Nymphomane


NYMPHOMANE
(Du grec nymphae : nymphe et mania : folie)

[Note De La Volu : ajoutons ici qu’on m’a appris que nymphea signifiait « jeune fille », et que c’est également le nom que l’on donne à nos petites lèvres, zone érogène s’il en est.]

La nymphomanie est un appétit sexuel féminin insatiable. On la nommait aussi « andromanie », « arrhénothigmophilie », « clitoromanie » coïtomimia, « fureur utérine », libido insatiata, « lagnopérissie », « paeunomanie », « hyperphilie ».

La nymphomanie a ses mythes : nombreuses sont les sirènes, les nixes, les lorelei qui attirent les malheureux voyageurs pour les faire disparaître. Les femmes qui en sont atteintes ne peuvent se détacher de cette idée, devenant esclave de leur désir. Hélas, ce désir est condamné à demeurer inassouvi : les nymphomanes sont souvent frigides. La volupté, l’orgasme est toujours en attente et les coïts répétés avec plusieurs partenaires, la masturbation frénétique n’y peuvent rien. La pulsion, elle, subsiste et les nymphomanes sont alors prêtes à tout : scandale sur la voie publique, déchéances diverses.


Illustration de Georges Bess,
extraite de Aphrodite, chef d’œuvre érotique
de Pierre Louÿs

Ce que confirme le Petit Larousse de la sexualité : depuis le Moyen Âge nous avons heureusement évolué dans notre perception de la sexualité féminine (masculine, je ne sais pas !), les femmes ont le droit d’être nymphomanes pour d’autres raisons qu’une emprise du diable sur l’utérus (qui a donné le mot hystérie, symptôme premier de la nymphomane moyenâgeuse). L’ouvrage cite : l’hypersexualité, la frigidité, la conduite addictive, le trouble identitaire sexuel et les contextes psychiatriques particuliers… sans omettre d’évoquer que la nymphomanie puisse être, plutôt qu’une pathologie, un simple écart par rapport à la norme, très mal perçu, ce qui fait du sexe un aspect particulièrement complexe et franchement ingérable de nos vies, tant il dépend des réactions de l’autre, des autres, de tout le monde. Une affaire personnelle, le sexe ? Mon Q !

De nos jours, on considère plus sérieusement qu’il s’agit d’un trouble psychologique, qui résulterait de l’inassouvissement du désir sexuel, quel que soit le nombre de rapports sexuels, parfois très élevé (5 à 10 fois par jour).Cette insatisfaction, qui génère un comportement souvent moqué, traduit une grande souffrance, un sentiment d’incapacité et d’échec, parfois de la honte et un déficit d’estime de soi, qui apparaissent en totale contradiction avec les provocations sexuelles apparentes. 


L’hypersexualité Définie comme la recherche continue et persistante du plaisir sexuel, la notion d’hypersexualité remplace désormais les anciens concepts de nymphomanie et de satyriasis.Elle se caractérise elle aussi par une obsession vis-à-vis du sexe, que celle-ci soit ou non l’effet d’une libido particulièrement forte. La libido étant inégalement partagée entre les êtres humains, hommes ou femmes, il est très difficile de définir une norme. Certains se satisfont d’un rapport sexuel épisodique, d’autres ressentent le besoin d’un coït quotidien, voire plus, avec un ou plusieurs partenaires. Actuellement, on parle d’hypersexualité lorsque les conséquences du comportement sexuel deviennent inacceptables sur le plan relationnel et social. 


Trouble psychologique ou écart de la norme ?S’il faut considérer avec sérieux le « trouble nymphomaniaque », il est difficile d’ignorer les représentations sociales que suscite un comportement sexuel débridé.Le fait qu’une femme ait un grand nombre de partenaires sexuels suffit-il à constituer un « trouble » ? La qualification de « trouble » est-elle la version moderne de la condamnation morale ? Ne peut-on considérer qu’il s’agit d’un état de rupture avec la norme sociale, ne concernant en premier lieu que les femmes ? On ne pourra cependant éliminer la composante pathologique de la nymphomanie que si l’intéressée trouve là sa satisfaction et son bonheur.

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