Un féminisme décolonial - Françoise Vergès (2019)

 

< Source : Manifesto XXI

 

 Première lecture… 

Avant de commencer, je souhaite préciser une chose : je vais partager des textes avec lesquels je ne suis pas forcément en accord, et j’essaierai de dire sur quels points… en fait, je vais surtout les faire parler entre eux, dans la mesure où ils se parlent, littéralement. Ils se citent entre eux, ils se répondent, ils débattent ensemble. Je ne prends pas position particulièrement parce que je n’ai pas du tout les outils pour ça, je commence tout juste ma réflexion. Mon intention est surtout de rendre ces textes disponibles ici, et de montrer les étapes de ma réflexion.

 

Avant d’avoir en main une liste un peu cohérente d’auteurices à découvrir, je me suis retrouvée, flottante, dans les allées de ma librairie préférée. J’ai tiré deux livres des étagères : Le contrat sexuel, de Carole Pateman, et Un féminisme décolonial de Françoise Vergès. Le premier m’a très très vite perdue. Je reviendrais sûrement dessus plus tard, mais j’ai dû rapidement rendre les armes face à la prose de l’autrice et la difficulté de l’exercice. L’épistémologie dans un domaine que l’on ne maitrise pas, c’est coton.

En comparaison, j’ai trouvé beaucoup plus abordable la lecture de Vergès.

 


 

 Elle y creuse la question du féminisme blanc, de la prégnance encore très actuelle du racisme dans la lutte féministe et de son instrumentation par le fémonationalisme. Elle sonde surtout les origines de cet état de fait, le rôle de la colonisation dans la vie des femmes non-blanches et l’indifférence pudique des féministes blanches sur ces questions. 


 



La fausse innocence du féminisme blanc

 

À la suite de Frantz Fanon, qui écrivait : « l’Europe est littéralement la création du Tiers-Monde » car elle s’est construite sur le pillage des richesses du monde et que dès lors « la richesse des pays impérialistes est aussi notre richesse », je peux dire que la France est littéralement une création de son empire colonial, et le Nord une création du Sud. Je reste donc étonnée par l’entêtement à oublier l’esclavage, le colonialisme et les « outre-mer » dans l’analyse de la France actuelle et de la politique des gouvernements successifs depuis les années 1950. Plus encore que l’empire colonial, les « outre-mer » ne font pas partie de l’histoire contemporaine : aucun texte sur les questions politiques, qu’elles soient abordées de manière philosophique, économique ou sociologique, ne s’intéresse à ces survivances de l’empire colonial français. Il y a là quelque chose qui relève d’une volonté d’effacer ces peuples et leurs pays de l’analyse des conflits, des contradictions et des résistances. Quel est le but d’un tel refoulement, si ce n’est de maintenir l’idée que tout cela – esclavage, colonialisme, impérialisme – est certes arrivé mais toujours à l’extérieur de ce qui constitue la France ? On minore ainsi les liens entre capitalisme et racisme, entre sexisme et racisme, et on préserve une innocence française. Ainsi, le féminisme français se pare de retenue face à l’héritage colonial et esclavagiste. C’est à croire que, dès lors que les femmes seraient victimes de la domination masculine, elles n’auraient aucune responsabilité à l’égard des politiques menées par l’État français.

[…]


