Jeanne d’Arc (3) : … et devinez comment ça finit ?
Jeanne d'arc (1) : ça commence mal... - (2)... puis ça tape dur...
Les visions de Jeanne d'Arc |
Les conditions du jugement de Jeanne, et son exécution, à Rouen, sont quelques peu influencées par le contexte politique...
Les minutes de son procès constituent la principale source (la plus fiable) des historiens. Par conséquent, nous n’avons de réponse qu’aux questions qui lui sont posées…
Jeanne d'Arc prisonnière - Pierre-Henri Revoil (1819) |
Jeanne sera accusée et jugée sans défenseur. Elle sera maintenue dans une prison civile alors qu’elle est jugée par l’Inquisition. Elle ne sera pas soumise à la question, c’est-à-dire torturée, ce qui contrevient au bon déroulement d’un procès en hérésie… Mais ses accusateurs sont bien embêtés. Ils reprennent une enquête minutieuse sur elle, vérifient à nouveau sa virginité, font des pieds et des mains, mais ne trouvent pas de quoi l’accuser sérieusement. C’est une bonne fille, bien pieuse, bien bonne.
Les juges ont été amenés là sous la contrainte (menacés d’être livrés aux Anglais) et finalement, 70 chefs d’accusation seront trouvés à son encontre.
L'évêque Pierre Cauchon et Jeanne d'Arc |
Elle est accusée, entre autres, d’avoir quitté sa famille sans avoir l’autorisation de ses parents, de porter des vêtements d’homme, d’être une menteuse, une apostate et une blasphématrice, errante en la foi, soupçonnée d’hérésie et d’entendre faussement des voix qui sont forcément l’œuvre du diable. Le procès se déroule en français, mais les greffiers le consignent en latin.
On demande alors à Jeanne de se rétracter, de renoncer à ses errances et de signer un papier qui en atteste, sans quoi elle sera brûlée vive (on lui en offre d’ailleurs un simulacre pour l’en convaincre). Jeanne signera d’une croix, alors qu’elle sait écrire son nom.
Jeanne d'Arc en prison
Eugène Thirion
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Elle reviendra sur cette signature quelques jours plus tard. Elle sera retrouvée, dans sa cellule et dans des conditions bien obscures, à nouveau habillée en homme et jurant entendre bel et bien la voix des deux saintes Catherine et Marguerite. Jugée relapse, elle est promise au bûcher en 1431.
Son exécution est assez étrange : elle est brûlée voilée, perchée à 3 mètres de hauteur, ce qui prêtera le flanc à tous les soupçons : et si ce n’était pas Jeanne ? D’ailleurs, une certaine autre Jeanne, dans les années qui suivent cette exécution, et reconnue (mais il n’est pas possible d’en être sûr) par ses frères et les habitants d’Orléans, va faire parler d’elle.
Jeanne d'Arc sur le bûcher - Hermann Stilke (1803–1860)
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Pourtant, tout est fait pour qu’il ne reste rien de rien de Jeanne : trois crémations seront effectuées. La première voit mourir Jeanne par suffocation. La seconde consume les organes, la dernière ne laisse que des cendres et morceaux qui seront jetés dans la Seine, afin qu’on n’en fasse point de reliques...
Bien plus tard, Charles VII demandera (en fait à la demande de la mère de Jeanne) une nouvelle enquête, qui débuteraen 1456 et conclura à sa réhabilitation et la hissera au rang de martyr. Elle poursuit ensuite son petit chemin de croix, béatifiée en 1909, puis canonisée en 1920.
Bon.
Pourquoi je vous parle d’elle ? Jeanne a probablement été manipulée de son vivant, et plus encore après sa mort. Son image s’est prêtée à toutes sortes de propagandes, et chacun a tiré sa couverture à soi. Royaliste ardente , fervente indécrottable, elle méprisait les femmes comme n’importe qu’elle homme à l’époque. A une certaine Catherine qui prétendait mener le combat avec elle, elle lui conseille de retourner à son mari, faire son ménage et nourrir ses enfants. Le simple fait qu’elle ait été sanctifiée me suffit pour émettre toutes sortes de doutes… C’est enfin un soldat. Une sacrée déclinaison patriote de la femme patriarcale.
Donc je vous en parle parce que je l'aime bien Jeanne, allez, parce que Voltaire l’a détestée, par exemple. Parce que c'était une femme aussi, simplement, une femme qui prouve qu'une femme inculte vaut bien une assemblée d’hommes batailleurs. Qu’il n’y a pas de limites à la volonté féminine. Ne dit-on pas : ce que femme veut, Dieu le veut ?
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