Bridget plagie Causette


Je cherchais ma Causette mensuelle, mais elle fait relâche en ce mois d’août, lorsque je constate, diantre, que le vide est occupé par un nouveau magazine ouvertement féministe.


Bridget.


Comme le journal de l’autre folle, là ? D’office, je lui en veux de diviser la pauvre masse des filles qui luttent, et je l’achète, certaine de voir en ses colonnes, en filigrane, ce qu’elle a forcément à reprocher à Causette, la Bridget.

J’avais raison de me méfier : j’ai eu tort de l’acheter.

En effet, ça ne boit pas dans le même tonneau. Et ça va pas s’arranger quand je vais creuser.


Je commence à lire. Ptain, la mise en page est quand même parfaitement copiée sur Causette. Même typo, mêmes couleurs, même papier. Même prix : 4,90 euros.
Beaucoup de fautes d’orthographe.

Des noms de journalistes style Simone Beaupoil qui font tiquer, quand même. Et seulement quatre, pour les 90 pages du magazine.

Les mêmes « quiches », dessins des années 30, exactement, que chez Causette.Des illustrations qui coûtent rien (des filles qui font des grimaces, ce qu'aime bien faire Causette aussi entre des montages très réussis, des folios de pros, des illustrations de Morpheen, des caricatures etc), avec des citations qui relèvent du domaine public. C’est pas forcément désagréable à lire, notez bien. Mais très visiblement, ça roule sur une vague qui me chatouille. Causette elle, elle est cultivée, et elle me cultive. Elle fait des portraits de nénettes que vous ne connaitriez pas sans elle, part aux quatre coins du monde, parle d’art, de livres, de gens. Bridget dégaine 25 statistiques par pages, mais rien que vous ne sachiez déjà, au fond. Tout ce qui s’y trouve, vous l’avez déjà vu ailleurs, elle surfe sur le web et l’actualité (vous y trouverez Nabila et les Femen par exemple).

Bref. Ça sent le sabotage à plein nez.

Dans l’idée de poster là-dessus pour atomiser la nouvelle venue, je me penche sur les mentions légales, l’ours comme on dit.

Ça prend une demi-page chez Causette, et chez Bridget… une poignée de lignes. La « commission paritaire » est en cours, ça dit. Personne ne bosse chez eux, genre.

Oh.

Glouglou, vite.

Je comprends alors l’astuce (et que je me suis fait bananer) : c’est un plagiat. Le directeur de publication, Frédéric Truskolaski est un habitué des lancements de magazines bidons, qui en restent à leur n°1, parce que ça coûte pas grand-chose et rapporte gros. Les conditions d’écriture de ce numéro (et de tout un tas de magazines qu'il publie également, type people/real life) qui n’en doutons pas (et souhaitons-le) restera unique, sont parfaitement… tiens les mots me manquent. Allez ici, sur Rue 89, ils le feront mieux que moi.

Le pire : c'est que je le saurais si j'avais lu tous les Causette (j'en ai sauté quelques uns quand même), puisque le magazine a publié une enquête sur ce triste quidam et ses méthodes de journalisme de caniveau dans un précédent numéro... enquête qui a probablement suscité ce sabotage aujourd'hui dans vos kioskes.


Moi j’lis Causette.

Et j’fuck Bridget et Truskolaski.

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