Le Fou ou Mat

Le Fou, première ou dernière
arcane majeure, Tarot Oswald Wirth.

Quand je veux vraiment bien enfoncer le clou (et parce que j’adore les images, hérétique que je suis), je sors une lame de mon jeu de tarot. Ça me gaverais de faire plus compliqué, mais je précise que ceux qui font ça dans les règles de l’art en tirent au moins 4, 5, 6…

Graindorge au tirage, après une longue discussion sur l’opportunité de prendre la carte qui se caractérise, dressée au-dessus les autres, en se présentant sur un pli des draps sur lequel j’ai étalé les cartes, pour décider de ne pas la prendre. C’est sa façon de se foutre de ma gueule, et de se donner une contenance, pris en flagrant délit d’action irrationnelle. Je précise qu'au cours de mois précédent, j'ai tiré L'Etoile, puis la Papesse, qui, j'imagine, auraient pu m'inciter à quelques prudences.


Le Mat, le Fou, la seule carte qui n’a pas d’ordre, celle qui a donné naissance au Joker ou à l’Excuse de nos jeux actuels, et qui vaut n’importe quelle autre carte : « Tous les chemins sont les miens ».


On a bien ri.

Extrait de cet affreux ouvrage que je répugne à utiliser...

« Le Fou représente les erreurs de jugement ou même le dérèglement mental. Comme il ne faut jamais prendre le sens du tarot à la lettre, nous dirons que la présence de cette lame est la preuve que quelqu’un manque de bon sens, de clarté d’esprit et de circonspection. Cet individu ne s’aperçoit pas des dangers qui le guettent, pas plus desinimitiés qu’il suscite. Il cherche à se faire remarquer par des mérites frivoles et il est attiré par des futilités. 
Celui qui est représenté par cette lame doit s’attendre à devoir s’atteler à de nouvelles tâches difficiles et dont le succès n’est pas garanti. Sa responsabilité n’est d’ailleurs pas entière, car il a toujours des difficultés à être bien ancré dans le réel. Nous avons affaire à quelqu’un de chimérique et instable dans ses points de vue. Il prend ses originalitéspour des indices de forte personnalité. Au moins – c’est là son mérite – est-il authentique. 

 Il n’a pas la moindre velléité de s’imposer des disciplines de toute sorte afin de devenir ce qu’il ne peut pas être.
Le conseil que doit donner le cartomancien dans ce cas – du moins pour l’entourage de l’intéressé – consiste non pas à tenter une modification du caractère, mais à exercer une sorte de tutelle permanente afin de limiter les égarements. 
De toute façon le pronostic est fâcheux en ce qui concerne une réussite, même modeste. 
Le Fou est un compagnon pittoresque qui peut être généreux, mais il est fantasque et démesuré en tout. 

(Le Tarot Bohémien, Jean de Bréville, éditions de Bressac)



J’ai grassé et souligné les meilleurs morceaux, bien sûr.

Il s’agit de mon exact portrait, et le lourd poids des soucis de Graindorge. Le fou est avant tout un paria. Ça a fait du bien d’en rire.

Mais trêve de plaisanteries. Une référence dans le domaine, c'est Jodorowski.

Le Fou, tarot Jodorowsky et Camoin

Si vous aimez vraiment cet auteur, vous devez savoir qu’Alejandro Jodorowsky est un illuminé bien connu des milieux odorisés. Il a produit sa propre interprétation du Savon de Marseille (euh…), que je vous livre pour cette carte (morceaux choisis, j’aime les happy ends où je ne me traite pas de merde. Par exemple il serait dommage de finir comme ça).

« Cette carte donne une impression d’énergie, on y voit un personnage marcher résolument. Où va-t-il ? Droit devant lui ? C’est possible mais on pourrait également imaginer qu’il tourne en cercles autour de son bâton, sans fin. Le Mat n’a, en lui-même, aucune préférence. Le Mat fait figure d’éternel voyageur qui chemine dans le monde, sans appartenance ni nationalité. Ou encore, au sens réducteur que beaucoup de commentateurs lui ont donné, un fou qui marche sans finalité vers sa destruction. Le Mat nous révèle que la capacité d’agir s’acquiert aussi par la traversée initiatique de la folie et de la mort. 

Cesse d’être ton propre témoin, cesse de t’observer, sois acteur à l’état pur, une entité en action. Unis-toi à l’océan de l’inconscient. »

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