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Le viol au cinéma...


LA STRUCTURE : LA JUSTICE FAITE AUX FEMMES

Le tissu de la saga présente une solidité certaine, les intrigues parallèles sont multiples pour apporter toujours plus d’eau au moulin de Larsson.

Le premier film atteint son premier pivot puis son second lorsque le nouveau tuteur de Lisbeth lui extorque des faveurs sexuelles en sus de son salaire, puis la viole. Ces courtes scènes sont le noyau dur de l’histoire de Lisbeth. L’action ne se concentre jamais longtemps sur elle, mais nous suivons le fil rouge de la saga. Le reste du temps, nous suivons les aventures de Blomkvist. Je remarque d’ailleurs que pour ce premier opus, les synopsis donnés par la plupart des sites de cinéma centrent l’histoire sur lui.

L’égalité du temps de présence à l’écran des deux protagonistes donne des signaux supplémentaires sur les intentions de leur créateur. En matière de parité et de refus des clichés, Stieg Larsson fait feu de tout bois. 


Un partenariat féminin / masculin équilibré. Ils ne sont pas vraiment les partenaires l’un de l’autre dans leurs enquêtes et à défaut d’âmes-sœurs, on pourrait plutôt parler d’anges gardiens lointains réciproques. Lisbeth enquête sur lui, puis c’est à son tour à lui de s’intéresser à elle. Blomkvist lui demande de l’aide et elle décide de lui rendre service. Elle l’innocente et dans le même mouvement rentre en possession d’une maison aux Bahamas. Puis c’est au tour de Blomkvist de lui filer un coup de main quand elle est accusée de meurtre. Il mène ses enquêtes au grand jour, elle depuis l’ombre. C’est un homme qui lutte contre les violences faites aux femmes, et c’est une femme qui lutte contre de telles violences portées contre elle. Puis Lisbeth apportera une nouvelle victoire à la cause des femmes grâce à Blomkvist qui va l’aider. Il lui présente sa sœur et fait la connaissance de ses amis. J’arrête là : tu as compris. Réciprocité.

Des enquêtes sur les violences faites aux femmes. Toutes les violences possibles et imaginables sont évoquées : les violences conjugales (la mère), le viol (Lisbeth), le harcèlement sexuel et moral (Lisbeth), la traite des femmes (les prostituées)… mais aussi les victimes de désaxés (les femmes suppliciées par le serial-killer). C’est toujours le goût de la justice et de la vérité qui meut nos protagonistes, assez rarement de la vengeance, même si leur mépris pour ces hommes violents est constamment exprimé.

Le portrait d’un patriarcat encore protégé. L’histoire de Lisbeth nous mène dans les hautes sphères de l’état, des sphères tellement perchées que tout le monde peut aisément en feindre l’inexistence. Le patriarcat est un vieil état d’esprit, vieux, et chevrotant, que se partagent les puissants. Il les protège des représailles et des rumeurs. Mais c’est finalement une femme juge qui rétablira l’innocence de Lisbeth. Là où les lois existent, la justice PEUT se mettre en marche (bien sûr en y mettant toute votre énergie).


Une certaine idée de la justice. Elle est décrite par le journaliste Stieg Larsson comme une autorité animée par des humains, parfois des consciencieux, parfois des lâches. Ça la rend un peu hasardeuse. La justice et ses lois, heureusement, ne travaille pas seule. Dans cette série cinématographique, elle a des auxiliaires qui se nomment médias et sécurité. A travers le journal Millénium, toute l’équipe fait œuvre de justice en révélant ce qui voulait rester caché. Les éléments rassemblés par les journalistes sont d’ailleurs utilisés par la police. Blomkvist enquête comme enquêterait un flic ou un juge. Quant à Lisbeth, elle est passée maître dans la mise à sac des ordinateurs d’autrui. Les médias sont un vecteur déterminant de la propagation de la vérité, et chaque citoyen peut en faire son devoir. Il y a d’autres sortes d’enquêteurs, outre la police, la justice et les journalistes : il y a les détectives privés (ce qu’est Lisbeth) et les personnes qui se chargent de « sécurité » individuelle (la boîte qui l’emploie). Tout ça n’est pas vraiment fait pour fonctionner ensemble, et ça frictionne plutôt aux points de contact, mais les choses parviennent à franchir les murs successifs de silence, d’inertie, d’aveuglement.

Comme nous l’avons vu dans notre premier article, le titre du film, le nom du journal, nous indique qu’il s’assigne cette même mission : avertir et révéler. Nous sommes en présence d’activisme !



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