Le plan de 90 jours


<< Illustrations de Maja Säfström, aka Majasbok

 Aujourd’hui, on va parler d’organisation. Tu connais le plan de 90 jours ?

Ok, c’est vrai, ça a le nom d’un régime foireux ou d’une recette de conserve qui aura une texture bizarre, mais, et ça va vous faire aussi l’effet d’une phrase toute faite d’un coach horripilant : ça a marché pour moi.

De base, je ne dirais pas que j’ai des problèmes d’organisation, je reste relativement focus sur mes objectifs, je sais raisonnablement planifier ce que j’ai à faire et tenir plus ou moins mes délais. Relativement, raisonnablement, plus ou moins.

Quand j’ai commencé à écrire des critiques de jeux vidéo, lancé ma chaine, puis proposer l’idée d’un podcast, ouvert une seconde chaine (oui) et avoir un milliard d’idées qui me passaient dans la tête, tout en ayant un boulot à temps très-très plein, c’est pas juste le burn-out qui a pointé le bout de son nez (c’est une autre histoire, on en parlera, peut-être ou peut-être paaaaas), c’est le désordre. C’est l’éparpillement façon puzzle. Le découragement. La spirale infernale des projets qui se lancent et qui s’écrasent.

Alors voilà, j’ai fini par démissionner pour trouver un job à temps moins plein (genre 35 heures) (je l’ai toujours pas trouvé) (oups, j’en ai parlé), mais surtout, je me suis tenue à une ligne de conduite : le plan de 90 jours. Ça fait un an maintenant, et je trouve ça tarpin cool. On y va.

 

C’est quoi ?


Si tu pratiques déjà le bujo, tu vas t’éclater. Si tu ne le pratiques pas, je sais pas, c’est peut-être le moment de t’y mettre ?

Le plan de 90 jours, c’est une méthode d’organisation que vous rebattez tous les 3 mois, ça prend disons moins d’une heure et ça se passe en 4 temps :

 

1 - Vision à long terme

2 - Bilan du précédent plan

3 - Petite introspection en conséquence, déballage de nouveaux projets, idées en vrac (« projection libre »)

4 - planification du suivant

 

Le cahier magique

 

T’as capté, il va falloir coucher tout ça sur le papier. Personnellement, j’ai opté pour un énorme cahier 24x32 de 200 pages à gros carreaux, pas trop moche et que je dédie entièrement à mon projet. En plus des plans, on y trouve donc tout le reste : mes préparations d’interviews, mes prises de note sur les jeux (des tonnes de papiers qui ne volent plus), les idées qui passent et donc, mes plans de 90 jours.

Bref, tu prends un crayon quatre couleurs (ou juste du bleu, ou que du noir, genre c’est TON cahier c’est pas mes ognons), une règle (pour faire des cases) et lezgo.

 

Monter un plan de 90 jours.

 

Une image vaut mille mots... mais du coup je vais quand même ajouter mille mots à cette image.


 
 
 

Pour info, j’ai chopé le truc lors d’une session de La Flamme, une série de conférences organisé par Killian Talin (Inspiration Créative) pour les gens qui aimeraient bien se lancer dans de nouveaux projets. L’intervenant, c’était Alexis de Tribu Indé. J’ai fait un montage de son passage dans la vidéo qui suit, elle dure une vingtaine de minutes, elle vous dit tout ! Mais je fais quand même un topo ci-dessous, pour celleux qui n’ont pas le time.

 



Allez, tu prends une nouvelle page toute propre et tu te lances.

 

1 – Vision à long terme

Cette étape est nécessaire surtout quand tu te lances. Je ne la refais pas tous les trois mois, ce serait insultant pour le concept de « long terme ». Mais peut-être tous les ans ? Bref : tu vises quoi ? Quelle est ta vision de ton projet « fini », ton but principal, ton rêve utlime, le truc qui te tient réveillé le jour parce qu’il te stimule et t’aide à dormir la nuit parce que c’est un peu ton doudou réconfortant, genre « quand je serais grande, je serais cosmonaute » ? Reviens souvent lire cette page, tu verras, c’est motivant.

 

2- Bilan

Pour commencer un nouveau plan, cela va de soi, tu ne peux pas faire l’étape 1 du bilan du précédent plan, mais tu peux faire le bilan de ta vie pro actuelle, des outils que tu as en main pour te lancer et de ce que tu as déjà probablement commencé à faire.

