Souffrir





J’écoutais ça, tantôt, et là j’ai compris une chose très importante (que ça fait juste des mois que tout le monde me le dit).

C’est pour ça que j’écoute de la musique, d’ailleurs, pour avoir un truc (mais pas quelqu’un d’autre) qui pense à ma place. Des fois ça tourne furieusement sur la platine. Chuis zune fiiiiiiilllle. J’aime me bousculer. J’aime me faire souffrance, j’aime l’angoisse du beau et l’étreignant de la détresse. J’arrête pas de mourir, finalement, je kiffe cette agonie, que je sais pertinemment pouvoir être pire que ce qu’elle est, oh ! Ma vie pourrait être douce si j’admettais une bonne fois pour toute que j’aime me faire mal. J’aime que ce soit furieux, que ce soit fort, que mon corps palpite, que mon cœur hurle ! Pourquoi ? Mais parce que, bordel, ce que j’aime me faire du bien !!!



J’ai rassemblé quelques preuves pour étayer mon propos :

J’ai des manières de pittbull avec ceux qui m’impressionnent (les gens plus grands que moi…) parce que l’attaque est la meilleure attaque. J’ai des manières de pittbull avec ceux que j’aime parce que je suis le meilleur ami de l’homme.

J’ai refusé la péridurale alors que j’avais un enfant coincé dans le bassin. La sensation de colère violente, de fureur brutale qui m’a saisie, est la plus vivante, la plus intense que j’ai jamais vécue. J’ai juré comme un charretier et j’avais qu’une envie, non plusieurs : coller une mandale à Graindorge, dégommer le gynéco qui me dilatait d’un doigt malhabile, arracher ceux de la sage-femme qui me palpait l’abdomen soi-disant pour me délivrer, puis encore plus atrocement, me recousait vivante. Putain les cons. Ça fait mal.

J’ai un épours-en-peluche aux manières de franciscain pour me sentir vraiment cochonne. Je voudrais coucher autant de fois que je le veux avec toutes les personnes que je veux alors qu’il ne veut pas vraiment et que notre leitmotiv c’est « communiquons ».

Je harangue les flics et je pratique la nudité publique pour me mettre exprès en porte-à-faux avec la société qui me fait vivre.

J’ai voulu mourir au sommet du mont Royal, en tailleur sur un garde-fou de l’oratoire Saint Joseph, la nuit, avec Era sur les oreilles, par moins quinze degrés (-15°C). Et quelques autres nuits passées écrasée sous les étoiles.

Je me souviens nettement de la ouate délicate qui m’enveloppait, après la chute de gymnaste (elle devait faire trois fois mon poids !) qui m’a un touptipeu fragilisé la boîte crânienne. Je me souviens comme ça m’emmerdait, tous ces gens qui voulaient que je me réveille.

J’aime avoir faim.

J’ai pratiqué la danse classique. Je suis sorti avec un danseur de ballet homosexuel. Je sais me faire un chignon (mais je sais plus avoir les cheveux longs, par contre – des nouvelles de mon crâne ? dru !), poser mon pied sur mon chignon.

Je bois alors que j’aime pas forcément vomir.

Mon objectif est depuis longtemps de devenir une femme parfaite (qui fait tout, TOUT, le boulot, la vaisselle, le ménage, les yaourts, la pipe du matin, du soir, les trucs hard, les trucs hot, les trucs lights, les trucs cool, la douceur, la détermination, la lucidité, TOUT).

Je suis une féministe soumise.

Des fois, j’écoute Bashung.


Après ça, si vous n’êtes pas convaincu que je souffre…

… et que j’aime ça…

Je voudrais continuer à douiller un max sereinement. J’aime jouir like a beast, retrouver l’âpreté de l’amour Crop Mignon, dont on ignore tout à mon grand dam. J’ose croire que je me démarque de cet amateur de NéantDerThal, pas super futé quand même.

Y en a qui vont que je remets les deux pieds dans mon code génétique aberrant. Y en a qui disent que je m’interdis la rédemption, qui se demande pourquoi je ne me calme pas.

Pour commencer, c’est pas tous les jours, que j’ai envie de me faire mal.
Ensuite, vous me connaissez, je sui folle et mais relativement bien intégrée, cochonne mais pas adultère, souple mais pas cassée.
Enfin, les symptômes disparaissent si je reprends mon lithium (en homéo…).


Je prends ici des décisions :

- je reprends le lithium
- je prends un amant sado-masochiste
- je baise 9 km par semaine et je cours au moins une heure tous les jours


Sacrée affaire de s’apaiser.

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