Deuxième revue d’obsessions et tentative de typologie de mes intérêts fictionnels


 

Attention ! Cet article contient plus de belleaux gosses qu'il est humainement et théoriquement possible d'en supporter. Si votre cœur, vos yeux ou juste votre ego se mettaient à saigner, je ne pourrais que vous dire "je vous avais prévenu.e".

 

  
Dans un thread twitwi, j’ai essayé de sonder mes fantasmes aussi loin que j’ai pu, jusqu’aux alentours de mes 5 ans. Je trouvais marrant de me pencher sur ce que ça dit de moi et de la foultitude de gen.tes qui, dans leur corps d’adulte, nourrissent des fantasmes de prépubères. Là, je vais prendre ma pelle et mon clito et je vais creuser encore plus fort, jusqu'aux racines de ces désirs : la sexualisation des corps, le besoin de se sentir désirant.e, la peur de vieillir, la vie par procuration. Ce sera peut-être pas aussi léger que tu le crois.

 

CHRONOLOGIE

Alors, on y va, questionnons-nous sur le « pourquoi je fais ça ? » et pour commencer « avec qui ? ». Au passage je vais essayer d’y mettre de l’ordre et de construire quelques catégories. La toute première, quand j’étais vraiment, vraiment toute petite, sans qu’il soit question d’hormones ou de sexe, ce fut la catégorie des sauveurs.

Aussi loin que je me souvienne, j’ai fait des histoires dans ma tête. Au début, c’était des histoires avec une fille (ou juste des gens) qui est en danger et un garçon qui vient la sauver. La base, tu me diras. L’histoire toute entière de la littérature et du cinéma est construite sur ce trope. Et même avant cette histoire, c’est ce que la bio-évo nous raconte toute l’année : les femmes choisissent les hommes qui peuvent les protéger. La base, donc, de la masculinité forte qui sauve et de la féminité faible qui crie au secours. Mon premier héros, c’était mon frère ainé. Puis des gars de ma classe. Note que ces héros avaient à peu près mon âge et qu’ils existaient. La demoiselle en détresse, c’était moi. Je le précise parce que tout ça va beaucoup changer avec le temps : en devenant ado je me suis intéressée aux adultes et surtout, je suis personnellement sortie de mes propres fantasmes, dans une dissociation somme toute assez étrange. La catégorie des sauveurs restera la plus importante toute ma vie.

Mais revenons à mes 6 ans : je suis amoureuse d'à peu près tous les garçons de ma classe et je commence à avoir un genre de « sexualité », qui consiste à nourrir des pensées pour me faire chaud au ventre (PAS avec les garçons de ma classe). Quand j’étais petite, nous ne regardions pas la télé (j’ai une mère farouchement contre), donc mes premiers émois sont sonores. C’est Patricia Kaas qui m’a initiée à l’amour, figure-toi, sur une vieille K7 que ma mère m’a refilée parce qu’elle n’aimait pas cette chanteuse (du coup c’est bizarre qu’elle me l’ait refilée mais passons). Et l’amour selon Patricia Kaas, théoriquement, ça ne réchauffe personne. Eh bien moi si. Je trouvais ça tellement douloureux, langoureux, désespérant… Et c’est comme ça que de base, je me suis dit que la souffrance était un sentiment normal en amour. Souffrir c’est beau, c’est la preuve que tu aimes l’autre. En réalité, je venais juste de rencontrer le concept de dépendance affective ah ah ah.

 


Je m’endormais avec ça dans les oreilles (ou avec du Anne Sylvestre, autre délire), en imaginant des trucs sales… mais vraiment sales vu que j’avais pas encore bien capté comment on faisait l’amour. Je croyais que les hommes et les femmes se faisaient pipi et caca dans la bouche. J’étais pas si loin de la vérité quand on y pense mais bref.

Au début des années 90, la télé finit par arriver dans notre foyer mais à toute petite dose : nous ne regardions que des cartoons une demi-heure par jour. Et là, j’ai rencontré mon premier petit blond.

Mon tout premier crush de fiction, ce fut Dan, le fils de l’étoile, un dadet assez niais, qui devait sauver le monde de la pollution, du mensonge et de la maladie. À vrai dire, c’est trop lointain pour que je me souvienne de l’histoire et quand je revois des extraits aujourd’hui, je trouve ça animé avec les pieds. Il porte une petite jupe, il est taillé comme une ablette (quoiqu’il soit décrit comme « musclé », disons que c’était une autre époque…) et traine à sa suite un petit vers volant lumineux. Donc plutôt paisible comme masculinité.