Contre l’eurocentrisme


Pour donner toute l’ampleur nécessaire à notre critique, il faut aller jusqu’à dire que le féminisme civilisationnel naît avec la colonie, dans la mesure où les féministes européennes élaborent un discours sur leur oppression en se comparant aux esclaves. La métaphore de l’esclavage est puissante, car les femmes ne sont-elles pas la propriété de leur père et de leur mari ? Ne sont-elles pas soumises aux lois sexistes de l’Église et de l’État ? Le féminisme de l’Europe des Lumières ne reconnait pas les femmes qui participent à la Révolution haïtienne (laquelle sera célébrée par les poètes romantiques) ni les femmes esclaves qui se révoltent, marronnent, résistent. La question ici n’est pas d’émettre un jugement rétrospectif mais de se demander pourquoi, au regard de cet aveuglement, de cette indifférence, il n’y a toujours pas eu de retour critique sur la généalogie du féminisme européen. Réécrire l’histoire du féminisme en partant de la colonie représente un enjeu central pour le féminisme décolonial. On ne peut se contenter d’envisager la colonie comme un enjeu annexe de l’histoire. Il s’agit de considérer que, sans la colonie, nous n’aurions pas une France aux institutions structurellement racistes. Pour les femmes racisées du Nord et dans le Sud global, toutes les facettes de leurs vies, les risques auxquels elles s’exposent, le prix qu’elles paient du fait de la misogynie, du sexisme et du patriarcat sont encore à visibiliser et à étudier.  Lutter contre le fémi-impérialisme, c’est faire resurgir du silence les vies des femmes « anonymes », refuser le processus de pacification et analyser pourquoi et comment les droits des femmes sont devenus une arme idéologique au service du néolibéralisme (qui peut tout à fait soutenir ailleurs un régime misogyne, homophobe et raciste). Quand les droits des femmes se résument à la défense de la liberté – « être libre, avoir le droit de… » – sans questionner le contenu de cette liberté, sans s’interroger sur la généalogie de cette notion dans la modernité européenne, on est en droit de se demander si tous ces droits ne sont pas octroyés parce que d’autres femmes ne sont pas libres. Le récit du féminisme civilisationnel reste contenu dans l’espace de la modernité européenne et ne prend jamais en compte le fait qu’il se fonde sur le déni du rôle de l’esclavage et du colonialisme dans sa propre formation. La solution n’est pas de donner une place, forcément marginale, aux femmes esclaves, colonisées ou aux femmes racisées et des outre-mer. Ce qui est à l’ordre du jour, c’est la façon dont la division du monde qu’esclavage et colonialisme opèrent dès le XVIe siècle (entre une humanité qui a le droit de vivre et celle qui peut mourir) traverse les féminismes occidentaux. Si le féminisme reste fondé sur la division entre femmes et hommes (une division qui précède l’esclavage), mais qu’il n’analyse pas comment esclavage, colonialisme et impérialisme agissent sur cette division – ni comment l’Europe impose sa conception de la division femmes/hommes aux peuples qu’elle colonise ou comment ceux-ci créent d’autres divisions, – ce féminisme est alors raciste. L’Europe demeure son centre, toutes ses analyses partent de cette partie du monde : les racines coloniales du fascisme sont oubliées ; le capitalisme racial n’est pas une catégorie d’analyse ; les femmes esclaves et colonisées ne sont pas perçues comme constituant le miroir négatif des femmes européennes. Rares ont été les féministes européennes qui ont été résolument antiracistes et anticolonialistes. Il y a eu évidemment des exceptions, des journalistes, des avocates, des militantes qui ont proclamé leur solidarité avec les colonisé·e·s, mais cela n’a pas constitué le fondement du féminisme français – pourtant redevable des luttes antiracistes. Même le soutien aux nationalistes algérien·ne·s qui a été si important pour des féministes françaises n’a pas entrainé une analyse du « choc en retour » dont parle admirablement Aimé Césaire dans Discours sur le colonialisme : la colonisation  travaille à déciviliser le colonisateur. Parler de féminisme civilisationnel, ou blanc bourgeois, a, dans cette perspective, un sens bien précis. Il n’est pas « blanc » tout bêtement parce que des femmes blanches l’adoptent mais parce qu’il se réclame d’une partie du monde, l’Europe, celle qui s’est construite sur un partage racisé du monde. Il est bourgeois parce qu’il n’attaque pas le capitalisme racial. On est en droit de se poser cette question : comment et pourquoi le féminisme aurait-il échappé à ce que des siècles de suprématie et de domination blanche ont diffusé ? Comme on confond trop souvent racisme et extrême droite, pogroms et ghettos en Europe, on ne mesure pas à quel point le racisme s’est aussi répandu et propagé sans bruit et sans fureur, à travers la naturalisation de l’état de servitude racisée et l’idée que des civilisations auraient été incompatibles avec le progrès et les droits des femmes. Sauver les femmes racisées de « l’obscurantisme » reste un des grands principes des féministes civilisationnelles. Elles en ont fait une politique visant les femmes des colonies et, dans leur pays, les femmes racisées et les femmes des classes populaires. On ne peut nier que pour certaines ces actions trouvent leur fondement dans une volonté de bien faire, qu’elles sont animées par de bons sentiments et le souhait d’améliorer la situation des femmes, ni que des colonisé·e·s ont su tirer avantage de ses actions ; mais il y a une différence entre aide et critique radicale du colonialisme et du capitalisme, entre aide et combat contre l’exploitation et l’injustice. Ou, pour citer la militante autochtone Lilla Watson : « Si vous êtes venus pour m’aider, vous perdez votre temps. Mais si vous êtes venus parce que votre libération est liée à la mienne, alors travaillons ensemble. »

 


Frantz Fanon, Aimé Césaire et Lilla Watson

 

La question de la féminité, et de là, la question de la domination des hommes sur les femmes n’est certainement pas la seule ni la plus structurante des manières de penser le rapport au monde des femmes de couleur : la classe et la race sont des facteurs de déshumanisation plus profonds et plus efficients, qui aggravent et dépassent le genre. Vergès met en doute la catégorie politique même de « femme », créée par le patriarcat et le capital pour leur besoin de structurer la société par la domination de classes sur d’autres.

