Vanité


Vanité, Juriaen van Streeck
(1670)


Aujourd’hui, un mot !

Je suis un vieux mot, le temps, la peinture et la littérature m’ont largement anobli. Pourtant, je suis péjoratif, malgré la proximité de sens que j’entretiens avec la Gloire. Ce qui m’en sépare ? La vacuité ! Que de la gloriole ! Je suis vain, vide, bientôt mort et pourtant je me vante, je suis, je suis…


Tout est vanité,
Charles Allan Gilbert (1902)



Vanité
Substantif féminin
du lat. vanitatem, de vanus, vain.

Le terme de vanité traverse et innerve le Grand Siècle. Ce succès, dans la langue et dans l’usage, tient en partie à la complexité d’un mot déjà fort ancien au XVIIe siècle et qui, dès l’origine, se caractérise par sa dualité. Semblable à Janus, la vanité offre en effet deux visages. Protubérance présomptueuse, sa face convexe est boursouflée de prétention et d’envie : c’est la vanité vaniteuse, parent pauvre et ridicule de l’orgueil. À l’avers, sur sa face concave, se dessine au contraire le profil déprimé d’une vanité sage, opérateur de déréliction et pédagogue de la désillusion, par la conscience que tout est vain, par la perception lucide du néant. Les deux qualificatifs, « vaniteux », d’une part, et « vain » de l’autre, s’opposent ainsi diamétralement par leur acception et leur application, même si leur commune référence au substantif « vanité » les associe, les superpose même – la vanité présomptueuse n’exprime-t-elle pas à son paroxysme la vacuité des illusions humaines ? 



1. Caractère de ce qui est vain, de ce dont la réalité ou la valeur est illusoire. Vanité de la gloire militaire ; vanité du monde, du siècle, des choses humaines ; universelle vanité.

« Tout n'est que vanité. Pour un titre ils vendraient leur âme, en vérité ! Vanité ! vanité ! tout n'est que vanité ! » 
Victor Hugo, Hernani

2. Caractère de ce qui est inutile, de ce qui ne peut rester que sans effet. Vanité des efforts, des prétentions.

3. Choses vaines et futiles, propos vains. Dire des vanités.

« Je vous arrache, parures ! Tout, tout ! reprenez tout ! je vous dépouille, vanités, et je sortirai d'ici toute nue ! » 
Claudel, Tête d'Or

Marthe réprimandant Marie-Madeleine pour sa vanitéGuido Cagnacci (1660)

Madeleine à la veilleuse,
Georges de la Tour (1640)
4. Représentation picturale évoquant la précarité de la vie et l'inanité des occupations humaines.

5. Caractère d'une personne satisfaite d'elle-même et étalant complaisamment son plaisir de paraître. Basse, mesquine, petite, sotte vanité ; flatter, ménager la vanité de qqn. ♦ Sans vanité. Sans vouloir se vanter. ♦ Faire vanité de / tirer vanité de qqc. S'en glorifier, s'en enorgueillir.

« Les hommes sont faux, ambitieux, vaniteux, égoïstes, et le meilleur ne vaut pas le diable, c'est bien triste » 
George Sand, Correspondance


Apparentés et dérivés

Vain/vaine, vaniteux/vaniteuse, vanter

Vanity (coiffeuse), vanity-case (bagage)

Synonymes

égoïsme, égotisme, amour-propre, arrogance, autosatisfaction, bouffissure, boursouflure, chimère, complaisance, crânerie, enflure, fatuité, fierté, fragilité, frivolité, fumée, futilité, gloriole, illusion, importance, inanité, inconsistance, inefficacité, infatuation, insignifiance, inutilité, jactance, morgue, néant, orgueil, ostentation, outrecuidance, pompe, présomption, prétention, suffisance, superbe, vacuité, vanterie, vapeur, vent, vide

Contraires

courtoisie, componction, efficacité, humilité, modestie, pudeur, simplicité, utilité

Vanity Fair Mexico, janvier 2017

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