 

Côté moins paisible, je me souviens d'être tombée en amour avec Shredder, le vilain du dessin animé Tortues Ninja (il n'avait même pas de visage, hein), j'ai dû trouver qu'il avait de jolis yeux. Je crois aussi que je le trouvais attendrissant, cette ténacité dans l'échec... Et ses muscles, peut-être bien.

Puis j’ai appris à lire, assez facilement, et j’ai adoré ça. Mon père avait une bibliothèque très bien fournie et de qualitay (Glénat en force) : c’est là-dedans que j’ai puisé mes inspirations suivantes. Avec Alef-Thau pour commencer. Une BD de Jodorowski et Arno qui se tapaient des délires à base d’ectoplasmes et de réalité alternative. Alef-Thau était un type assez malchanceux à qui il manquait bras et jambes (voire les yeux) et dont la quête consistait à retrouver son intégrité physique… J’adorais les histoires d’amour-désamour qui émaillaient la saga : il y avait l’immortelle Diamante, qui était d’abord son ennemie avant de devenir son grand amour (et qui était sacrément badass, avc un 95D hypnotisant), puis Malkhoute, qui l’adorait comme une folle dans une relation à sens unique… Alef-Thau en avait ras-le-bol de sa dévotion mais la gardait auprès de lui parce que c’était une super guerrière. Elle finit par se suicider pour lui offrir une jambe… C’est en devenant adulte que j’ai pris de la distance avec Jodorowski, dont le talent n’a d’égal que son sexisme patenté.

En revanche, j’ai eu plus de chance avec Jeremiah, le petit bijou d’Hermann. Je suis tombé en amour avec les mondes post-apo qu’il traversait, chaque tome se déroulant dans une ville différente, avec sa dystopie associée. Il jouissait d’une sexualité libérée (ça baisait toujours à un moment ou un autre), se déplaçait à cheval (puis à moto) et son compagnon Kurdy était aussi laid et moralement douteux que Jeremiah était beau et pur. Ces BD que j’ai lues mille fois chacune m’ont durablement marquée. 

Dans le même genre, j’ai adoré Les Passagers du Vent de Bourgeon et son héroïne méga-badass, Isabeau, qui parcourait les océans en se faisant passer pour un homme, avec son gabier malchanceux, Hoel. Ce fut aussi mon premier contact avec l’histoire de l’esclavage et le « commerce triangulaire », bien avant que l’on m’en dise quoi que ce soit à l’école (c’est-à-dire pas grand-chose) et autant te dire que ça m’a profondément bouleversé.

 

Au rayon fresque historique, j’ai aussi suivi les pas de Louis la Guigne, de Giroud et Dethorey, qui n’était pas vraiment beau, mais tellement… anarchiste.

Avoue que mes premières idoles avaient de la gueule ! Bah, ça a sacrément changé quand je suis devenue ado. On n’a toujours pas vraiment la télé à la maison, alors c’est chez les copines que je me découvre de nouvelles affinités… et ça commence avec des chanteurs.

 

Par exemple pour les frères Hanson : Isaac, Taylor et Zac, de jeunes blonds tout en cheveux qui ont offert au monde Mmbop (puis plus rien). Je craque également pour Mc Solaar qui tourne en boucle sur Fun Radio : il n’est ni blond, ni blanc mais je le trouve beaucoup plus fréquentable que la plupart des rappeurs, comme le groupe NTM que j’écoute beaucoup mais dont les chanteurs me font plus peur qu’autre chose… Je découvre un peu plus tard Eminem, et c’est le drame : j’invite mon premier bad boy dans mon panthéon privé. Pire, je deviens une vraie fanatique et je rêve qu’il devienne mon père. Ça en dit long, j’imagine, sur la qualité d’amour paternel que j’ai reçu. Il faut dire que j’attaque une dépression qui va durer 20 ans, qu’à mes yeux « tout est chaos, à côté, tous les idéaux du monde, abîmés », je fais des pactes avec le diable et j’entame un journal de la guerre au Kosovo.

