Contraception (2)












Vous intervenez en 2

C'est-à-dire que papa et maman ne font pas de câlin.

L’idée d’abstinence est perçue négativement par la plupart des individus. On l’imagine réservée aux groupes humains « asexués » : prêtres, femmes non mariées de certaines confessions, seniors, phobiques du sexe et traumatisés. D’ailleurs, aucun personnage, femme ou homme, ne se vante de l’utiliser, sur notre affiche. Soit disant, c’est moyenâgeux, inefficace, et pas sérieux.

C’est vrai, alors, pourquoi est-ce autant utilisé ? Nous la pratiquons tous, n’est-ce pas ?

Officiellement, l’abstinence stricte, absence de rapports sexuels sur une longue période, concerne 25% des femmes, et 15% des hommes à en croire mon Larousse du sexe, qui précise que parmi ces derniers, 26% n’y voient pas d’inconvénients. Il n’y a pas de pourcentages pour les femmes.

La méthode Ogino, dite des températures, est basée sur l’abstinence temporaire au cours des périodes de fertilité de la femme, qui observe, déduit (et se trompe). Sa fiabilité lui vaut d’être plutôt qualifiée de méthode d’espacement des naissances.

Nos chères grandes religions se fondent toutes sur l’abstinence sexuelle, complaisamment à l’égard des hommes, et impérativement à l’égard des femmes, en dehors du mariage. Abstinence masturbatoire et puisque je pinaille, j’estime aussi que la monogamie sexuelle (pour ne parler que de diversité des partenaires) est une demi-abstinence. La femme est encore une fois seule garante de ce qui se passe en elle et de ce qu’elle doit faire (ou empêcher l’homme de faire, ah ah). Sachant qu’une large majorité des femmes dans le monde sont encore incapable de nommer les différents points de leur anatomie intime, je rigole doublement. Le plus paradoxal, parce que ça ne cadre pas avec les buts recherchés par ailleurs (filiation, contrôle des naissances, et peut-être même santé publique…), c’est la complaisance de la justice, un peu partout, à l’égard des violeurs. En fait, il y a très peu de garde-fou sociaux aux assauts masculins et la sécurité des femmes n'est surtout pas garantie.

L’abstinence « quand elle est bien utilisée », est la méthode la plus sûre, logiquement, mais en réalité, ça reste une vue de l’esprit. Elle est certes accoudée à la même table que la politesse et le savoir-vivre, par exemple, après tout, dans l’absolu, on s’abstient tous les jours. Il faut toutefois lui reconnaître le gros défaut de prendre tout le monde pour un con, si elle n’est pas correctement utilisée, comme dans la plupart de ses usages aujourd’hui (mariage, monogamie religieuse, rôle de la jalousie), elle part d’un pré-requis de tolérance, de connaissance et de communication qui ne sont que rarement là. Elle autorise l’établissement de rapports de force entre les humains qui ne sont pas souhaitables. En clair, l'abstinence n'est appelée que pour y contraindre l'autre, favorablement la femme.

Vous intervenez en 3

Vous prenez soin que vos gamètes, monsieur, ne se répandent dans la cavité vaginale de madame.

Et attention, c’est retors, certaines études affirment que les spermatozoïdes peuvent vivre jusqu’à 6 jours dans l’appareil génital de maman (ce qui plombe Ogino). Vous utilisez donc un préservatif, ou alors vous pratiquez le coïtus interruptus (ou « étreinte réservée »), ou encore, plus rare, vous avez choisi la vasectomie. Le premier cas est clairement évoqué par le premier homme de l’affiche, mais par aucune femme, apparemment (peut-être celle sans ordonnance...). Personne ne se réclame de la seconde, tandis que le deuxième homme a opté pour la troisième solution.

Le préservatif est avant tout masculin, mais je ne sais pas combien en ont dans leur sac à main (levez la main). Ils sont payants et non remboursés. Aucun effet secondaire, si vous êtes allergique au latex, il en existe sans. Ils parent à toutes les situations, contraception, prophylaxie. Pour la réussite de la démarche, il doit être porté dans tous les cas : que le phallus soit introduit dans le vagin, dans le rectum, dans la bouche et je ne sais où encore !

Le coïtus interruptus est une forme de refus « de bonne volonté » de la capote ou de l’abstinence. Un genre d’alternative, qui naît (et qui flatte) d’un fantasme tout masculin de contrôle de sa propre semence, et qui doit également être considéré comme un système d’espacement des naissances, et pas comme une contraception.

La vasectomie est la section chirurgicale du canal déférent afin qu’il ne conduise plus le sperme vers l’urètre. Elle est vue par les hommes, majoritairement, comme une mutilation. Sa pratique est toutefois en augmentation constante depuis qu’elle a acquis un cadre légal, en 2001. C’est un acte aléatoirement réversible : le canal peut être reconstitué par une nouvelle chirurgie, avec des résultats qui ne sont pas garantis.
 
Son équivalent féminin, la ligature des trompes, est beaucoup plus invasive : elle est pratiquée sous anesthésie générale et nécessite d’accéder par 3 petits trous à vos trompes de Fallope, madame. Aujourd'hui, en France, elle est également irréversible.


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