Comment je suis devenue un homme
C’est
lent, comme processus, insidieux. Complexe aussi. J'ai fait ce que j'ai pu pour
être claire, concise et ordonnée tout au long de ce post. j'ai bien senti que
j'ai failli. je peux pas mieux, au risque de foutre encore plus le bordel.
Parce que l'édification de la libido d'un individu, d'une individue, même,
c'est 'achement inconscient, tabou, intime, inconnue.
Au
début tu ne doutes pas que tu vas en pâtir, vu que ça te fait jouir, je veux
dire. Et vu que ça t’ouvre l’appétit, que tu grossis, que tu ris, et tout.
Ça a commencé en me rendant compte que j’étais une fille. Une jolie fille, même,
vue de loin, et qu’une fille, ça a un corps de fille.
Avec
une paire de fesses, une paire de seins, une paire d’yeux avec de grands cils,
la peau douce, les cheveux qui brillent, la bouche qui sourit (à l’occasion).
Et
un vagin.
Non,
pour commencer, un clito. J’ai eu un clito avant d’avoir un vagin.
C’était
nul un vagin. Rien que le nom : vagin. Vache qui vagit, ça fait. Alors que
clitoris, ça fait comme une déesse de bonne humeur : Clio rit, c’est mieux
quand même. Et le diminutif, un bruit de serrure qui vient de trouver sa clé :
clito. Vraiment cool.
Des
cheveux, ça se peigne, un rhume, ça se soigne, et un clito, ça s’astique, c’est
tout, c’est comme ça, c’est du bon sens. Dès que j’ai compris ce que ça voulait
dire, je n’ai plus failli à mon devoir. Les chercheurs vous le diront : prendre
soin de sa libido, c’est prendre soin de sa santé et de son apparence, pour une
foultitude de raisons ! Ça détend, ça fait dépenser de l’énergie, ça donne
faim, ça fait travailler le cœur, les muscles, le cerveau, tout, ça vous libère
des ptites hormones qui vous rendent bien joyeux, ça renforce votre système
immunitaire, ça rend la peau douce (si !), ça donne une bonne image de soi donc
davantage de confiance, et fatalement, ça vous amène à vous bichonner avec
enthousiasme. Que du bon, dans le cochon, on ne le dira jamais assez.
Mais
c’est quoi, finalement, une libido équilibrée (notez bien les questions, j'y
reviendrais)?
La
possibilité de la satisfaire chaque jour ? A chaque fois qu’on en a envie ? Et
avec des degré de qualité dans cette satisfaction ? Ça dépend du partenaire, de
soi, de la situation ? Est-ce que ça compte l’amour dedans ? Et l’astiquage
comme unique sexualité, c’est de la sexualité ? Est-ce une question d’hygiène,
de plaisir, d’ « ordre des choses » ? Est-ce un plus, un bonus, une nécessité,
un truc facultatif ?
Quand
j’ai eu répondu une première fois (je me suis donné du mal), un bon moment
avant d’avoir découvert ce fameux clito, y a eu une dernière question : suis-je
normale ?
Dans
l’ordre, ça devait faire : oh non, quand même pas ! ; ben non, même ça c’est
pas possible, la question du partenaire est trop décisive ; bof ; du
partenaire, vous dis-je ; y a que ça qui comptent, même ; ben non, y a ptêt un
problème là ; c’est l’ordre des choses surtout parce que c’est inenvisageable
de ne pas y passer quand tu n’aimes rien de plus que les garçons : autant que
ça se passe bien… ; une nécessité qui devient éventuellement bonus si tu « aime
ça ».
J’étais
très normale, finalement, jeune pucelle. Un peu craintive, mais curieuse tout
de même.
Et
puis les expériences font que… ça se passe moyen, bien, puis mal, et puis trop
bien, et puis vous ne savez pas, c’est bizarre. Déjà, le message envoyé par la
société là-dessus est ambigu. Visiblement, l’apparence compte beaucoup, et ça
consiste globalement, pour une fille, à être grande, fine, avec des gros seins,
et à vivre à demi nue en permanence. J’en étais loin, rien que montrer mes
bras, c’était dur. Je n’étais que fine, moi. Et la libido, ça va avec l’image
que l’on a de son corps. Alors quand j’ai commencé à avoir une sexualité, je me
suis rendue compte que j’étais pas si tant faite pour ça… Celles qui veulent
maigrir y parviennent parfois beaucoup trop bien. Moi j’ai voulu grossir, nada.
Au niveau cul, par conséquent, c’était très mitigé dans ma tête, et donc
fatalement dans les faits : c’est vite devenu le cadet de mes soucis.