 
À la fin des années 90, on n’a pas l’électricité à temps plein à la maison, mais on a la télé et un accès un peu plus étendu. On n’a toujours pas vraiment le droit de rester planté devant, mais on peut de temps à autre assister aux programmes que regarde notre père, à savoir : du sport.

De la Formule 1 d’abord, avec Jacques Villeneuve qui était quand même bien mignon. De la moto, team Valentino Rossi. 

 

Du foot, avec, en 98, le pic hormonal de la Coupe du Monde et son équipe de France parmi laquelle je ne saurais pas trop dire lequel je préférais. Si : Fabien Barthez. Et pas mal Ronaldo (le Brésilien, pas le Portugais, hein, du coup) que j’étais bien la seule à trouver séduisant.


Et puis du tennis : j’aimais bien parce que les mecs avaient l’air moins machos que dans les autres disciplines. J’ai crushé sur deux joueurs particulièrement opposés : Pete Sampras, le gars placide et réservé, et Andre Agassi (post-mulet), la rock-star. Le top c'était qu'on les voyait souvent ensemble sur les courts.

 

Mais ce qui va véritablement transformer mes fantasmes, c’est le cinéma.

En 98, j’ai 14 ans, mes parents divorcent, j’entre au lycée, on se paie une connexion internet et mon univers s’étend brusquement. Ainsi je découvre successivement Léonardo DiCaprio dans Titanic (non il n’y avait pas de place pour deux sur cette porte, ça suffit maintenant), Bruce Willis dans Armaggedon puis Le Cinquième Élément, Jean-Marc Barr enfin, tardivement, dans Le Grand Bleu. Ce sera une looooooongue série de crushs fictionnels sur des célébrités du cinéma, qui présentent deux avantages : ils sont beaux gosses évidemment, le showbiz les a choisi pour ça, mais surtout, chacune de leurs apparitions est associée à une histoire, un scenario (un film quoi) dont mon imagination va se saisir pour fabriquer ce qu’aujourd’hui on appellerait des fanfictions (mais juste dans ma tête). Il faut comprendre que je m’attache aussi bien à l’acteur qu’à son personnage.

 

Ici, petite pause : à ce stade de mon adolescence, ça fait quelques années maintenant que je ne me trouve plus dans mes propres fantasmes. Pour te dire, même aujourd’hui quand je me branle, ce n’est pas moi qui baise derrière mes yeux clos. C’est une sorte d’alter ego qui est un négatif très positif de moi-même, dont la particularité est qu’elle n’a pas besoin d’être sauvée. Maintenant, c’est elle qui a des muscles (elle n’est pas blonde non plus) et qui fait ami-ami avec ces messieurs (ou qui leur casse la gueule). Et qui les baise. Beaucoup. Mes rêves sont devenus très égalitaristes, très féministes, très émancipés. Mais pas avec moi, donc.

Tout ça se tasse un peu entre 16 et 20 ans : précisément quand je commence ma vraie sexualité, qui est une gabegie inénarrable. Ces 10 dernières années, j’ai souvent dit que j’étais « frigide », mais avec le recul, je ne sais pas trop si c’est le bon terme pour décrire cette période. Aujourd’hui, je dirais plutôt que c’était juste merdique : on est deux puceaux à ne pas savoir s’y prendre dans le même lit, je n’ai pas encore découvert mon clitoris (donc l’orgasme) et lui est éjaculateur précoce. Je suis également anorexique, pathologie qui, que ce soit une cause ou une conséquence, a tendance à éroder le désir. Et puis j’ai commencé à travailler, puis j’ai repris mes études, j’ai l’esprit assez occupé. Je change de boyfriends quelques fois, je vais voir ailleurs à l’occasion, bref, je découvre le sexe.

Les choses s’améliorent aux alentours de 2004 : je découvre l’orgasme et le plaisir de se masturber. Je suis toujours anorexique, j’ai toujours une vie sexuelle merdique meeeeeeh, mes fantasmes reprennent doucement de la vigueur. Je crushe un moment sur Colin Farell (S.W.A.T., La Recrue) ou sur Johnny Depp dans son rôle de Jack Sparrow. Et puis vaguement sur James Blunt, « l’homme le plus ennuyeux d’Angleterre ». J’avais même téléchargé une sonnerie You’re beautiful sur mon portable pour me réveiller tous les matins… Oué, c’était mon micro passage romantique.

