Vassilissa la très belle


L’histoire de Vassilissa possède les contours typiques du conte initiatique. Il est long, riche et aussi ardu qu’on le voudra bien. Il en existe évidemment diverses versions, divers auteurs, mais le premier à le recenser est le russe Alexandre Afanassiev à la fin du XIXème siècle, dans son ouvrage Contes Populaires Russes. L’histoire y est illustrée par Ivan Bilibin, images qui devraient vous rappeler quelques souvenirs…

Je vous invite à vous plonger dans ce conte, l’interprétation d’Estès est excellente, mais s'achève avec le retour de Vassilissa à la maison, pour ma part je vais vous proposer aujourd'hui une version trouvée ici, une version "longue", qui se termine par le mariage de Vassilissa, avant de vous inviter à en méditer le sens...

Bonne lecture


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Vassilissa la-très-belle


     Il était une fois un marchand. En douze ans de mariage, il n'eut qu'une fille, Vassilissa la-très-belle. Sa femme mourut alors que la petite avait huit ans. Sentant approcher sa fin, la mère l'appela, prit une petite poupée cachée sous sa couverture et dit à Vassilissa : 
     - Écoute mes dernières paroles, obéis à mes dernières volontés. Je te donne cette poupée avec ma bénédiction maternelle ; garde-la, ne la montre à personne. Si quelque mal t'advient, offre à manger à ta poupée et demande-lui conseil. Elle t'aidera dans le malheur.
   La femme du marchand embrassa sa fille et mourut. Le veuf se désola comme il convient, puis songea à se remarier. C'était un homme bon, et il ne manquait pas de prétendantes, mais il choisit une femme plus très jeune, veuve comme lui, avec deux filles de l'âge de la sienne : une bonne ménagère, s'est-il dit, et mère de famille avisée. Il l'épousa donc, mais il se trompa : sa femme n'était pas une bonne mère pour sa Vassilissa. La marâtre et ses filles étaient jalouses de la beauté de Vassilissa. Elles la tourmentaient, l'accablaient de besogne , pour que le vent et le soleil la fassent noircir, que le travail la fasse dépérir. 
     Mais Vassilissa supportait tout sans se plaindre et devenait chaque jour plus belle, chaque jour plus blanche et rose, alors que la marâtre et ses filles qui ne bougeaient pas, ne faisaient rien de leurs dix doigts, maigrissaient de dépit et jaunissaient d'envie. 
     Elles ne savaient pas que sa poupée aidait Vassilissa. Sans elle, la fillette n'aurait pas pu accomplir tout ce travail. Le soir, quand tout le monde s'endormait, la jeune fille s'enfermait dans son appentis, servait à manger à sa poupée et lui racontait ses malheurs : 
     - Petite poupée, mange et écoute mes peines ! Triste est la maison de mon père, la méchante marâtre veut ma perte. Dis-moi, qu'est-ce que je dois faire ? 
     La poupée mangeait, puis elle consolait Vassilissa, la conseillait et, au matin, faisait tout le travail à sa place. Vassilissa se repose à la fraîcheur, cueille des fleurs et, pendant ce temps, le potager est sarclé,  l'eau puisée, les choux arrosés, le feu allumé. La poupée lui indiquait même une herbe contre le bronzage. Et la jeune fille choyait sa poupée, lui gardait les meilleurs morceaux. 
      Vassilissa grandit et devint une fille à marier. Tous les garçons de la ville demandent la main de Vassilissa, et personne ne regarde les filles de la marâtre. Alors la marâtre se met à haïr Vassilissa encore plus fort et répond aux prétendants : 
     - Je ne marierai pas la fille cadette avant les aînées ! 
     Et après le départ des garçons, elle bat Vassilissa pour se venger. 
     Un jour le marchand dut partir en voyage pour longtemps. La marâtre s'en alla habiter une maison à l'orée de la forêt. Dans cette forêt vivait Baba-Yaga, la vieille sorcière. Elle ne laissait personne approcher de sa maison et croquait les gens comme des poulets. Pour se débarrasser de Vassilissa, sa marâtre l'envoyait tout le temps dans la forêt - cherche ceci, apporte cela. Mais la jeune fille revenait saine et sauve, sa poupée la guidait, l'éloignait de la maison de Baba-Yaga. 
