Fondue

Chacun sa nourriture spirituelle.
 
Certains s’abîment en prières, en travail, en musique, pourvu que les sens et la tête se remplissent.

Toi, c’est mes tétons et les fraises tagada, la peau de mon ventre et la rondeur pointue de mon ptit cul.

Si je pouvais tenir dans ta main, tu m’y ferais fondre, avant d’aller y croquer l’amande, la noisette, la petite noix qui reste entre tes doigts. Fondue Volu. Croquée.

Tu me lécherais la couche croquante superficielle, celle qui résiste légèrement sous la dent. Le sucre sur tes lèvres, ça les rendrait douces, ça leur donnerait faim. La surface parcourue de craquelures brunes, chocolatées, s’amenuise, s’affine, disparaît.

Dessous, plus que la mixture chauffée par ton haleine, qui fait des vagues sous ta langue tentant de m’ingérer. Tes yeux capricieux qui cherchent où se poser dans cet enfer rose-thé moiteux, tes extrémités qui nous brûlent, tout ça fait ce qu’il peut pour m’ôter la dernière couche de conscience.

Quand le chocolat a fondu, on est un peu déçu, ça manque déjà, sucer, lécher, faire ramper la langue, on en enlève les dernières bribes sur la dureté de l’amande, on cherche dans les cavités si on n’en a pas laissé.

Tu croques sans y penser, parce que c’est un geste tellement infime, et tellement pressant, que la noisette à nu appelle les dents. Tu léchais et crac, tu croques. Elle s’était coincée entre des canines vampiriques, t’as pas fait gaffe, l’étau s’est fermé tout seul quand tu as voulu estimer la rondeur du fruit caché.

Tu l’as cassé ! Ca fuit de partout, t’as des morceaux sur les gencives, et l’huile en sort, épaisse, lente à couler, lourde, forte. Les petits éclats se perdent dans ta bouche, tu les cherches à coups de langue pour les rassembler, les avoir tous sous la main, et en faire une bonne vieille purée.

Le jus extrait, la matière ramollit, le rose-thé  qui se met à palpiter, à foncer, à chauffer, à t’appeler, parce que le boulon pourtant soigneusement vissé, mais récalcitrant, appelle le coup de clé à mollette du bricoleur impatient :

Poc la Volu !

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