Conisation


A prononcer très vite : conisation, utérus, aménorrhée, dysménorrhée, parturition, glaire cervicale, trompe de Phallope, cul-de-sac vaginal.

Bienvenue en Gynécologie.

Quand vous lirez ces lignes, je m’éveillerai doucement, telle la Belle au Bois Dormant dans son cercueil de verre sous les lèvres du Prince Charmant, avec un utérus tout neuf.

Plus concrètement, ce sera dans une clinique privée, après une anesthésie générale, une conisation à la anse thermique et une vaporisation laser dans le CSV, le tout par les voies naturelles. Le Prince Charmant n’a qu’à bien se tenir.

Ça en jette comme ça, avouez que ça donne envie d’en savoir plus.
Ma chirurgienne est un bon médecin : elle explique, elle demande si j’ai des questions et y répond. Avec le langage des médecins, bien sûr.



Je n’ai pas eu d’explication pour l’opération au laser. Il se trouve que le virus a également attaqué la paroi de mon CSV (ça me fait rire parce que même mon médecin traitant n’a pas compris cet acronyme utilisé dans le rapport de biopsie. Il s’agit du Cul-de-Sac Vaginal, la portion de vagin au-delà du col, son « bout ») mais a priori suffisamment peu pour que ce soit traité ainsi. Le verbe employé est « vaporiser ». En rassemblant mes connaissances en termes de vaporisation et de laser, connaissances issues des films de SF et de la série Urgences, j’arrive à imaginer ce que peut vouloir dire « vaporiser au laser »...




Conisation : a priori ça ressemble à con, et on a raison de le croire, mais à tort bien entendu. Ce mot ne tient pas son nom du con qu’on opère, mais du cône qu’on y pratique, pour retirer les lésions d’une part, et pour les analyser méticuleusement d’autre part.




Notez : l’opération « normalise » le col. Je ne sais pas bien quelle réalité cela recouvre. Je peux concevoir que le tissu cicatriciel ne soit pas un endroit propice au développement d’une tumeur, mais je ne dirais pas « normaliser » du coup. On m’a aussi parlé d’une sorte de choc physique produit par l’opération qui agirait comme un « bombardement » (c’est le terme employé par la gynéco, la chirurgienne et la nutritionniste qui me suit…) sur tout ce qui vit là, y compris le Gros Méchant HPV.

Je ne sais pas si ça me rassure.

Au dos de la page, allez savoir pourquoi, la chir a gribouillé le premier paragraphe : ké sténose ? Connais pas.

Ce doit être un acte prophylactique placebo, la magie des docteurs.

La préparation à l’opération, en ambulatoire, est soignée : deux douches à la Bétadine valent mieux qu'une et interdiction de marcher pieds nus, avant d’arriver à jeun.
Les suites de l’opération sont minimes, le principal risque est hémorragique, la zone est sensible de ce point de vue-là. Après, pas de bain ni d’activité sexuelle pendant un mois.




Après m’avoir expliqué un peu tout ça, la dame a fait des dessins.

Le truc qui ressemble à un rouleau de rotative, c’est mon utérus.

Le premier dessin en rouge est le plus clair : il présente les deux sortes de muqueuses qui tapissent l’utérus et le col. En rouge, la muqueuse sensée se trouver DANS l’utérus, en bleu celle qui tapisse le col donc l’EXTERIEUR de l’utérus. Le HPV a pour habitude de se loger à la jonction de ces deux muqueuses (ce que montre le deuxième dessin). OR, cette limite bouge. Elle a tendance à se rétracter avec l’âge vers l’intérieur du col (donc plus dur à aller chercher… la mienne est bien visible, à l’extérieur, comme sur le deuxième rouleau de rotative) et de manière générale, cette frontière se déplace… On en apprend des trucs hein ?

Bref, on va tailler un cône comme sur le schéma plus haut, afin de retirer les lésions. Celles-ci sont infiltrantes : c’est-à-dire qu’elles s’étendent davantage en surface que vers le fond, d’où la forme de cône. Le truc, c’est de vérifier que les lésions ne se sont pas infiltrées au-delà du plancher de la muqueuse (gribouillage du milieu), ce qui ouvre la voie au cancer. Il est donc pratiqué une biopsie attentive sur les lésions retirées.

Le schéma tout à droite présente les 3 grades de lésions possibles avant la cancérisation. Au grade « CIN 1 », on ne fait rien, les chances que les lésions se résorbent d’elles-mêmes sont encore très grandes (70%), par contre, au grade 2 ou 3, on conise.




Il me faut donc attendre, maintenant, les résultats de la biopsie, une quinzaine de jours.

A demain pour d'autres aventures qui nous apprendrons plein de trucs sur la vie !


Commentaires

  1. A bout de soufre !
    Moi, j'avais "cols honnis"... [just one click sur pseudo]

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