Millénium - Les films (4)



La trilogie propose une galerie de personnages qui sont de véritables déclarations d’intentions. Une déclaration de guerre à la purge habituelle…

PERSONNAGES : Lisbeth, la femme qui n’aimait pas les hommes qui n’aimaient pas les femmes

Le héros, pour commencer, est une héroïneComme nous l’avons vu précédemment, sa relation avec le second protagoniste, Blomkvist, donne son mouvement au film.

Lisbeth est un genre de sur-femme, un peu un super-héros : elle a en quelque sorte une identité « secrète » (son père n’a pas d’existence légale et son histoire est enfouie avec soin par les services de l’Etat), un costume (Dark), des pouvoirs (elle possède une mémoire visuelle et une résistance physique hors du commun) ainsi qu’un arsenal qui lui permet de rivaliser avec ses ennemis (c’est une hackeuse). Pourtant, c’est juste une femme…

Elle est douée d’une force peu commune pour un personnage féminin, dans une fiction qui tend au réalisme. C’est un point important du message de cette histoire : les femmes possèdent aussi la force, elles peuvent répliquer. Lisbeth sait jouer sur le terrain de ses ennemis. Etre l’égale d’un homme est un impératif absolu. Le personnage a été taillé pour ce costard-là, il n’y aucune trace des éternelles « faiblesses » dont sont affublées les personnages féminins. Lisbeth est une femme c’est-à-dire que c’est un Homme. Point barre.


En fait, puisqu'elle n’est pas un super-héros (puisqu’elle est un Homme), je la considère plutôt comme une icône contre-stéréotypée, qui est le relais assez net de nombreuses revendications féministes.

- Sa gueule. Comme nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer, l’actrice Noomi Rapace a un physique qui sort de l’ordinaire olioudien. Des poils, du muscle, tout est bon ! Ses attributs (piercings, tatouage, look gothique hérissé) le caractère total de ses convictions, sa détermination inamovible et incorruptible, en font un être caricatural, stylisé… icônique.

- Sa sexualité. Au départ, on présume machinalement une love affair entre les deux protagonistes. Logique : un homme, une femme... Nous ne serons pas déçus, sauf que la princesse ne voudra pas que le prince charmant reste pour dormir et que les deux amants préfèrent communiquer via des bouteilles lancés à la mer. « Il ne faut pas tomber amoureuse… », dit-elle à sa mère en lui pardonnant d’avoir choisi un si mauvais mari. On comprend alors les réticences de Lisbeth pour « s’engager » comme on dit. Or, nous savons Lisbeth convaincue de l’intégrité de cet homme depuis le début… Seulement voilà, vilain habitué des fins Disney, il ne suffit pas que cet homme et cette femme et paf, il se passe quelque chose d’incroyablement merveilleux. Y a du background dans chaque humain. De la méfiance qui s’est installée. Des rails dont on n’est pas près de descendre. Bref, Lisbeth, elle couche avec qui elle veut, quand elle veut, et on ne la verra pas bouger d’un poil au cours de la saga.

- Sa constance.Souvent femme varie… j’en sais rien, mais pas Lisbeth. Droite sans ses bottes de A à Z, elle ne fléchit pas sous le coup du sort, ne dévie pas sa trajectoire au moindre rebondissement. Les personnages principaux, de tous sexes, ont tendance à évoluer, un minimum, et c’est souvent le sujet du film. On verra Lisbeth, à la rigueur, s’ouvrir un peu, mais elle restera Lisbeth. On sent bien que Larsson voulait en faire un personnage récurent en créant un personnage déjà incarné, constant et entier, portant en lui sa mission.

- Les conséquences du viol. Tous les poncifs que vous trouverez dans cette triste liste sont minutieusement démontés. Immédiatement après le viol, le personnage de Lisbeth rebondit incroyablement : nous sommes à la moitié du film, sa vengeance est immédiate (elle attache le violeur nu, un gode dans le cul devant la vidéo de 2 heures qu’elle a prise lors du viol, avant de lui tatouer sur le ventre « je suis un porc sadique et un violeur »), ne se demande toujours pas si elle va prendre le métro ou non, couche avec Blomkvist et accepte de l’aider dans son enquête sur Ariette, la nièce disparue. Dans un premier temps, elle ne porte pas plainte et obtient la coopération de son violeur en le faisant chanter par le biais de la vidéo qu’elle a prise lors du viol, retournant le crime contre celui qui l’a commis. Il sera toutefois reconnu coupable (post mortem) lors du procès de Lisbeth pour triple meurtre.



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