     L'automne vint. Durant les longues soirées les filles travaillaient : l'une à faire de la dentelle, l'autre à tricoter des bas et Vassilissa à filer le lin. La marâtre leur donna leur tâche pour la nuit et se coucha, ne laissant qu'une chandelle allumée pour les travailleuses. L'une de ses filles fit mine de moucher la chandelle avec une pince et l'éteignit, comme sa mère lui avait ordonné. 
     - Quel malheur ! L'ouvrage n'est pas terminé et il n'y a pas de feu dans la maison. Il faut aller demander du feu à Baba-Yaga ! Qui va y aller ? 
     - Pas moi, - dit la dentellière. - Avec mes épingles, j'y vois clair ! 
     - Ni moi, - dit la tricoteuse. - Mes aiguilles brillent, j'y vois bien. 
     Et toutes les deux s'en prirent à Vassilissa : 
     - C'est à toi d'aller chercher du feu chez Baba-Yaga ! 
     Et elles la poussèrent hors de la pièce. Vassilissa courut à son appentis, servit le souper à la poupée, lui dit en pleurant : 
     - Petite poupée, mange et écoute ma peine ! On me dit d'aller chez Baba-Yaga. Elle va me dévorer ! 
     - Ne crains rien, - lui répondit la poupée. - Prends-moi avec toi et va tranquillement où l'on t'envoie. Tant que je suis là, rien ne peut t'arriver. 
      Vassilissa mit sa poupée dans sa poche, se signa  et s'en alla dans la forêt obscure. Elle cheminait depuis quelque temps en tremblant quand un cavalier la dépassa : tout blanc, de blanc vêtu et monté sur un cheval blanc, harnaché de blanc. Aussitôt le ciel devint plus clair. Elle poursuivit son chemin et vit un autre cavalier : tout rouge, vêtu de rouge et monté sur un cheval rouge, harnaché de rouge. Et le soleil se leva. 
     Ce n'est qu'au soir tombant que Vassilissa atteignit la clairière où vivait Baba-Yaga. La clôture de sa maison était faite d'ossements, des crânes avec des yeux ornaient cette clôture, comme montants de portail des jambes humaines, pour loquets des bras avec des mains, et en guise de cadenas une bouche avec des dents pointues. 
     La pauvre jeune fille trembla comme une feuille en voyant ça, quand un cavalier arriva : tout noir, de noir vêtu et monté sur un cheval noir harnaché de noir. Aussitôt la nuit tomba et  les yeux des crânes s'allumèrent, si bien qu'on y voyait comme en plein jour. Vassilissa aurait bien voulu se sauver, mais la peur la clouait sur place. 
     Tout à coup il se fit grand bruit dans la forêt : les branches craquaient, les feuilles crissaient. Et déboucha dans la clairière Baba-Yaga, vieille sorcière. Elle voyage dans un mortier, le pousse du pilon, efface sa trace du balai. Le mortier s'arrêta devant le portail, Baba-Yaga huma l'air et s'écria : 
     - Ça sent la chair russe par ici ! Qui est-ce ?! 
     Toute tremblante, Vassilissa s'approcha en saluant bas : 
     - C'est moi, grand-mère. Les filles de ma marâtre m'ont envoyée chez toi, te demander du feu. 
     - C'est bon, je les connais, - dit Baba-Yaga.- Tu vas rester ici et me servir. Si le travail est bien fait, je te donnerai du feu, autrement, je te mangerai ! 
     Baba-Yaga se tourna vers le portail et cria : 
     - Déverrouillez-vous, cadenas résistants ! Large portail, ouvre-toi ! 
     Le portail s'ouvrit et Baba-Yaga roula dans la cour en sifflotant. Vassilissa la suivit. Et le portail se referma. 
     Une fois dans la maison, Baba-Yaga s'affala sur un banc et ordonna à Vassilissa : 
     - Sers-moi à manger tout ce qui est au four ! Et dépêche-toi, j'ai faim ! 
     Vassilissa se mit à la servir. Pâtés et rôtis, tartes et tourtes, jambons et soupes. Elle tira du cellier hydromel et eau-de-vie, bières et vins - de quoi boire et manger pour dix ! Baba-Yaga mangea et but le tout ; elle ne laissa pour Vassilissa qu'un quignon de pain, un peu de soupe et un bout de cochon rôti. Puis elle dit : 
     - Demain, après mon départ, tu balayeras la cour, nettoieras la maison, prépareras le dîner, rangeras le linge. Après ça, tu prendras dans la huche un boisseau de blé que tu vas trier grain par grain. Et tâche que tout soit bien fait, sinon je te mange ! 
     Elle se coucha et se mit à ronfler. Vassilissa mit devant sa poupée les restes du souper de Baba-Yaga et lui dit en pleurant : 
     - Petite poupée, mange et écoute ma peine ! Si je ne fais pas tout ce travail, Baba-Yaga va me manger ! 
     - Ne crains rien, Vassilissa, - lui répondit la poupée. - Va dormir tranquille, le matin est plus sage que le soir ! 
