Des cendres




Et voilà, une fois de plus, ça a fini par arriver. Novembre s’est bien défendu, mais décembre est bel et bien là, avec son manteau-de-neige sur nos épaules.

Tous les mois sont passés, on a pris chaque semaine et chaque jour dans la gueule, le dernier outrage est sur nous : décembre. On va achever l’année sous peu, blanche, agonisante, morte. Je suis un peu triste aujourd’hui. J’ai mes règles ( ?).



En janvier, se passe une toute petite chose. Je change juste de poste, et ça faisait juste un mois de plus à l’inépuisablement étirable spleen familial.

En février, ça a fait un mois de plus par-dessus le précédent, normal, bateau, sauf que ce mois-là, je suis face à une situation pro que je n’arrive pas à gérer.

En mars, je perds les pédales, je branche les warning et me fout au fossé.

En avril, je me soigne et je commence à écrire.

En mai, j’écris toujours, je contacte une personne, la première, pour lui proposer du travail sur mon projet d’édition. C’est là que la situation bascule, comme le premier indice de ce qui va se passer, ou le premier jalon de ce qu’il y a à construire. Graindorge opte pour la première explication et déchire un annuaire. Je choisis résolument la deuxième option.

En juin, je me soigne, j’écris, je fais du théâtre, je bouffe du soleil, je cours, je tire et je fais la connaissance d’une seconde personne. Je décide de m’autoriser plus, en tout cas ce que je désirerai le plus fort. Graindorge est sérieusement secoué, professionnellement et par son intraitable épouse.

En juillet, j’envoie se faire foutre mon père.

En août, je tiens sur les mains et je rencontre une troisième personne. J’ai du mal à écrire autant que je voudrais. Je rouvre mon blog. Graindorge est à bout de ne pouvoir refuser la manière dont je m’y prends.

En septembre, je me soigne toujours, j’écris et je rencontre la seconde personne, ce qui revient à enfoncer trente centimètres de clou supplémentaires dans le cœur de Graindorge. La brouille est à son comble, Graindorge va s’écrouler. Je reprends mon poste aussi, on espère tous secrètement que le jeu va se calmer. Siffler la fin de la récré comme diraient certains…

En octobre, de fait, le jeu se calme, s’équilibre, trouve des issues dans les soupirs d’apaisement que nous parvenons à nous ménager. Mais des choses étranges, déstabilisantes, se passent. Les situations prennent des teintes nuancées, des camaïeux chelous, des ombres angoissantes, des motifs pas clairs. Notre couple est à bout, plus rien ne tient debout, tout déboulonné. Paumés.

En novembre… il ne restait plus que des cendres. Chaudes, fumantes.
Nous ferons 2013 avec ce que nous avons trouvé dedans.

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