 

Le féminisme décolonial comme imaginaire utopique


Dans le contexte d’un capitalisme à la puissance destructrice dédoublée, d’un racisme et d’un sexisme meurtriers, cet ouvrage affirme que oui, le féminisme que j’appelle féminisme de politique décoloniale est à défendre, développer, affirmer et mettre en pratique. Le féminisme de marronnage offre au féminisme décolonial un ancrage historique dans les luttes de résistance à la traite et à l’esclavage. J’appelle ici marronnage et marron·ne·s toutes les initiatives, toutes les actions, tous les gestes, les chants, les rituels qui la nuit ou le jour, cachés ou visibles, représentent une promesse radicale. Le marronnage affirmait la possibilité d’un futur quand ce dernier était forclos par la loi, l’Église, l’État, la culture qui proclamait qu’il n’y avait pas d’alternative à l’esclavage, que celui-ci était aussi naturel que le jour et la nuit, que l’exclusion des Noir·e·s de l’humanité était chose naturelle. Les marron-ne-s firent apparaitre l’aspect fictif de cette naturalisation et en brisant les codes elles/ils ont opéré une rupture radicale qui a déchiré les voiles du mensonge. Elles/ils ont dessiné des territoires souverains au cœur même du système esclavagiste et ont proclamé leur liberté. Leurs rêves, leurs espoirs, leurs utopies, comme les raisons de leurs défaites, demeurent des espaces où puiser une pensée de l’action. Dès lors, il est une utopie, au sens de promesse radicale, qui est un terrain contre le capitalisme proclamant lui aussi qu’il n’y a pas d’alternative à son économie et à son idéologie, qu’il est aussi naturel que le jour et la nuit, et promettant même des solutions technologiques et scientifiques qui transformeront ses ruines en espace de bonheur. Contre ces idéologies, le marronnage comme politique de la désobéissance affirme qu’il existe la possibilité d’une « futurité » (futurity) pour emprunter la notion aux féministes noires américaines. En s’affirmant marron, le féminisme s’ancre dans cette remise en question de la naturalisation de l’oppression, en se disant décolonial, il combat la colonialité du pouvoir. Mais s’inscrire dans le champ du féminisme est-il la réponse adaptée à la montée d’une fascisation politique, à la prédation capitaliste et à la destruction des conditions écologiques nécessaires aux êtres vivants, aux politiques de dépossession, de colonisation, d’effacement et de marchandisation, à la criminalisation et à la prison comme réponse à l’augmentation de la pauvreté ? Cela a-t-il un sens de disputer du terrain au féminisme civilisationnel, appelé aussi mainstream ou blanc bourgeois, qui pense corriger les injustices en partageant les postes entre femmes et hommes sur la base d’un 50/50 sans questionner l’organisation sociale, économique et culturelle et qui entend faire du genre, de la sexualité, de la classe, des origines, de la religion, une affaire entièrement privée ou une marchandise ? Combattre le fémonationalisme et le fémi-impérialisme (j’en développe le contenu plus loin) sont aussi des arguments pour défendre le féminisme décolonial. Mais cela ne suffit pas. L’argument essentialiste d’une nature féminine qui serait plus à même de respecter la vie et de désirer une société juste et égalitaire ne tient pas, les femmes ne constituent ni spontanément ni en elles-mêmes une catégorie politique. Ce qui justifie une réappropriation du terme « féminisme », de ses théories et pratiques s’ancre dans la conscience d’une expérience profonde, concrète, quotidienne d’une oppression produite par la matrice d’État, patriarcat et capital, qui fabrique la catégorie « femme » pour légitimer des politiques de reproduction et d’assignation toutes deux racialisées.


Les féminismes de politique décoloniale n’ont pas pour but d’améliorer le système existant mais de combattre toutes les formes d’oppression : la justice pour les femmes signifie la justice pour tous. Il n’entretient pas des espérances naïves, ne nourrit pas de ressentiment ni de l’amertume ; nous savons que le chemin est long et parsemé d’embûches mais nous gardons en mémoire le courage et la résilience des femmes racisées à travers l’histoire. Il ne s’agit donc pas d’une nouvelle vague du féminisme, mais de la poursuite des luttes d’émancipation des femmes du Sud global.


Les féminismes de politique décoloniale puisent dans les catégories et pratiques que des femmes ont forgées sur le temps long au sein des luttes antiracistes, anticapitalistes et anticoloniales – participant à élargir les théories de libération et d’émancipation à travers le monde. Il s’agit de combattre fermement la violence policière et la militarisation accélérée de la société comme la conception de la sécurité qui confie à l’armée, à la justice de classe/raciale et à la police le soin de l’assurer. Cela consiste en un rejet du féminisme carcéral et punitif.