      Vassilissa se leva avant l'aube, mais Baba-Yaga était déjà débout. Bientôt les yeux des crânes s'éteignirent. Passa le cavalier blanc et le jour se leva. Baba-Yaga sortit dans la cour et siffla, aussitôt le mortier vint se ranger devant elle, avec le pilon et le balai. Le cavalier rouge passa et le soleil apparut. Baba-Yaga monta dans son équipage et fila bon train. Elle voyage dans un mortier, le pousse du pilon, efface sa trace du balai...  
     Restée seule, Vassilissa fit le tour de la maison, admira la richesse et l'abondance en se demandant par quel bout commencer le travail, quand elle vit que tout était déjà fait, la poupée triait les derniers grains de blé. Vassilissa l'embrassa : 
     - Comment te remercier, ma poupée chérie ! Tu m'as sauvé la vie. 
     La poupée grimpa dans sa poche en disant : 
     - Tu n'as plus que le dîner à préparer. Puis repose-toi. 
     Au soir tombant, Vassilissa mit la table. Bientôt le cavalier noir passa et la nuit tomba. Les yeux des crânes s'étaient allumés, on entendit les branches craquer, les feuilles crisser, c'est Baba-Yaga qui arrivait. Vassilissa sortit à sa rencontre. 
     - Le travail est-il fait ? - demanda Baba-Yaga. 
     - Vois par toi-même, grand-mère, - répondit la jeune fille. 
     Baba-Yaga inspecta tout, regarda partout sans trouver rien à redire. Elle grogna : « Bon, ça peut aller... » puis appela : 
     - Fidèles serviteurs, mes amis de cour, venez moudre mon blé ! 
     Alors trois paires de bras ont apparu, ont emporté le grain hors de la vue. Baba-Yaga dîna et se coucha en disant : 
     - Demain, en plus de tout ce que tu as fait aujourd'hui, tu vas trier un boisseau de graines de pavot. De la terre s'y est mêlée, tâche qu'il n'en reste pas trace, sinon je te mange ! 
     Elle se mit vite à ronfler. Vassilissa servit sa poupée qui mangea et lui dit comme la veille : 
     -Va dormir tranquille, tout sera fait, Vassilissa chérie. Le matin est plus sage que le soir ! 
     Le lendemain, Baba-Yaga partit, et Vassilissa avec sa poupée ont fait l'ouvrage en un tournemain. A son retour, Baba-Yaga inspecta tout, regarda dans tous les recoins, ne trouva rien à redire. Elle appela : 
     - Fidèles serviteurs, mes amis de cour, venez presser l'huile de mes graines de pavot ! 
     Trois paires de bras ont apparu, ont emporté les graines hors de la vue. Baba-Yaga s'attabla pour dîner. Vassilissa la servait en silence et la sorcière grommela : 
     - Pourquoi ne dis-tu rien ? Tu es là, comme une muette ! 
     - C'est que je n'osais pas, grand-mère ! Mais si tu le permets, je voudrais bien te demander quelque chose. 
      - Demande ! Mais toute question n'est pas bonne à poser. D'en savoir trop long, on vieillit trop vite ! 
     - Je voudrais que tu m'expliques ce que j'ai vu, grand-mère. En venant chez toi, un cavalier blanc m'a croisée. Qui est-il ? 
     - C'est mon jour clair, - répondit Baba-Yaga. 
     - Après ça j'ai vu un cavalier tout rouge, qui est-ce ? 
     - C'est mon soleil ardent. 
     - Et puis j'ai vu un cavalier tout noir, qui est-ce ? 
     - C'est ma sombre nuit, - répondit Baba-Yaga. - Tous trois sont mes serviteurs fidèles ! 
     Vassilissa pensait aux trois paires de bras, mais n'en souffla mot. Baba-Yaga lui dit : 
     - Eh bien, tu ne me poses plus de questions ? 
     - J'en sais bien suffisamment pour moi, grand-mère ! Tu l'as dit toi-même - à trop savoir, on vieillit vite. 
     - C'est bien, - approuva Baba-Yaga. - Tu interroges sur ce que tu as vu dehors, pas sur ce qui se passe dedans. J'entends laver mon linge en famille, et les trop curieux, je les mange ! Et maintenant c'est mon tour de te poser une question : comment arrives-tu à faire tout le travail que je te donne ? 
     - La bénédiction maternelle me vient en aide, grand-mère. 
     - C'est donc ça ? Eh bien, fille bénie, va-t-en, et tout de suite ! Je n'en veux pas, de bénis, chez moi ! 
     Baba-Yaga poussa la jeune fille dehors, mais avant de refermer le portail, elle prit un crâne aux yeux ardents, le mit au bout d'un bâton qu'elle fourra dans la main de Vassilissa : 
     - Voilà du feu pour les filles de ta marâtre, prends-le ! Après tout, c'est pour ça qu'elles t'avaient envoyée chez moi.