 

 
Ça ne dure pas très longtemps : en 2006 je rencontre mon futur mari, Graindorge, ma libido explose mais elle s’ancre fortement dans le réel. En 2008, j’ai fini mes études, je commence à travailler et je mets au monde ma fille, Chicorée. Je travaille énormément, je découvre l’échangisme et le libertinage. C’est une pente qui m’amène, doucement mais sûrement, au burn out (2012), au divorce et au cancer pour cause d’infection au papillomavirus (2014). Patatra. La vie réelle, c’est nul.

La vie fantasmée, c’est safe : c’est à la faveur de cette débandade (et d’un loooooong arrêt de travail) que mes fantasmes reprennent de plus belle, tout azimut. Je m’attelle à l’écriture de La Fille en 2012, qui est un porno violent assez révélateur de mon état d’esprit du moment. Je renoue avec mes premières amours, les personnages totalement fictionnels, dessinés au crayon, avec l’anime One Piece… ça commence avec deux de ses personnages principaux, Zoro et Trafalgar Law. Mais ce sont les vilains que je préfère, avec Don Quijote Doflamingo ou Crocodile. Il me turlupine assez pour que j’en fasse un post de blog, des fanfics et de longues rêveries moites.


Aux alentours de 2016, je me penche sur des petits minets type Joseph Gordon-Levitt ou Elijah Wood et des branleurs charismatiques musclés à la faveur de ma découverte du MCU et autres films de super-héros. Robert Downey Jr m’occupe un moment, et dans une moindre mesure Tom Hiddleston, Chris Pratt, ou Henry Cavill. Mon compteur de sauveurs explose.

 



Cet attrait pour les beaux gosses à pectoraux surdéveloppés ne s’arrête pas avec la reprise de ma vie sentimentale et sexuelle. Mais il bat son plein avec ma rupture d’avec Johnny Boy, et rien, rien n’est comparable à l’intensité de mes derniers béguins pour, successivement, John Bernthal (The Walking Dead, Daredevil, The Punisher, Sweet Virginia, Pilgrimage, Mr Wolff…) puis Norman Reedus (The Walking Dead, Les Anges de Boston) et enfin Tom Holland (Billy Eliott the Musical, L’Impossible, Au Cœur de l’Océan, How I live Now, Civil War, Infinity War, Endgame, Spiderman, Le Diable tout le Temps…) dont j’ai poncé les filmographies les unes après les autres.
 



 
Ma phase Tom Holland, présentement, est stratosphérique. Faut-il rappeler qu’il a béni les internets avec sa prestation (meilleure que celle de Rihanna, et de loin) pendant le show Lip Sync Battle ? J'ai toujours eu un faible pour les danseurs (IRL je veux dire)...

 

 
 

LES FEMMES

Bon, les meufs c’est totalement différent, vu que je ne nourrissais pas de désir particulier, c’était plutôt un délire d’identification. Même pendant la période où j’étais un peu bi sur les bords (ado et jeune adulte), je ne me souviens pas d’avoir eu des crush pour d’autres femmes que celles de mon entourage, que je connaissais vraiment. Par contre, j’ai eu des idoles. Je n’étais pas fascinée à mourir, mais je les trouvais inspirantes.

Comme évoquée précédemment, j'ai eu des héroïnes de BD plein les yeux avant d'en trouver dans les médias. Comme Malkhout et Diamante, dans la série des Alef-Thau, ou encore plus impressionnante : Kriss de Valnor de la série Thorgal (par contre le héros me disait trop rien). J'adorais ses tenues. J'étais déjà plus femmes sauvages que princesses. Définitivement.


Mylène Farmer, je la trouvais super sexy, super libre et ses paroles de chansons ont longuement bercé ma dépression et ma recherche d’identité. Ensuite, j’ai surtout tripé sur des filles badass (Gal Gadot dans son rôle de Wonderwoman, Charlize Theron dans Mad : Max  Fury Road) et… musclées. J’adore les muscles sur les femmes. Comme sur Pink, ou Michelle Rodriguez.



