Ma gynéco, mes condylomes et moi
Convaincue que je ne dois rien
vous épargner, vous y aurez droit, à la visite chez le gynéco. Combien d’entre
vous, messieurs, ont rêvé de chausser leur gant de latex chaque matin pour
tâter du vagin et palper des seins toutes la journée ?
Bah, nous n’aurions eu aucune chance de
nous croiser, je prends soin de me faire suivre uniquement par des gynécos qui
ont, comme moi, un utérus.
La mienne est presque aussi timbrée que
moi, du moins le suppute-je. Pro-allaitement, pro-homéo, pro-poing dans lague,
je l’aime.
On commence, avec elle, par un
interrogatoire serré, d’autant plus que mes visites ont cette nette tendance à
être très espacées. Carte vitale ? Le moral est bon ? Vos cheveux, ça
repousse ? Contraception ? D’autres partenaires ? Zavez fait vos
radios ? Vous en êtes où dans votre traitement ?
Au bout de toutes les réponses apportées –
Oui ; ‘of ; ben ouais ; non ; oui ; non ; ça me
faisait mal au cul, j’ai arrêté - elle se marre un peu en disant :
« je note, je note, je n’en pense rien ! Vous venez vous faire
viser le condylome ? »
Ouaip.
Interrogatoire terminé (j’ai passé les
détails qui entouraient chaque réponse monosyllabiques), je passe dans la salle
de torture. Des tapis, de la lumière, des fleurs, on se sent chez soi derrière
le petit paravent.
« J’enlève le haut ?
Sa voix me parvient depuis son
bureau :
- Enlevez tout, on va faire la grosse
révision. »
J’enlève tout, grimpe sur le siège, les
fesses bien positionnées, le plus au bord possible, me couche, place les talons
aux étriers, elle fait claquer ses gants, c’est parti.
Palpation. Doucement ! … je préovule.
Recherche délicate de la traîtresse
protubérance. Le bon sens voudrait, qu’après avoir écourté de 12 semaines le
traitement (vaguement complémenté avec Tuya occidentalis en 12), ce dernier
n’ait pas réussi. Que non. Nada, ma peau a retrouvé la lisse virginité de ses
euh quinze ans et demi, y a pas de justice.
Puis inspection de l’espace vaginal. Donc
speculum, hop, pouvez me le tenir deux secondes ? Avec elle, y a toujours
un moment où faut mettre la main à la pâte. Je tien donc, ce qui lui permet de
constater sereinement l’excellente santé de mon col et de mes parois. Un vagin
de compet’.
« Vous n’êtes pas allergique à
l’iode ? »
Non, pas que je sache. Elle me barbouille,
ce qu’elle y voit semble la conforter dans ses hypothèses : tout va bien
m’dame.
Après, une fois que je suis rhabillée,
c’est moi qui pose les questions : quelles maladies sont susceptibles de
s’attraper aussi facilement que celle-là ? Lesquelles sont absolument à
éviter ? Suis-je débarrassée du virus ? Un bilan, frottis et prise de
sang tous les trois mois, c’est possible ? (Toutes. Sida et hépatite en
priorité, songez à vous faire vacciner ; chlamydia et syphillis ensuite, ça vous amusera pas.
Non. C’est même un conseil). Etc…
Connectant le portable devant elle, elle
sort quelques pages d’internet propres à vous glacer les sangs : elle
cite les prévalences de l’hépatite et du sida, les deux IST en vogue
actuellement, apparemment, me décrit le profil-type du type avec lequel il ne
faut pas coucher (il est jeune, habite les départements de l’est, n’a pas fait
d’études, est au chômage et vote à droite, si si, ce sont les
statistiques !), me rappelle qu’une plaie dans la bouche suffit pour que
la meilleure des pipes tournent au cauchemar.
Que l’on soit d’accord, le safe sex
revient à ne pas, ou plutôt très peu, se toucher, et bien se laver les mains
après.
Donc, je pose la question : ne
devrait-on pas baiser entre gens de bonne volonté ? J’ai pas envie de
ramener la mort ! Mais qu’est-ce que j’ai envie de baiser ! Et je
suis pas la seule boudiou ! Pour ma part, avis à la population, ma
conduite sera celle-ci, et elle est la même pour Graindorge :
- bilan sanguin, donc, tous les trois mois, avec attention
constante, mais ça je connais, à mon corps.
- 0 tolérance à toute forme de pénétration
sans capote. La capote féminine, c’est très rigolo. 0 cunnilingus, 0 décharge
dans la bouche ou ne je sais zoù encore, 0 pipe, 0 sodomie sans capote. J’aurai,
en revanche, 0 hésitation à vous bombarder de celles que nous aurons eues in couplo…
Je compte m’engager dans cette rigueur
parce qu’elle me semble valoir le coup. Qui veut devenir membre du Saf’x
Club ?
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