     Vassilissa partit en courant dans la forêt. Les yeux du crâne éclairaient son chemin et ne s'éteignirent qu'à l'aube. Elle chemina toute la journée et, vers le soir, comme elle approchait de sa maison, elle se dit : « Depuis le temps, elles ont sûrement trouvé du feu... » et voulut jeter le crâne. Mais une voix en sortit :
     - Ne me jette pas, porte-moi chez ta marâtre ! 
     Vassilissa obéit. En arrivant, elle fut bien étonnée de ne pas voir de lumière dans la maison, plus étonnée encore de voir la marâtre et ses filles l'accueillir avec grande joie. Depuis son départ, lui dit-on, pas moyen d'avoir du feu dans la maison. Celui qu'on allume ne prend pas, celui qu'on amène de chez les voisins s'éteint. 
     - Le tien se gardera mieux, peut-être, - dit la marâtre. 
     Vassilissa apporta le crâne dans la chambre; aussitôt les yeux brûlants se fixèrent sur la marâtre et ses filles, les suivant partout. En vain tentaient-elles de fuir ou de se cacher, les yeux les poursuivaient et avant l'aube il n'en resta que cendres ; seule Vassilissa n'avait aucun mal.

     Au matin, Vassilissa enterra le crâne, ferma la maison et s'en alla en ville où une vieille femme la recueillit en attendant le retour de son père. Un jour, Vassilissa dit à la vieille : 
     - Je m'ennuie à ne rien faire, grand-mère! Achète-moi du beau lin, je vais le filer. 
     La vieille lui apporta du lin et Vassilissa se mit au travail. Le fil s'étire sous ses mains, fin et solide. Elle eut vite fini de filer, voulut se mettre à tisser, mais aucun métier n'était assez fin pour son fil. C'est encore sa poupée qui l'aida, qui lui fabriqua un beau métier. 
     Vassilissa se remit à l'ouvrage et à la fin de l'hiver la toile était tissée, si mince, si fine qu'on aurait pu la faire passer par le chas d'une aiguille ! Au printemps on fit blanchir la toile, et Vassilissa dit à la vieille femme : 
     - Va au marché, grand-mère. Vends cette toile et garde l'argent. 
      Mais la vieille se récria : 
     - Tu n'y songes pas, ma fille ! Une telle marchandise je vais la porter chez le tsar. 
     Elle s'installa devant le palais, commença à aller et venir à côté des fenêtres. Le tsar la remarqua et l'appela : 
     - Que fais-tu là, bonne vieille ? Que veux-tu ? 
     - Je t'apporte une denrée rare, comme Votre Majesté n'est pas près d'en voir. 
     Le tsar fit entrer la vieille et s'émerveilla de la toile : 
     - Combien en demandes-tu, bonne vieille ? 
     - Une toile pareille n'a pas de prix ! Nul ne peut l'acheter, le tsar seul peut la porter. Je te l'offre en présent ! 
     Le tsar remercia la vieille qui partit, chargée de cadeaux. 
     Le tsar donna la toile à ses tailleurs pour qu'ils lui en fassent des chemises. Ces chemises, ils les coupèrent, mais pour ce qui est de les coudre rien à faire! Ni tailleurs, ni lingères n'osaient œuvrer une toile aussi fine. Le tsar, impatient, envoya chercher la vieille femme et dit : 
     - Puisque tu as su tisser la toile, tu sauras coudre mes chemises ! 
     - Cette toile ne sort pas de mes mains. Ma fille adoptive l'a filée et tissée. 
     - Eh bien, elle n'a qu'à coudre mes chemises ! 
     Quand la vieille lui rapporta l'affaire, Vassilissa sourit : 
     - Je me doutais bien que c'était travail pour mes mains ! 
     Et elle se mit à coudre ; la douzaine de chemises fut prête en un rien de temps. La vieille les emporta chez le tsar et Vassilissa qui avait son idée, se baigna, se peigna, s'habilla richement et s'installa devant la fenêtre. Peu après elle vit arriver un envoyé du tsar qui dit à la vieille : 
     - Où est cette habile couturière ? Sa Majesté le tsar veut la récompenser de ses mains.
      
