Fiat Lux
Sur l’écran de Graindorge, en allumant l’ordi ce matin, il
y avait ça.
Je vous laisse prendre l’ampleur de notre désaccord. Il a
tendance à croire que je cherche de nouveaux maris pas trop chiants. J’ai
tendance à penser qu’il cherche un mouchoir jetable.
Je bondis à chaque ligne bien sûr, mais
nous ne devons pas nous disputer. Alors je mets ça là, parce que ça fait
largement partie du débat. Je lui ai juste demandé d’éclaircir quelques
points et d’expliquer son titre, l’impression d’être dans l’ombre ? Il
répète souvent qu’il ne veut pas avoir à hurler avec la meute (il parle de vous
messieurs). Il confirme.
Fiat Lux
Je
ne suis pas qu’un libidineux concupiscent, mais aussi un être de sentiments… si,
si.
D’où
cette petite mise au point. Quand Volu s’est réveillée, faisant trembler la
terre autour d’elle, tel le Bouffe-Monde affamé, je me suis dit qu’il ne
fallait pas prendre la bête à rebrousse-poil, d’autant que je suis toujours
plus prompt à enrichir notre vie, qu’à l’appauvrir.
Je
me suis moi aussi mis en quête d’une maîtresse, entendant bien que je ne couperais
pas à la réalisation des envies explosives de Volu. J’ai combattu avec mes
armes tant devant les femmes que j’ai été chercher, que devant ma petite
ogresse. Mais il paraît que je m’y prends mal…
Mais
voilà, qu’ai-je à donner, en ce moment tourmenté pour moi ? D’abord, et
c’est le cadre étouffant, à la base de tout ça, mon métier m’oppresse (inutile
de développer) au point de m’éteindre régulièrement. Ensuite Volu s’allume
d’autant plus que je m’éteins.
Nous
voici donc en envies contraires, quand je veux du calme et un foyer douillet
(même une tanière, avec maman ours, juste protégée des vents m’irait, je crois
que ce n’est pas pour rien que je vis au milieu des bois), elle veut de la
luxure, de l’ivresse.
J’ai
protesté assez vite, en fait, d’abord parce que j’aurais voulu être de son
projet et en prendre les volutes exquises, mais aussi et surtout parce que
c’était nous mettre en danger que de me pousser tant dans un chemin que je
refusais alors.
La
même chose dite autrement, car il semble que j’ai du mal à être clair dans mes
attentes : je ne voulais pas que nous devenions un couple aussi libre
aussi vite (voir en séparé des amants, de manière régulière), le libertinage,
rare et conjoint, me satisfaisant pleinement, et je suis incapable d’y passer
l’investissement nécessaire ; le cul ne peut pas être ma priorité du
moment. Et c’est lui qui a pris l’essentiel de la place dans nos débats de
couple.
Peut-être
qu’il faut que je creuse la notion de partage, ici, tout comme celle des voies
divergentes que finissent par prendre, au moins dans leur sexualité, les
couples qui ne marchent pas au même rythme.
Le
partage d’abord, notion primordiale pour moi, surtout dans ce domaine… Volu est
belle quand elle baise, et quand elle ne m’emmène pas, je n’en profite
pas ! Egoïste ? Sans doute, mais c’est avec elle que je nourris ma
sexualité ! Et je préfèrerais que ça demeure ainsi.
Diverger :
comment le contraire serait-il possible, si de son côté elle profite de son
modjo, alors que moi je bouffe mes emmerdes à longueur de journée ?
Ses
envies brutes, vous l’aviez compris, étaient de vivre librement ses pulsions,
sans restrictions particulières, autres que celles qu’elle voudrait s’imposer.
Donc rencontrer en duo, sans moi, plusieurs hommes, de manière récurrente, sans
savoir me dire combien, ni sur quelle durée ! Car de toute façon elle est en
fait un principe : son cul ne m’appartient pas.
Forcément,
quand on libertine et qu’on refuse ça, on se pose des questions : la jalousie ?
La domination ? La peur d’être quitté ? Aujourd’hui, je ne sais dire
qu’une chose : que ma femme puisse décider de vivre sa sexualité à côté de
moi, de façon complètement libre, alors que ça me blesse, me pose un problème
d’éthique du couple, dès lors que
nous avions décidé d’emprunter en commun les voies du libertinage.
Et
puis y’a les autres ! Ces hommes, qui pour certains, sont gênés par ma
présence, surtout pour une première, qui pour d’autres me méprisent (quel homme
intelligent et respectueux aurait emmené sa femme au libertinage ?) et ne
sont même pas polis au téléphone (si, si je vous assure) quand c’est moi qui décroche, ceux qui ne
voudraient pas que je louche sur leur femme. Finalement n’auraient-ils pas le
même souci que moi à partager, en pire ?
Voilà
pourquoi nous cherchons un couple à rencontrer de manière séparée, ou une
femme, pour moi, histoire de me rendre plus ouvert aux plaisirs qu’irait
chercher Volu.
J’en
profite pour préciser encore : je ne souhaite pas accumuler les rencontres,
ni rencontrer de personnes qui les accumulent, je souhaite favoriser les
sentiments doux de la relation en duo, les envies de se revoir. Et en plus je
veux qu’elle me plaise vraiment, le cul pour le cul, y’a bien d’autres moyens.
La
restriction du nombre va peut-être en heurter quelques-uns, mais j’assume,
considérant que si l’on peut aimer plusieurs personnes à la fois, on finit par
ne plus être entier et disponible quand le nombre augmente. C’est au moins
comme ça que je fonctionne, et en plus dans une vie de famille, ça peut vite
faire des vagues. Et qu’on ne me dise pas qu’une relation suivie n’engendre pas
de sentiments !!! Pourquoi irions-nous sinon ? Inutile de chercher
d’autres raisons, dès qu’on veut de la complicité, on veut des sentiments, même
ténus. Que les dupes lèvent la main…
Une
dernière question (plusieurs en fait), mais je vous laisse y répondre : comment
maintenir vivante la relation de couple quand la vie quotidienne vire au noir
(je parle d’implication humaine, et pas de présence physique, sinon ça
s’appelle le divorce) ? Si vouloir rencontrer sans l’autre, c’est juste
une façon de dire (de façon courtoise) : Chéri t’es gentil, mais en ce moment, tu me fais pas vraiment chaud aux
tripes, je vais aller respirer l’air ailleurs, et m’exalter sans toi,
n’est-ce pas fuir à grandes enjambées la vie, son couple, ses obligations ?
Et, pour ceux qui sont concernés, pourquoi rencontrez-vous sans vos moitiés ?
Pourquoi l’exiger de l’autre, avec tous les arrangements que chacun trouve pour
que le couple n’explose pas ? Pourquoi ne pas sursoir, ou décider quelle
partie de nos corps ne mènera pas nos vies ?
Pour
moi ce n’est pas de la morale, mais ma conception de la relation de couple.
Bon
si après tout ça il reste des candidat(es), faites signe !
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