I have a dream
Sortez les crins-crins, le sucre glace et les
plumes de paon, je vais buller un Aya Vedrim.
L’Aya
Vedrim est une forme de sorcellerie que ma mère m’a enseignée. Elle ne consiste
pas au chargement d’un mauvais sort sur le dos d’un pauvre hère qui le
mériterait bien, ni en la lecture du futur dans la hure (groin de porc), mais
en l’érection d’un espoir si dur, si fort, que personne ne l’entamera. D’autres
l’appelle la méthode Coué, d’autres encore, les cyniques, naïveté. Je réponds à
la question d’hier : c’est quoi le père, ils sont où les hommes ? Aya
Vedrim.
Ayedrimov
un petit jardin. Pas trop p’tit. Comptez 200m² pour une famille de trois. Pour
vivre de son jardin, il faut quasiment vivre dedans, alors j’en utilise la
moitié pour faire pousser les herbes à tisanes, les fleurs quotidiennes et
installer une essoreuse à enfant… euh, pardon, une balançoire. Avec l’autre
moitié et une ingéniosité à la hauteur des conditions géoclimatiques
(rugueuses), il met au monde des salades, des courgettes, des tomates, du
céleri rave, des poireaux, des haricots, des choux, des pommes de terre, des
carottes, des petits pois, des fraises, des framboises, des cassis, des pommes,
des nèfles, du maïs, du poulet aux girolles, du mouton au miel, du bœuf
bourguignon et des charlottes aux fraises avec leur coulis de mûres et leurs
feuilles de menthe.
Ayedrimov
une maison qui s’appelle bienvenue chez toi, bienvenue chez nous, où l’on peut
coucher le contenu du village d’à côté, manger comme trente et y balader son
esprit sans petite culotte, douillettement, pieds nus et sans inquiétudes. J’y
entretiens la marche céleste des habitants, des poussières et des meubles
tandis qu’il s’assure que le vent n’entre pas, que le froid reste dehors, que
l’eau reste bien dans les tuyaux, l’électricité bien dans les fils, les
bouteilles en verre bien dans le bac vert.
Ayedrimov
un jour, qui commence et qui finit dans tes bras. Un jour léger à lever, à
digérer et à se souvenir, sans psoriasis, sans colère, sans aigreur. Ce que
nous avons à accomplir entre les deux passages du soleil sur la ligne d’horizon
s’appelle simplement vivre. Tu sais, quand le premier geste de la journée
appelle tous les autres, que le nombre d’heures est nécessaire et suffisant.
Relevant nos têtes, dressant notre colonne, la certitude que je n’ai pas besoin
d’être soumise pour être acceptée, que tu n’as pas besoin de crier plus fort et
de frapper plus fort pour être fort.
Ayedrimov
un monde où je n’aurais pas peur de mettre un nouvel enfant au monde. Je suis
une mère sans ombres, une épouse sans bornes, une femme libre, pas parce le
monde est brutalement devenu rose et cotonneux, mais parce que j’en suis
convaincue. Je ne rêve pas d’un monde de bonbons à tous les repas, mais s’il
fallait rêver d’un monde comme il est, je choisis celui de Barbara Constantine
et de son Tom, petit homme, tout petit homme, Tom. Je rêve d’hommes comme
cela.
À
la question « si la communication (excellent lubrifiant que l’Épouse aime
étaler) est la mère de la réussite conjugale, qui en est le père ? »,
je réponds « les mains de l’homme », sur le corps de sa femme,
l’épaule de son enfant et le monde qui l’entoure.
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