     
Vassilissa se rendit au palais. Et quand elle entra, quand le tsar la regarda, il en tomba amoureux sur-le-champ : 
     - Je ne te laisserai pas partir, ma douce beauté ! Sois ma femme ! 
     Le tsar prit par la main Vassilissa la-très-belle, la fit asseoir à ses côtés et on célébra leurs noces sans plus tarder. 
     Bientôt le père de Vassilissa revint de voyage, il fut tout heureux du bonheur de sa fille et resta vivre près d'elle, la vieille femme demeura aussi avec eux. Et toute sa vie la tsarine Vassilissa porta sa poupée sur elle, dans sa poche.


 Autour du Conte


Le thème de la mise en esclavage domestique est récurrent parmi les contes du monde entier, surtout quand le personnage-titre est féminin. Vassilissa est un peu notre Cendrillon : sa mère morte, son père se remarie et la laisse aux mains de sa marâtre et ses deux filles. Pas de Marraine la Bonne Fée, mais une petite poupée, la « poupée intuition » que lui a confié sa maman, avant de mourir.

Un jour que le feu a dépéri dans la cheminée, les mauvaises belles-sœurs envoient Vassilissa chercher du feu dans la forêt, auprès de la Sorcière Baba Yaga.

Il va lui falloir la trouver, d’abord, puis lui obéir, franchir une série d’épreuves dont Vassilissa se sortira vainqueur, grâce à sa poupée. Ces épreuves sont… domestiques, justement : laver, trier la terre et les graines de pavot… Baba Yaga ne demandent pas à Vassilissa de faire le ménage, elle lui demande... l'impossible, l'aspect domestique est largement dépassé, pour faire entrer la jeune fille dans le monde de l'initiation, de l'apprentissage, de la réflexion.


C'est pourquoi un avenir très différent de celui que lui réservaient ses belles-soeurs lui est permis, grâce au courage, à la ténacité et l'habileté qu'elle y gagne... 




«À ce stade de l’initiation, la femme est en butte aux exigences de la psyché, qui l’exhortent à se conformer aux souhaits des autres. Elle doit comprendre alors qu’être soi-même peut la mettre à l’écart des autres et que ce que conformer aux désirs des autres peut l’éloigner de ce qu’elle est. La tension est terrible, mais il faut la supporter. Et il n’y a aucun doute sur le choix à faire. » 
« Laver, c’est la première tâche pour redonner du tombé à ce qui est devenu lâche à force d’être porté. Nos idées, nos valeurs, comme nos vêtements, finissent par se ramollir à force d’être endossés. C’est dans l’eau qu’on renouvelle et revivifie, qu’on redécouvre ce qu’on croit fondamentalement vrai, fondamentalement sacré. » 
« Si vous êtes entourés de gens qui lèvent les yeux au ciel d’un air dégoûté dès que vous apparaissez, parlez ou agissez, alors vous êtes avec ceux qui éteignent les passions – les vôtres et aussi probablement les leurs. Ce ne sont pas des gens qui s’intéressent à vous, à votre travail, à votre vie. Une femme doit choisir avec discernement ses amis et ses amants. » 
« Il est possible de renforcer le lien avec l’intuition en refusant que qui que ce soit répriment vos énergies vivaces, autrement dit vos opinions, vos pensées, vos idées, vos valeurs, vos idéaux. L’opposition bien/mal, vrai/faux, n’existe guère en ce monde. En revanche, il y a ce qui est utile et ce qui ne l’est pas. Il y a aussi ce qui peut se révéler destructeur et ce qui peut être constructif, ce qui est correctement intégré et ce qui ne l’est pas. Il faut retourner la terre du jardin à l’automne pour préparer la venue du printemps. La floraison ne peut être permanente. »


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