 

Dans cette cartographie des luttes des femmes du Sud, l’esclavage colonial garde à mes yeux un rôle fondateur. Il constitue « la matrice de la race », pour reprendre l’expression si juste de la philosophe Elsa Dorlin, et relie l’histoire de l’accumulation des richesses, de l’économie plantationnaire et du viol (fondement d’une politique de la reproduction dans la colonie) à l’histoire de la destruction systématique des liens sociaux et familiaux et au nœud race/classe/genre/sexualité. La temporalité esclavage/abolition renvoie l’esclavage colonial à un passé historique et, dès lors, ignore comment ses stratégies de racialisation et de sexualisation continuent à porter leurs ombres sur notre temps. L’immense apport de l’afro-féminisme (Brésil, États-Unis) sur l’importance de l’esclavage colonial dans la formation du monde moderne et l’invention du monde blanc, de son rôle dans l’interdiction des liens familiaux, n’a pourtant toujours pas affecté les analyses du féminisme blanc bourgeois. Des féministes en Occident ont certes analysé comment se construit la « bonne maternité », la « bonne mère » et le « bon père » de la famille hétéronormée, mais sans jamais prendre en compte le « choc en retour » de l’esclavage et du colonialisme. On sait que sous l’esclavage on pouvait à tout moment arracher les enfants à leurs mères, qu’elles n’étaient pas autorisées à les défendre, que les femmes noires étaient à la disposition des enfants de leurs propriétaires comme nourrices, que leurs enfants étaient à la disposition des enfants du maître comme compagnes ou compagnon de jeux, que petites filles et femmes noires étaient exploitées sexuellement, que tous ces rôles étaient soumis aux caprices du maître, de son épouse et de ses enfants. Les hommes étaient privés du rôle social de père et de compagnon. Cette destruction de liens familiaux qui était établie par la loi continue à porter son ombre sur les politiques familiales visant les minorités racisées et les peuples autochtones.

 

Elsa Dorlin

Le féminisme étant la lutte qui réagit à l’oppression née de cette fiction colonialiste qui ne traite pas de la même façon les femmes blanches et les femmes non-blanches en raison de leur race et de leur classe, le racisme et le colonialisme sont à l’œuvre au sein même du féminisme. Racisme et colonialisme s’incarnent dans une relation faussée, hypocrite et condescendante des femmes blanches à l’égard des femmes non-blanches, condescendance qui les place dans la position encore une fois dominante, de sauveuses et de civilisatrices à l’égard des hommes et des femmes de couleur ; cette condescendance, pour ne pas dire ce mépris, est à l’œuvre dans les paniques quasi hebdomadaires sur les questions religieuses (typiquement : le voile), dans la stigmatisation opportuniste des hommes non-blancs…

À la question « quelle est la place des femmes non-blanches dans mon féminisme » ? si la réponse est « bah la même place que toute les femmes enfin ! », c’est problématique, parce que non, elles n’ont pas la même place que nous, femmes blanches. Cette posture, c’est une imposture. Tu sais, un peu la même imposture que « les droits de l’homme » ou le « droit de vote universel » qui, précisément, n’avaient rien d’universels quand ils ont été promulgués. Qu’ils aient été étendus depuis un peu plus universellement ne change rien à l’affaire : ce sont toujours les mêmes rouages racistes et classistes qui empêchent aujourd’hui encore certaines catégories de personnes d’avoir des droits (ou de les exercer) et de voter (en vrac : les femmes, les noir·es, les criminel·les, les handicapé·es, les personnes sous curatelle, les migrant·es etc). « Un peu plus universels » ce n’est pas universel. Et si « universel » ça veut dire « à l’occidentale », c’est juste du racisme en fait.

Ça va même plus loin que ça, comme le dit Vergès ce n’est pas qu’une question de « place » qu’on ferait pour inclure les femmes non-blanches dans notre féminisme, c’est une remis en cause même de la nature du féminisme, qui ne se bat pas contre l’ennemi mais juste contre sa main. Il faut revenir, dit-elle, aux origines de toutes les oppressions (le racisme, le sexisme) et de son moteur vivant : le capitalisme.

Autrement dit : les élans universalistes, civilisationnels, s’ils sont bienveillants et probablement sincères, ne passent pas l’épreuve de la réalité. Il n’y aura pas de progrès significatif sur les droits des femmes tant que persisteront les dominations de classe et de race.

Deux notions m’ont particulièrement interpellée dans le discours de Vergès : la colonialité du genre et le fait que la « femme » soit une fiction coloniale. On en parle demain* avec les travaux d’Angela Davis et ceux de María Lugones.

 

 

 

*(t’as compris que quand je dis « demain » ça veut dire « la semaine prochaine ou asap si j’ai le temps », hmm, pas vraiment « demain » ?)

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