Sur mon 31
Rencontre, donc, entre N., l’homme de sa vie,
et nous. Cela peut laisser croire à une soirée échangiste, je sais, mais ça
n’était pas tout à fait le cas. Ça en avait les intentions, mais guère les
moyens : sur quatre, nous étions deux pratiquants. C’était donc… une soirée de
rencontre, d’initiation, d’intronisation ? Un début de quelque chose.
Chose déjà vécue quelques semaines plus tôt, et
dont je ne vous ai pas parlé pour la même raison qui fait qu’aujourd’hui, là,
sur le clavier, c’est dur.
Parce que ça ne ressemblait en rien aux
échanges que nous avions pu faire les années passées.
Parce que les émotions étaient déjà fortes entre
certains participants, proches de peu pour les autres.
Parce que, en ce moment, je ne suis pas
vraiment assez costaud pour supporter ce que je désire.
Et surtout, surtout, parce que j’attends de mes
partenaires masculins ce qu’il a fallu, à un moment ou un autre, donner
moi-même.
Notez, tout ça, je le savais avant. Je savais
que ce serait un exercice de style et d’équilibre difficile. Je pense, par ailleurs,
y avoir réussi (jusqu’à la dernière heure…). Et je peux affirmer, en plus, y
avoir pris grand plaisir. Pour vous dire, un peu, comme c’est compliqué.
Pour vous dire aussi, voici comment je
l'imaginais, Elle. Elle constituait ma principale angoisse, alors que je savais
que la relation que j'aurais à nouer, ce serait avec Lui.
Ils
sont arrivés en fin d’après-midi, après une attente insupportable. Je parle
pour moi, hein. La parole a été rapidement fluide et décontractée. Nous sommes,
visiblement, de la même planète. Hou Hou (Chouette). Agapes, comme narré plus
haut, des plus réconfortantes et traditionnelles, nous écartons rapidement les
assiettes pour installer un tapis de jeu, des jetons, des cartes. La fille qui
a perdu son stack, c’est moi. Une ceinture, 100 balles. Mon joli t-shirt cousu
main : 300 balles. Comme dit une fois de plus plus haut : enlever plus ça
aurait été trop. L’ambiance était très bonne, mais pas encore chaude, pourtant,
on sent bien qu’il ne faut pas grand-chose…
Graindorge
et N. ont trouvé le moyen de s’attraper, une ou deux fois, dans la cuisine,
dans la salle de bain. Je me figure que ça doit les gratter drôlement. Ils
restent sages, néanmoins. Ça jette quand même de la phéromone dans l’air, et on
glisse vers le canapé, un massage… On s’encastre les uns dans les autres, les
mains commencent à se balader. Les choses deviennent sérieuses.
N.
et Graindorge jouent rapidement les baromètres et c’est peut-être ce qui a été
le plus fatiguant, j’avais les antennes tout azimuts pour être sûre de pas
faire le geste malheureux, de prendre soin de tout le monde, et en particulier
de celui qui était mon partenaire.
Pour
le coup, sur une autre planète. J’ai fait preuve d’autant d’affection et de
douceur que possible, et dieu sait si j’en ai, tout en tâchant de prendre les
choses en main à la même vitesse que la marée montante, à côté de nous. En
fait, la marée, ce faisant, faisait aussi des efforts pour pas avaler tout le
sable de la plage. Équilibre, sur un fil…
Nous
avons donc pris le temps, tous, de nous découvrir, visuellement, olfactivement
et enfin avec les doigts… J’ai apprécié son corps à lui, je lui ai offert le
mien, j’ai observé le sien à Elle aussi, chaloupe à la mer. Ne l’ai que
doucement effleurée. Ils étaient un peu loin, tous les deux, à tous les sens du
terme.
C’est
ici que le détail qui fait oOops s’immisce : nous avions, toutes autant que
nous étions (deux, donc), nos règles. C’était su, de longue date, prévu,
anticipé, et pourtant... Communication, communication… je crois même me
souvenir, et cela a été corroboré par un second témoignage, que ce petit aléas
avait même paru pratique puisque assurant que pas grand-chose ne se
passerait...
Ça
donne lieu, assez nécessairement, à des rapports abordés sous un autre angle,
hein, et bien figurez-vous qu’en matière de cul, msieurs dames, j’ai pas croisé
un amateur ce jour-là. C’est tout à fait comme ça que j’aime qu’on s’y prenne :
avec compétence et détermination.
Ça
m’a bien détendue, je dois dire. Je me suis retrouvée frissonnante, exténuée,
toute évaporée.
C’est
là qu’intervient ce facteur que j’ai trop tendance à négliger (et pourtant je
me soigne) : la fatigue. Enfin, eh, m’imaginez pas haletante au premier round,
nous approchons à ce moment les six heures du matin. Et le premier round a duré
longtemps, voilà tout.
La
mer et le vent, à côté de nous, n’en finissent plus de se mélanger, ils évitent
toujours le gros grain qui ferait chavirer le canapé, on retourne à l’abordage,
on déleste, on écope, on libère de la vapeur mais pas trop, que la situation
reste sous contrôle. Le spectacle de N. sous les caresses de Graindorge fait
redoubler d’excitation mon partenaire.
Après
ce second round, je suis juste morte, j’ai juste envie de dormir. La nuit est
sensée être collective (souhait exprimé par plusieurs d’entre nous et j’en
suis), mais la marée monte et descend toujours, dans un bruit constant, que
brutalement, je ne supporte plus. Je rejoins le lit conjugal un peu froid à
l’heure où les coqs vont pointer. Mon bas-ventre reste brûlant longtemps.
Graindorge me rejoint une heure plus tard.
Dans
la cuisine, au levé, on sent que la nuit
traîne encore dans les coins de chaque pièce. Vous savez, amis qui parfois
recevez vos partenaires de jeu, ces odeurs nouvelles et féminines qui sortent
de la salle de bain des heures après qu’ils soient partis… Et aussi les mots
trop petits pour dire tout ce qu’il y a à dire, les têtes (pas forcément
performantes en plus) qui pédalent encore plein tube. La facilité avec laquelle
le mari de N., relativement à ce que je peux rencontrer par ailleurs, est
proprement stupéfiante, sa langue est libre et son cœur fort ! Le débriefing a
donc bien eu lieu. Le temps faisant beaucoup à l’affaire, on savait qu’il y
aurait davantage à dire une fois quelques jours passés.
Commentaires
Enregistrer un commentaire