Shame - Steve Mc Queen (2011)




Long, lent et plat… Shame, le film de Steve Mc Queen sorti en décembre 2011, n’aura pas été l’amant de la semaine... ça tombe bien, j'imagine, c'est le propos du film.


Brandon (Michael Fassbender) est le « héros » de cette histoire. La trentaine qui ne va pas tarder à grisonner, il faut se figurer cet homme d’affaires new yorkais comme un croisement entre le héros hygiéniste de Bienvenue à Gattaca et l’érotopathe Humbert Humbert de Nabokov. Le genre de gars qui désinfecte la cuvette des WC avec frénésie avant de se masturber au-dessus.

Dès les premières images, tout nous explique combien il est malheureux, Brandon.

Sa vie est en trois couleurs : gris, blanc et bleu. Son appartement, ses vêtements, son environnement, son bureau, la lumière de la rame de métro, les rues qu’il parcourt comme un fantôme portent tous ces mêmes couleurs ternes et froides. Sa vie est monotone, répétitive : je me réveille, je me branle, je me douche pendant que je laisse tourner dans le vide les messages téléphoniques de femmes au bord du suicide, je vais travailler, je me branle, je vais travailler, je vais baiser, je rentre, je me branle, je me douche pendant que je laisse tourner dans le vide les messages téléphoniques de femmes au bord du suicide, je chasse sur internet en écoutant de la musique classique, je me couche. Séducteur à l’impassibilité ravageuse ( ?) il ramasse d’un simple regard (a)vide toutes les pauvres femmes en manque de tendresse qu’il croise, mais malgré tout, Brandon se réveille seul tous les matins.


BRANDON : Je ne comprends pas pourquoi les gens s’obstinent à vouloir se marier. Et qui plus est, dans la société d’aujourd’hui. 
FEMME : Ah ouais ? 
BRANDON : Ouais. Je ne vois vraiment pas l’intérêt. 
FEMME : Pour avoir une relation durable ? 
BRANDON Ça ne me semble pas du tout réaliste. 
FEMME : T’es sérieux quand tu dis ça ? Si c’est le cas, qu’est-ce qu’on fait là ? 
[…] 
BRANDON : J’aime les sensations que ça me procure. J’aime quand il n’y a plus que lui et moi. Je veux te goûter. Je veux fourrer ma langue à l’intérieur de toi, pendant que tu jouis. […] (au petit ami) Ensuite, après l’avoir sodomisée, je lui mettrais mes couilles dans la bouche, pour lui jouir en pleine gueule.


Pas gai, gai.

Et autant vous dire que ça ne s’arrange pas quand sa sœur chanteuse de bar (Carey Mulligan) débarque dans son appartement. On imagine la difficulté que va avoir Brandon à dissimuler sa vie décousue à sa sœur Sissy. Or, ce n’est pas du tout ce qui se passe : ce qui va être dur pour Brandon, c’est de voir à quel point il est lui-même ce qu’il appelle de ses propres mots une putain. Le portrait de la sœur est corsé aussi : si vous attendiez une fille libérée pour qui ça se passe bien, circulez, y a rien à voir. Sissy se laisse prendre par tout ce qui l’approche, ce qui la rend très malheureuse, parce que du coup, son ptit cœur est tout cassé à chaque fois qu’elle change d’homme. Bon.

Le nerf du film, c’est la réaction de Brandon : il est ulcéré. La voir se faire son boss – marié, des enfants – lui est proprement insupportable. Il rentre dans une fureur folle, il va péter les plombs, Brandon. Il va passer une sale nuit, dont il ressortira tout meurtri, tout plein de doutes et de peur, plein de dégoût pour lui-même. Shame... Larchouma, la honte, quoi. La honte du sexe est un truc en fonte de soixante-et-onze mille tonnes qui plombe le film de bout en bout.

Bref, si vous êtes en mode « J’ai besoin d’espoâr », laissez tomber.

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