En mai, fais ce qu’il te plaît !




Bon, une rumeur court comme quoi il faudrait 10 ou 15 ans pour que les femmes puissent exhiber leurs mollets poilus… suis pas d’accord, il suffit de laisser pousser à partir d’hier, mardi 1er mai, et dans 6 mois les progrès seront significatifs.



Je viens de découvrir MAIPOILS, une joyeuse initiative de Paméla Dumont !

Éloïse Caron


Maipoils
L'événement du mois de mai

Pendant un mois, soit l’entièreté de mai, femmes comme hommes sont invités à tenter de donner une place à celui qu’on éradique sans cesse et toujours plus : Le Poil. C'est une invitation à ranger les pires tentations : les rasoirs, la cire, les bandes et l’arrache-poil électrique et à se laisser retrouver un épiderme au naturel pour voir si la beauté peut en émaner. Pour ceux et celles qui ne voudront pas y participer via leur corps par choix ou encore par impossibilité (éradication permanente des poils par le passé), vous êtes bien sûr invités à prendre part à la discussion. On veut mettre des mots sur le caché, l’intime, l’horrible, l’ostracisé ou le doux. Le mois de mai a été choisi avec soin, car le printemps laisse tranquillement place à la saison chaude et on commence à se dénuder et… un des premiers réflexes de plusieurs est de passer la lame sur cette peau qui a hiberné des regards et des jugements depuis déjà plusieurs mois. Le poil, peu importe comment vous le portez dans votre estime, a certainement une place dans votre vie et Maipoils veut tout simplement nous permettre de la questionner et d’en ressortir plus heureux que ce soit dans l’élimination ou non.



Eva
Madonna
Griezelkraetze

Petit rappel : les hommes n’ont à supporter aucune injonction quant à leurs poils. Ils n’ont, de manière générale, aucune routine d’hygiène ou de cosmétique imposée qui soit douloureuse, mutilante ou chronophage, contrairement aux femmes qui sont considérées ni plus ni moins comme des consommatrices à plein temps de routines d’hygiène ou de cosmétiques, parfois douloureuses et trop souvent dangereuses pour leur santé. Ce déséquilibre signe, j’en suis navrée, une violence sexiste. C’est l’avantage d’être le dominant : rien n’est imposé et tout est comme conçu pour satisfaire nos besoins. Les hommes ne s’épilent pas parce qu’ils n’en ont pas envie mais les femmes le doivent parce que les hommes aiment ça. En outre, c’est un marqueur de genre impitoyable et bien défini : hommes poilus cheveux courts, femmes glabre à cheveux longs, merci de ne pas déroger.

Ce qui pourrait retarder de 10 ou 15 ans la possibilité pour les femmes de sortir velues, c’est qu’elles attendent l’approbation générale pour le faire. 10 ou 15 ans c’est pour que les mœurs changent en France, okay, mais comment elles vont changer si on ne voit pas plus de poils féminins au quotidien ? Y a moyen que l’attente soit longue. Il est bien là le souci : c’est qu’en 2018 les femmes ne soient toujours pas maîtresses de leur corps, même pas de leurs poils.

Laura
Frida

ALORS EN MAI FAIS CE QU’IL TE PLAIT !
(Et les mois suivants aussi)




Donc le challenge du mois de mai pour les mecs, c’est de faire comme d’habitude avec vos poils par contre lâchez-nous avec les nôtres et vous les filles, dans le même temps, c’est de voir ce qui se passe quand vous laissez pousser.

Le laisser-pousser, c’est facile ! On a commencé au milieu de l’automne, quand on a rangé la dernière jupe légère pour ne plus revoir un rasoir ou un épilateur pendant des mois. C’est un peu effrayant au printemps, j’imagine que ça fait partie du dégoût ambiant de voir sa peau blanche rayée de poils drus et noirs. Mais en vrai, tes poils ne sont pas comme ça. Si tu les laisses tranquille un peu plus longtemps, ils deviennent plus fins et ils commencent à faire des bouclettes. Les poils et la peau vont blondir avec le soleil (enfin, seulement si tu leur fais voir le soleil, tu vois le truc). Au bout d’un moment, ta jambe ressemble à la jambe d’un homme, ton pubis au pubis d’un homme. Sous les bras, pareil. Est-ce que j’évoque le cas de la moustache ? Après quelques mois d’observation, tu te rends compte qu’en fait les femmes sont naturellement moins poilues que les hommes, truc de dingue, même quand tu les laisses pousser et que l’argument du « on dirait un mec », lancé comme un reproche (ouh, vilaine) c’est de la pure mauvaise foi : te laisser pousser les poils des jambes ne te fais pas pousser les poils du ventre, du torse, des oreilles, des joues, du dos, des pieds et des oreilles.