TYPOLOGIE

Regarde, j’ai fait des tableaux et des pourcentages (punaise, quelle barbe, mais pourquoi je m'inflige ça ??) ! Petite précision : le même gars peut-être à la fois brun et blond, réel et fictionnel, good et bad vu que je dissocie la personne du personnage concernant les acteurs (mais pas tous, c’est comme ça épicétout). D'ailleurs, good et bad, ça se discute, des fois ce n'était pas évident à déterminer, j'ai coché à l'instinct. J'ai travaillé sur les catégories les plus évidentes, il y en avait d'autres possibles mais qui m'ont paru moins pertinentes vu les petits effectifs qu'elles impliquaient : par exemple, j'ai eu très peu de béguins pour des personnes non blanches.


 
Ohlala, y a même des graphiques (send help pls) !

 

ANALYSE

On voit tout de suite que dans ma prime jeunesse et mon adolescence, je craque pour les petits blondinets frêles, gentils et plutôt timides, avec un intérêt particulier pour les sportifs et les chanteurs. La blondeur, la minceur… ce sont des fantasmes enfantins. Je note mon attrait (relatif) pour les chauves : y a-t-il un rapport avec le fait que mon père l’était ?

Le fait que ça ait commencé quand j’étais toute petite m’incline à penser que c’est plutôt un élan naturel, très primaire. D’où la sensation d’être une gamine quand ça me reprend. De prime abord, c’est purement sexuel, hormonal. J’imagine que c’est relativement normal de craquer sur des beaux gosses. En cela, les filles sont exactement comme les gars : regarder une personne sexuellement attrayante, ça booste le mojo. Sauf qu’en grandissant, les choses se barrent en couilles : une meuf qui continuerait au-delà de ses 16 ans à baver devant des pectoraux (a fortiori de célébrités) sera vue comme une pisseuse superficielle et mal dégrossie, tandis que de leur côté, les hommes se sentiront autoriser à exprimer tout haut leur attrait pour la gente féminines, aka le harcèlement de rue, la drague lourde et « Hey, mamoizelle, tu suces ? ». Deux poids, deux mesures. Cherchons le juste milieu : c’est OK de fantasmer devant qui on veut (mais posez-vous des questions quand même), c’est pas OK de poursuivre de ses ardeurs le fantasme en question. Cette frustration de ne pas pouvoir obtenir les faveurs de Tom Holland ou de ta jolie voisine, ça s’appelle la décence. Je trouve super malaisants tous les « Tooooom, marie-moi » : individuellement ça a bien dû m’arriver, mais x10K sur les réseaux sociaux avec mention de son @, c’est gênant pour lui en fait.

Sexualiser un homme n'est pas plus valide que de sexualiser une femme. Et même si c'est un désir bien naturel, même si les célébrités et le monde du showbiz s'y vautrent complaisament en pleine lumière, je reste persuadée que le meilleur endroit pour s'y adonner, c'est dans votre tête. C’est pourquoi je prends soin soin, ici, de ne point dégrader les messieurs avec des appels à me faire soulever ou être la mère de leurs enfants (quelle horreur). Le mème ci-contre est amusant (et c'est vraiment un tout petit aperçu, très soft, de ce qu'on peut trouver...), il flatte notre ego et on pense même flatter l'homme qui y est représenté, mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un être humain qui ne résume pas à la pose qu'il a offerte au photographe. Acteurices et autres célébrités s'offrent littéralement aux yeux des milliards d'humain.es et les exemples sont légion parmis elleux qui souffrent de harcèlement, de la perte de leur vie privée, de manipulation et de sensation de ne plus s'appartenir. Je me méfie de base de tous les arguments en mode "iel l'a bien cherché."

Revenons à notre chronologie. Jeune adulte, ma limite entre le bien et le mal devient floue et les bruns font leur apparition… toute proportion gardées vu que trois doigts suffisent à les compter. Ce qui décrit bien mon adolescence, tourmentée et emplie de solitude.

