Le Diable


C’est devenu un rituel : lorsque je suis complètement paumée, ou quand de gros changements s’opèrent dans ma vie, je me fais une tambouille à base de pièces de monnaie et de cartes de tarot. En fait, une seule carte. C’est la recherche de mon allié.


Aujourd’hui, estimant que les cieux étaient particulièrement neufs et mystérieux, j’ai sorti mes vieux jeux (…) et j’ai tiré LE DIABLE. Oh.

C’est une très joli carte, regardez-moi ça !

Cette version-ci (Oswald Wirth) est particulièrement belle et délicate, mais la carte présentée ci-dessous est a priori plus exacte, plus proche du Tarot originel, et d’ailleurs plus lourdement chargée de symboles. C’est celle-ci que nous explorerons. Ne cédez pas face aux imbéciles qui vous expliquerons qu’un être malfaisant va vous aborder et vous soutirer de l’argent, ou pire, que l’être malfaisant c’est vous ! Le Tarot, c’est bien plus rigolo. Le jeu des symboles, c’est mon dada. Hue !


LE DIABLE est le quinzième arcane majeur du jeu de Tarot.


La carte ne contient aucun être tout à fait humain. Vous entrez dans vos sphères animales, dans votre inconscient profond. Tellement profond que vous allez avoir besoin, pour en sortir, de la torche que tient le Diable. La torche peut aussi bien guider qu’embraser, incendier, éblouir, perdre. Elle est la source de la connaissance.

La carte, derrière les personnages, ne contient pas de fond : c’est presque tout blanc, vierge,le ciel est vide. Le sol, lui, est bleu clair, régulièrement strié, comme un champ fraîchement labouré. Sous les pieds des petits diablotins, la terre est noire, comme les terres fertiles des meilleures plaines. Belles perspectives en vérité !

Le Diable lui-même trône sur un piédestal très coloré : il s’élève, domine. Rappelons que le Diable est un ange déchu, ses ailes de chauves-souris indiquent qu’il repose dans l’obscurité. Il veut sortir de sa caverne… Les couleurs dominantes sont l’orange et le rouge, intelligence et désir, sans oublier le bleu, couleur de la spiritualité. Le Diable gouverne à la fois l’âme et le corps matériel : c’est pas une demi-portion, voyez…

Le Diable a un très grand nombre d’yeux, combien en comptez-vous, pour vous persuader de sa très grande capacité de vision, de lucidité, de réceptivité ? Sa première paire louche, comme un gosse, sa seconde paire, ses seins, s’étonnent largement, la troisième, sur son ventre, paraissent à demi endormis, un visage stone, et l’on en trouve une quatrième sur ses genoux. Le Diable voit tout, mais montre tout aussi, sans la moindre hypocrisie. C’est l’être aux quatre visages, à tel point que l’on peut se demander à qui l’on a affaire quand on le croise…

Le Diable est à la fois féminin (avec ses seins), émotif, et masculin (avec son sexe), motivant. Les visages, les yeux sur son corps, témoignent d’une chair couplée à l’esprit, ressentante, réfléchissante. Le Diable est lourdement chargé sexuellement, le désir sexuel, la passion, la création et la vie sont déclinés sur tout le personnage : les ceintures rouges sous ses seins et sur son bas-ventre (on parlerait aujourd’hui d’hystérie), son sexe exhibé, au gland décalotté et rouge lui aussi. Le Diable est un principe créateur. Il n’est clairement pas fait comme vous et moi, sa main et son pied droit sont dotés de cinq doigts, mais ceux de gauche n’en ont que quatre. Cette asymétrie est reprise par les deux personnages qui se tiennent, enchaînés, à ses côtés, ils n’en ont pas le même nombre de doigts à leurs pieds fourchus.

Les deux diablotins sont attachés par le cou - un joug – mais également les mains dans le dos, privés d’action et de liberté. Bien que cette carte ne soit pas vraiment clair là-dessus, on peut deviner à l’expression de leurs visages qu’il s’agit à droite du Diable d’une femelle et à sa gauche d’un mâle. Ils sont reliés par un anneau (genre alliance…) au piédestal du Diable hermaphrodite. Brrrr, une métaphore du mariage ? Hum. Leurs pieds sont comme des racines qui s’enfoncent dans le noir de la terre. Ces personnages sont également cornus, ce qui les place, comme le Diable, sous le signe de la passion, du désir.

La carte concentre donc toutes les puissances de l’inconscient, les meilleures comme les pires : recherche de puissance, d’immortalité, de satisfaction du désir, de richesses, de connaissances, de manipulation… Le Diable peut aussi bien céder aux délires, à la folie, à la crapulerie, la gloutonnerie, l’addiction, le plaisir effréné, mais il ouvre la porte à tous les possibles, toutes les créations, grâce à ses puissants pouvoirs de perception et d’expression (que de langues et de bouches !). C’est la carte des artistes, des passionnés, des perdus aussi, des fous. Il conduit aussi bien à la Fortune qu’à la ruine. Tout dépend du contrat que vous choisissez de signer avec lui… Un conseil pour ne pas vous laisser embobiner : regardez-le dans les yeux !

       
Alors… tentés ?

Commentaires

À lire

Le Tzolkin : les bases

Hard Lemon - Volubilis

Le Tzolkin : pratiques personnelles

Relations inclusives / exclusives

Vassilissa la très belle

Le Guide du Voyageur Galactique - Douglas Adams

Joyeux Noël... Norman Rockwell !

Locus de contrôle

Triangle du feu