Retrouve ton porc : droit de réponse
Volubilis, 2006 |
Quand je disais que parler et poser des questions provoquait des réactions… J’ai balancé l’article « Retrouve ton porc » hier et ce matin j’avais déjà une réaction de ta part, toi qui n’a pas trouvé le courage de m’adresser la parole depuis 10 ans et qui n’avait rien à dire lors de cet appel téléphonique… Attention, attention, je ne lave pas mon linge en famille, je le fais sur la place publique.
Ce matin à huit heures, je reçois un texto qui me dit :
« Ton récit sur le blog c’est ta fiction, je ne partage pas ta vision mensongère sur moi. Je savais très bien pourquoi tu voulais que j’appelle… bon vent »
Je ne suis pas étonnée que tu lises ce
blog, pour commencer. Il a même fallu que tu le surveilles de près depuis un mois pour ne pas rater ce billet. Du coup j’en déduis aussi que tu as
bien compris à quoi me sert ce blog : il y avait 100% de chances que notre
conversation s’y retrouve.
Sur ce blog, je parle de mon intimité,
évidemment pas parce qu’elle est fleurie et joyeuse. C’est un endroit peu sûr
et bien sombre, c’est un lieu caché, rempli de mirages, d’émotions aveuglantes
et de silences imposés. Tu me parles
donc de fiction, de vision mensongère. Finalement, tu trouves bien plus violent
cette description que je fais de toi que tout ce dont tu as pu être le témoin :
tu me traites de menteuse. Ça, c’est la rengaine de ceux qui se taisent. Vous
tronquez la réalité puis vous vous étonnez d’une vision tronquée de votre
personne sacrée. C’est aussi la rengaine des coupables. On ne peut pas flouter
le passé et espérer qu’il en sorte quelque chose de clair vingt ans plus tard.
C’est carrément pour ça que je suis là, pour que la fiction, l’idée que je me
fais de tout ça soit la plus nuancée, la plus proche de la réalité possible. Le
bobard qui nous sert d’histoire familiale, j’en ai ma claque. Si tu as des
choses à dire, dis-les. Je n’ai peur de rien de ce que tu pourrais dire et je
trouverais tout à fait juste que tu donnes ta part de vérité. On n’est jamais
mieux servi que par soi-même, hein.
Tu savais donc pourquoi j’appelais. C’est
normal, le SMS par lequel je te demandais de me rappeler était assez explicite :
« C’est L. Je n’étais pas sûre que ce n° soit le bon. J’aurais besoin de te poser des questions concernant des choses importantes et donc si tu le veux bien que tu me rappelles à un moment où tu es tranquille et dispo aujourd’hui ou les jours à venir. Sur mon fixe si possible : 09… Bonne soirée ».
En fait, tu vois très, très exactement de
quoi je parle, nonobstant ton refus d’en dire quoi que ce soit. Et je le sais
puisque j’ai des lettres de toi où tu me parles de deux trois trucs bien craignos.
Bien sûr que tu sais : tu étais là. Je sais que tu sais. Mais tu ne dis
rien. Ce silence est peut-être confortable pour vous (??) mais moi il me
détruit. Je suis clivée jusqu’au fond de la dernière de mes cellules. Je suis furieuse d’être
trahie par mes proches, je suis amère du peu d’amour que j’ai reçu, je suis
fatiguée de cette lutte simplement pour vivre. Et il faudrait que j’aie une
vision apaisée de votre silence ? Il faudrait qu’il me reste assez de cœur
pour avoir pitié de votre ego ?
Tu veux que je développe peut-être, que je
sois plus précise ?
C’est vrai, j’ai omis plein de morceaux de
notre conversation : par exemple celui où tu me dis que je t’ai fait du
mal aussi, tu sais, quand tu as mis sur le même plan le fait que je sois violée
et le fait que tu sois cocu ? C’est pas le moment où ton courage et la
décence sont le plus mis en valeur, mais je peux argumenter si tu insistes. Il
est vrai que notre séparation a été un summum de la connerie familiale, vous
avez mouliné de la saloperie misogyne plein tube, j’ai été copieusement trainée
dans la boue. Il vous est plus doux de savoir que je suis détruite que libre.
Des conneries miso comme celle-là, tu en
as dit des pelles, je me suis cantonnée à la question qui m’occupe : ma
famille. Ton silence donc et ta violence. C’est ton silence qui fait que j’ai
de toi la « vision mensongère » de quelqu’un qui couvre par sa
lâcheté les violences que j’ai subies. Pire : tu les excuses par ta
misogynie. C’est le seul rapport que j’ai à toi. Fournis-moi une autre
expérience de ta réalité si celle-ci ne te convient pas : parle.
***
La rumba continue ! Quelques heures après son message, j'en ai reçu un autre, de mon père celui-là. On dirait que ça vous travaille ou bien ? Vous vous passez enfin le mot ? C'est l'approche des fêtes peut-être ? Vous réalisez que je suis tellement lasse aujourd'hui que je vais vous laisser vous dévorer entre vous, ici en place publique ? Que j'ai dépassé tous les dégoûts ?
Il me demande pourquoi je suis fâchée. Est-ce que ça a à voir avec "ce qui s'est passé avec ton frère aîné" (j'adore la pusillanimité, comme chacun sait) ? Il ne savait pas ! C'est son énième mensonge : cela fait des années que je lui en ai parlé et il a eu à l'époque exactement la même réaction qu'aujourd'hui : il ne savait pas !
Cela fait des années que j'en parle et vous avez toujours ces ragots odieux qui consistent à me dépeindre en train de "sucer mes frères" (!!), ces versions sadiques, perverses, qui n'ont juste rien à voir avec celle que je vous ai toujours donnée. La seule chose que je conclus là-dessus, c'est que vous ne m'avez pas crue et que vous ne me croirez pas davantage aujourd'hui. Cet obstacle insurmontable qui vous empêche d'être en empathie avec moi, de me croire et de me respecter, ça s'appelle la misogynie, cette obsession patriarcale. Depuis 20 ans, c'est la première fois que vous me demandez ce que j'ai à dire. Et ça prend tellement de place dans VOS têtes que vous en oubliez que vous avez été odieux avec moi, violents, permissifs et que c'est pour ça que je suis fâchée. Vous n'avez pas un gramme de ma confiance.
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