 

2 – Projection libre

Là tu balances la sauce ! Quels sont les étapes intermédiaires de ton projet, les idées que tu as où qui te viennes, là, maintenant, pendant que tu y penses, t’as des concepts, des envies ?

Si c’est tu as déjà fait un plan précédemment, c’est aussi le moment de choisir ce que tu gardes, ce que tu vires, et ce que tu améliores.

 

4 – Planification

Cette étape m’éclate grave, c’est ma préférée. Parmi les idées que tu viens de noter, tu en choisis deux ou trois : celles qui sont immédiatement faisables. Si tu as un gros projet, c’est là que tu mets les premières étapes intermédiaires.

Pour moi, c’est un peu toujours la même chose : sortir tant de vidéos par semaines, écrire tant d’articles, plus un truc nouveau de temps en temps (genre un concept de vidéo particulier) sauf qu’avec le temps, j’ai augmenté la quantité de travail que je suis capable d’abattre, tout simplement parce que j’ai perfectionné mes process (on doit dire comme ça, jcrois, ça veut juste dire que je suis plus efficace).

Car, plus important, ton objectif doit être quantifiable, avec un critère de réussite clair, net et précis : comment sauras-tu que tu atteins cet objectif ? Faut des chiffres, là. Sois raisonnable, l’idée c’est de les atteindre ces objectifs, tu pourras toujours augmenter la dose quand tu sentiras que tu es à l’aise. Ça permet de se voir progresser et savoir exactement ce qu’on est en mesure de donner en terme de temps et d’énergie.

Si c’est approprié à ton caractère et à ton projet, tu peux ensuite planifier les semaines, qui sont alors comme des petits échelons vers ta gloire future, en détaillant les tâches de chaque semaine. Moi je fais juste des petites cases sous chaque objectif, une pour chaque semaine, et je coche la case quand c’est OK.

Sous les petites cases, j’ajoute une très grande case, une pour chaque objectif, où je note les trucs qui marchent, les trucs qui marchent pas, les aléas. Ça m’aide pour le bilan du prochain plan (et parce que j’ai une mémoire de merde).

 

5 - Et rebelote

Ça passe vite trois mois. Mais tu t’es vue avancer, tu sais où tu vas. Tu sais ce que tu as déjà accompli et tu sais ce que tu as à faire chaque jour, chaque semaine. Ta motivation elle est là, dans ce cahier pas trop moche.

Il est temps de faire le bilan. Il y a toujours un truc qui s’est présenté par le siège (douteuse cette métaphore), ça n’a pas marché comme tu voulais… mais tout le reste a fonctionné !

Je ne vais pas vous le cacher, si ça ne marche pas, c’est probablement que cet objectif était mal défini. Dans mon cas, c’est l’objectif « augmenter mon nombre d’abonnés » qui fait toujours la gueule (abonne-toi ici, ici et )… Probablement parce que ça ne se planifie pas à la semaine, que je suis pas community manager et que je ne suis pas vraiment une personne tapageuse. J’ai encore l’impression de déranger quand je prends la parole.

Et aussi mes idées à long terme sont encore loin : une caméra ça coûte la peau des fesses et j’aime pouvoir m’asseoir, mais en attendant, j’ai abattu un boulot que je trouve déjà colossal : j’ai appris à monter de l’image, mixer du son, animer une interview, jouer à un milliard (au bas mot) de jeux, j’ai balancé 164 vidéos, écris ma première vidéo d’analyse (un immense merci à Agathe Mametz aka Menica Folden, de m’avoir invité sur son stream des Petites Victoires) et chaque jour m’éloigne un peu plus du sentiment d’avoir raté ma vie. J’ai fait des trucs. Et tout le monde sait que c’est en faisant qu’on devient un faiseron.

 

 Dans mon prochain plan, il va y avoir de nouvelles cases : trouver un appart assez grand pour y aménager un petit studio, taper un CV et trouver un job qui me vampirise pas mon temps et le cerveau. J’aimerais bien bosser dans une librairie je crois. Je vais vous dire : c’est en notant chaque semaine mes impressions dans mon petit plan du moment que j’ai senti arriver le burn out et aussi le dégoût de mon métier. Oh, c’est un chouette métier, prof. Mais moi quand je serais grande, ce que je veux, c’est être joueuse de jeux vidéo.

 
 

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