On ne va pas se le cacher : c’est incachable et votre entourage sera terrorisé par votre audace. En réalité, ça ne se remarque pas à la grande majorité du temps. Pour moi qui ne porte jamais de jupe, pas de string, rarement des hauts à bretelles, c’est assez facile. Mais il y a un nombre incalculable de choses qu’on fait dans une journée qui font voir nos poils : aller à la piscine, lever les bras, enlever son pantalon chez le médecin etc. et là les gens sont terrorisés, confus, gênés, hostiles et toi pareil au début. Et puis à un moment ça se tasse et tu t’en fous. Il faut pas 15 ans, ça j’en suis sûre. 1 an et demi je dirais.

Tu te souviens ? Quand j’ai rencontré Johnny Boy, je renâclais déjà sérieusement. Mes amants ont à peu près tous exprimé leur dégoût pour mes poils. Le gars peut carrément le vivre comme une insulte que tu lui fais ! Du coup, tu te dis que pour te sortir de ça tu vas choisir que des mecs qui n’ont pas de dégoût pour tes poils, mais comme tu n’en trouves pas, bah, tu fais encore plus simple : s’il est vraiment dégoûté, c’est lui qui ne devrait pas sortir avec une meuf qui a des poils. Bref, tu t’en fous, c’est plus simple et tu sors avec qui tu veux. Et donc c’est comme ça que j’ai rencontré Johnny Boy, un mec qui n’aime pas trop les poils. C’est de la pédagogie super subtile. C’est important que Jules soit transcendé, mais ça n’arrivera pas si toi tu ne transcendes pas ! Transcende, dépasse : RIEN À BATTRE ! Aujourd'hui, ce n'est même plus vraiment un sujet de discussion. Surtout qu'il m'arrive de m'épiler, ici ou là, à un moment ou un autre... par exemple pour les poils de mon entrejambe, je lui confie le soin de le faire, du coup ce n'est jamais fait, je suis tranquille. Et là, j'ai bien l'intention de le faire participer au #MaiPoils (bientôt !)


Arvyda
Morgan

Le POIL POWER monte en toi pile à l’instant où tu assumes tes poils, où tu les aimes, où tu les trouves légitimes de pousser là où ils poussent, tu commences à entortiller tes doigts dedans pour te détendre, tu te caresses le tibia sans y penser quand tu bouquines parce que c’est super doux figure-toi, tu envisages des façons de les lustrer, de les peigner, de les couper peut-être même ! en tout cas, ça commence à être le kiff. Tu kiffes la brise, tu kiffes la chaleur, tu kiffes le contact, tu kiffes ton poil. Tu deviens FIÈRE de ton poil. Ça te fait ricaner d’enfiler un short, tu glousses de plaisir à l’idée de concilier, ce soir, rouge à lèvre et moustache. Tu orgasmises direct quand il y en a un qui te dit que tu en as plus que lui. Tu te sens putainement disruptive et en même temps complètement adéquate.


Natural Beauty, par Ben Hopper


#BodyHairDay

#GlitterArmpits

Commentaires

  1. Je me permets de nuancer légèrement concernant les hommes et leurs poils, même si ça reste évidemment très en deçà en terme de pression sociale, mais il a, dans certains milieux professionnels, une injonction silencieuse à être rasé de près (= obligation quotidienne 5 j / 7) si l'on n'est pas barbu évidemment.

    Concernant le poil et les femmes, je peux constater au quotidien dans ma famille combien ma conjointe et mes filles sont imprégnées de l'idée que le poil, c'est vilain (sur les jambes / sous les aisselles) (pour ce qui est des zones intimes : ma femme ne fait que le maillot l'été, et mes filles, je ne sais pas).
    Quant à moi, homme pétri de valeurs patriarcales comme tu le sais, j'ai beaucoup de mal avec les poils sur les mollets alors que les poils sous les aisselles auraient tendance à m'exciter (je parle de mon regard concupiscent sur les femmes évidemment). Quand aux poils intimes, je suis plutôt partisan des extrêmes : un sexe épilé très doux ou un sexe broussailleux (j'avais une amante à la toison brune très dense, je la trouvais très belle). Pour le cunni, c'est pas très agréable quand ça pique (donc le rasage : bof). Mais c'est pareil quand j'embrasse les garçons : j'aime pas (trop) quand ça pique.
    En conclusion : j'ai mes préférences personnelles mais je fais pas chier mon/ma partenaire quand un poil me gratte. Que chacun·e fasse comme bon lui semble par rapport à ses goûts personnels, ses convictions, son environnement (nous restons un animal social : refuser de se plier à la norme majoritaire par combat féministe, c'est tout de même se rallier à une norme sociale, fut-elle minoritaire).

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  2. "Il faut être rasé de près si l'on n'est pas barbu",ça fait une pression très moyennement forte quand même.

    Il suffirait de considérer que les femmes ont le droit d'être barbues, du coup.

    Laisser pousser ses poils, je vois pas comment ça peut-être considéré comme une norme. Une norme est intrinsèquement majoritaire, sinon c'est un écart.

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  3. D'ailleurs, il n'y a pas de "norme" au sein du féminisme sur la question du poil. Ma position est plutôt considérée comme extrême même par les féministes.

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