Un
dernier coup de foudre a bien failli me faire changer d’avis, et puis
finalement, ce fut pire : j’ai découvert mon clito. On pouvait donc se passer
des mecs. C’était admettre que c’était une question d’hygiène, et donc un
besoin vital. Même moi j’en avais besoin, envie même ! Parce que le clito,
c’est trop bon, voila.
J’ai
tout bazardé, et j’ai décidé de regarder les filles. Là encore, les expériences
font que… ou pas. C’était bien, mais pas suffisant : j’voulais d’l’amour, avec
un gars, comment le dire autrement ? Ce que n’aura jamais une fille, c’est des
grands bras poilus, d’une part, et une bite, bien entendu. C’est trop doux une
fille, et parfois trop désintéressée.
J’avais
deux réponses renouvelées : la branlette, ça suffit pas, non, et d’l’amour, il
m’en faut.
Y’avait
quand même le problème de la bite et c’est pas un demi problème, quand même.
J’aime les gars, leurs corps, pas de soupçons là-dessus, mais en revanche, à ce
moment là de l’histoire de ma sexualité, la bite, je comprends pas. A quoi ça
sert, et pourquoi elle se comporte comme ça. Ça les rend cons, elle ne pense
qu’à elle, et elle est proprement inefficace. Je vais donc trouver des
stratégies pour qu’au moins, ça se passe bien avec elle, et au plus, que j’y
trouve mon compte. Dans les faits, c’est une grande attention portée aux
préliminaires. Au fil du temps, j’en viens à me dire que c’est pas si mal
finalement, mais il manque toujours… ce ptit truc… qui m’empêche purement et
simplement de m’ennuyer.
Et
c’est là, mesdames et messieurs, que j’ai découvert mon vagin. Forcément, ça
correspond à un changement de partenaire. Et d’environnement aussi. Radical, le
changement.
C’est
trop bien, finalement, un vagin : ça complète le clito, ou l’inverse, je ne
sais pas. En tout cas, l’un sans l’autre, c’est moins la fête qu’avec. Le clito
tout seul, c’est triste, en fait, ou alors vraiment quand on a rien d’autre. Et
le vagin tout seul : y a toujours la possibilité que ce soit mieux, faudrait
être bête de se priver.
De
fil en aiguille, je suis devenue accro. Accro de chez accro. Je suis devenue
une machine qu’il faut entretenir chaque jour, voire plusieurs fois par jour,
une machine épuisante, bref, un homme. Me voila dans vos baskets. Je vous ai
compris.
C’est
tellement bon que c’est plus qu’un plaisir facilement octroyable, plus qu’une
agréable habitude : ça devient un besoin et comme tu ne conçois pas qu’on
puisse te laisser mourir, un dû. Le problème est là : ce n’est pas facilement
octroyable. Un homme, ça fatigue, ça fait de grosses journées, ça a des soucis,
et comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire : l’homme étant un nerf qui va de
la tête à la bite avec des bras de chaque côté, quand la tête va mal, la bite
suit le mouvement.
Je
suis donc dépendante, avec ce gros risque qu’est le manque. J’ai pas de bite,
mais c’est tout comme, je ne suis plus qu’un long nerf, et il n’est même pas
certain qu’il passe par la case cerveau avant d’irriguer mon bas-ventre.
Et
je sais plus ce que je sais, non plus, je sais plus comment répondre à toutes
les questions que ce coin de ma vie me fait me poser régulièrement. Je sais que
ce que j'ai su, en fait, je croyais juste le savoir. Si je devais tout de même
répondre, ça ferait, toujours dans l'ordre : nan, je crois pas ; non plus : ce
n'est pas la fréquence qui déterminera l'équilibre de la libido, mais plutôt la
qualité.... après en avoir autant qu'on veux, c'est un plus.... quant à n'en
avoir pas du tout en revanche... ça doit jouer, dans l'équilibre... ; des
degrés de qualité, oui, me semble ; de soi, du partenaire et de la situation
tout en même temps ; oui et non.... faire l'amour à l'homme qu'on aime, c'est
quand même le top... mais faire l'amour parce qu'on aime faire l'amour, c'est
le top aussi ; je dirais que l'astiquage, c'est le degré zéro, l'autosexualité,
celle qui n'envisage pas de partenaire... triste ; d'hygiène, de plaisir et
d'ordre des choses, tout en même temps ; un bonus pas facultatif du tout.
Alors
finalement... vu la variété de réponses qu'une seule personne peut apporter en
si peu de temps... je vais continuer de me les poser, mais éviter d'y répondre.
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