À l’approche de la trentaine j’aime encore mieux quand ils n’existent pas vraiment, qu’ils sont musclés et charismatiques… Je deviens grande ! Je préfère les grands messieurs ! Pour ce qui est des muscles, je me suis longtemps demandé « Pourquoi ? ». Je suis pas fan de muscles en vrai. Je crois que j’associais trop ça à la superficialité, voire la bêtise : comment peut-on passer autant de temps à faire grossir ses biceps ?? Là aussi, l’évo-bio nous explique que les femelles se tournent, pour s’accoupler, préférablement vers les mâles susceptibles de pouvoir les défendre. À ce propos, j’aimerais casser un truc : le mythe du bad boy. Et si les femmes se tournaient vers les hommes violents non pas parce qu’elles aiment se faire taper dessus, mais parce que tout contrairement elles pensaient pouvoir s’en prémunir, selon une double logique : 1) Si l’homme violent t’aime il ne te frappe pas 2) Si tu es avec un homme violent, il te protège des autres hommes violents. CQFD, mais oupsi, le patriarcat c’est pas un bisounours. Si nos gènes pouvaient se mettre à jour, merci. En tout cas, mon cerveau s'est mis à jour : je fais de la muscu, maintenant.

Les tendances de 2010 se confirment en 2020 avec des mecs toujours plus gentils, costauds, et bruns.

Je veux insister sur le fait que je ne suis pas vraiment une « fan » de toutes ces célébrités, à quelques exceptions près (Eminem d’abord, puis beaucoup plus tard Bernthal et Holland), je ne suis pas vraiment passionnées par les individus, je ne me renseigne pas plus que ça sur leur vie, leur filmo ou leurs extravagances, je me contente de me nourrir de leur sex-appeal, quand j’ai le temps. Pour les trois que j’ai vraiment idôlatrer, la personnalité comptait énormément (du moins ce que je peux en percevoir) : Eminem parce qu’il était méchant, Bernthal et Holland parce qu’ils m’ont l’air super gentils et droits dans leurs bottes.

Il y a quelque chose de totalement fou et désespérant dans le fait d’être fan de quelqu’un.e : par définition, ces gen.tes sont inaccessibles, on ne les rencontre jamais et l’amour (n’ayons pas peur des mots) qu’on leur voue est fatalement à sens unique. Des fois ça me fait mal dans mon petit cœur… C’est assez honteux aussi. Ne vous méprenez pas sur mon ton décomplexé, là, en vrai je n’oserais pas en parler à mes proches. Peut-être bien que j’en parle ici pour évacuer la pression. Quand j’étais gamine, je me moquais de mes copines qui achetaient des tonnes de magazines pour avoir des photos et des posters de DiCaprio, j’avais pas besoin de ça. Ah ah. En vrai c’était pas dans ma culture familiale, parce qu’on était pauvre, tu vois, et aussi j’ai été élevée dans un dogmatisme très terre à terre, j’avais pas le droit d’être une minette enamourée. Je me rattrape aujourd’hui.

Du coup je remarque que c’est complètement dépendant de mon accès aux médias : quand il n’y avait pas la télé à la maison, c’était des personnages de BD. Puis des stars de cinéma quand j’ai commencé à sortir. Enfin, avec la montée en flèche des réseaux sociaux dans ma vie, ça part dans tous les sens. Avec internet, l’afflux d’images est ininterrompu, je peux passer des heures sur le hashtag d’une célébrité, il va y avoir un nouveau post, article ou photo toutes les minutes. Les stars sont déshabillées de A à Z dans des interviews, des émissions, des vidéo insta, parfois elles ont leurs propres compte sur les RS, ça n’a pas de fin. Et ça donne faim.

Un mot vite fait (non) sur l'âge de ces messieurs : globalement, ils ont grandi avec moi. Je m'intéresse à des hommes de plus en plus âgés, ce qui est assez sain j'imagine. Il n'y a bien que monsieur Holland qui dénote dans le tableau  il est, jour pour jour, de 12 ans mon cadet. Bon c'est pas énorme mais vu que j'ai toujours eu un attrait pour les hommes plus âgés que moi, je m'interroge. L'éclat de sa jeunesse me fascine. Je dois dire qu'à l'approche de la quarantaine, j'éprouve une certaine mélancolie pour ces peaux immaculées et bien tendues, ces dents éclatantes, ces formes déliées, cette énergie débordante et communicative. C'est ma jeunesse que je pleure : est-ce que j'en ai assez profité ? Franchement, oui, ça vaaaa. Est-ce qu'on me désirera encore ? Sûrement, d'ailleurs je sais de source sûre que je le suis. Du coup, est-ce que j'ai pas carrément envie d'être vénérée, comme le sont ces dizaines d'hommes et de femmes que je viens de citer ? Est-ce qu'iels ne seraient pas elleux-mêmes dans cette démarche, toute empreinte de crainte, de manque, de refus du temps qui passe, de besoin d'être aimé.es, bordel ? Peut-être bien que mes failles sont les leurs, tout pareil. Ce serait pas un échange de "bons" procédés, légèrement malsain, que l'on aurait iels et moi ?

