un dernier sujet important : LE TEMPS.

 

LE TEMPS

La question de la solitude n’est pas qu’une question d’espace, peuplé ou non. C’est aussi une question de temps. J’ai besoin de temps. Du temps pour moi. Et du temps, par ailleurs, j’en n’ai pas beaucoup. J’ai besoin de temps seule, énormément. Je travaille 40 heures par semaine, j’ai une enfant qui demande des soins quotidiens, il m’en reste pas beaucoup pour moi, encore moins pour toi. Je n’aime pas sortir, pas vraiment. Une boite, un bar bondé, c’est une vision de l’enfer ! Je ne sais pas où te rencontrer.

Ce n’est pas un hasard si toutes mes rencontres, ou peu s’en faut, se sont faites en ligne, pendant un temps où j’étais seule, chez moi. J’ai peu de temps, pour dire les choses comme elles sont, à consacrer à une relation. Alors à plusieurs… Avec l’Amoureux, on a un rythme qui nous convient bien : on se voit quelques jours par mois et on se parle en visio trois fois par semaine, le soir, pour jouer, mater du catch, regarder Dr Who. Il vit loin, il dépense beaucoup d’argent et d’énergie pour me voir. Aligner nos agendas n’est pas toujours facile.


Alors des fois, j’ai envie de cul. Et il n’est pas là. Et c’est là que je fais des rêves ultra-horny, où je couche avec un streamer dont je me gave de let’s play depuis quelques jours, que je me réveille moite et orgasmique, que je cogite à 4h du mat’ et que je vous ponds un fil long comme le bras. C’est dans ces moments-là que j’ai envie d’un sex-friend. Et puis, du coup, je relis mon fil et je me dis : meh.



 

 

LES LECTEURICES ONT PARTAGÉ

Merci à toustes d’avoir partagé vos propres ressources ! Il est toujours temps de le faire, sur le fil Masto ou bien en commentaire de ce post, j’ajouterais votre contribution ici si elle me plait bien !


Lu a joué à The {   } And, Couple edition de The SkinDeep. Des pistes pour communiquer « davantage et mieux, pas seulement axé cul ».

 

Caiu anime un podcast sur Castopod : C’est À tes amours, « le podcast qui propose une autre manière d’aborder les relations ! On y parle notamment d’émotions, de communication, de polyamour et d’autres formes de non-monogamie. Ce podcast s’adresse à toute personne s’interrogeant sur les relations. »

 


 

Yann Kervran a édité l’ouvrage L’Amour en Commun aux éditions Livres en Commun : « comment sortir l’amour de la sphère privative du couple et de la famille pour en faire un projet collectif ? »

 



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