Dans la même veine, je constate que ces obsession s’inscrivent dans le creux de mes émois amoureux et sexuels, la plupart du temps : plus je suis seule dans mon lit, plus j’en ai dans la tête. Dans le creux de ma vie tout court d’ailleurs : plus je m’emmerde, plus je vais mal, plus ma vie est plate, plus j’en veux. Sauf quand ça va vraiment mal, là c’est extinction des feux. Être adulte, bah c’est chiant en fait. C’est contraignant, fatiguant, dégradant ; les gens normaux sont comme moi : déprimés et déprimants. Vivre dans sa tête, rêver tout le temps, ça empêche de se confronter à la dure réalité des choses et c’est évidemment le but. J’assume mes responsabilités ! mais à la condition que de temps en temps (c’est-à-dire le plus souvent possible), je puisse y échapper.

Je serai peut-être toujours une stagiaire de la vie, qui joue la carte du mauvais élève pour pas qu’on lui en demande trop, qui se réfugie dans sa cabane en coussins sous son lit gigogne pour lire Harry Potter et dévorer des tablettes de chocolat. Cette cabane en coussins, c’est un peu le balcon où la meuf de la chanson met du vieux pain pour attirer les moineaux, les pigeons : je compense, je vis par procuration. Ado, je rêvais de devenir chanteuse, ou actrice, comme beaucoup d’ado j’imagine. Et puis la vie, quoi. Tous ces gens ont réussi dans ce que je n’ai même pas commencé d’entreprendre. Tout ça me rappelle que moi aussi, j'aimerais avoir "ma" part d'admiration. Plus ça va et plus je me dis que je veux voir mes propres rêves se réaliser. Quand je me souviens de ce que la petite Volu désirait pour sa vie, "quand elle serait grande", ça me fait un peu mal au ventre. J'ai un toit sur la tête, un peu d'argent sur mes comptes en banque, une fille merveilleuse qui a beaucoup d'admiration pour moi, une famille qui se recompose doucement... et puis j'ai aussi un cancer, un métier qui me pèse, un sentiment de solitude grandissant. Et le temps qui presse, qui presse... D'une idole à l'autre je fais le balancier entre mes désirs et la réalité, mes besoins et mes capacités. J'abandonne, puis j'ai à nouveau envie, moi aussi de réussir.

Sur cette note légèrement dépressive et dépréciative, concluons.

 

L’être humain.e se fabrique des idoles, c’est dans sa nature je pense. C’est parce qu’iel est toujours à la recherche d’un truc, iel est intranquille, veut vibrer, veut croire, veut ce qu’iel n’a pas, se veut et se voit plus grand qu’iel n’est. Iel s’ennuie, en manque, iel est si rarement heureu.se ! Et aussi iel ne veut pas toujours se fatiguer à chercher le chemin tout.e seul.e, iel aime être guidé.e. De nombreuses croyances et religions incitent leurs ouailles à ne pas s’adonner à ce genre de penchants, considérés comme des vices qui tuent l’autonomie de pensée et distraient de la réalité du quotidien (mais tout en leur proposant une grande idole pour remplacer les autres, mais bref). On peut voir les choses de l’autre bout de la lorgnette aussi : il y a des humain.es qui deviennent des idoles, qui ont le désir d’être adoré.es, admiré.es, confirmé.es ; ça me parait pas beaucoup plus équilibré à la réflexion. C’est le régime de terreur du temps et de la mort qui nous vouent à l’oubli qui nous pousse à vouloir briller ou chercher les lumières. Il y en a qui brûlent de mille feux et d’autres qui se réchauffent à leurs pieds. C’est donnant-donnant mais un peu pathétique, il faut bien le dire.

 

N'hésitez pas à me faire part en commentaire de vos propres intérêts et réflexions, ne me laissez pas seule dans la honte et le désarroi.

Personnellement, j’ai hâte que ma phase Holland passe, et j’espère qu’elle ne sera pas remplacée par une autre de si tôt, parce que, punaise, j’ai plein de trucs à faire ! Genre…. Devenir une idole.

 

 

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