Johnny Boy : prémisses et rencontre
Ouhla ! Ça prend la poussière par ici ! Je vais ouvrir
portes et fenêtres et faire rentrer de l’air frais dans les jours à venir. Et
je vais même commencer tout de suite : je t’ai promis de te parler de Johnny Boy. C'est le mec que je suis avec.
C'est peut-être rapport à mon innocence (ah ah) que j'ai perdue maintenant que je suis grande (j'ai pas tout perdu je te rassure, je me suis encore trouvé de beaux restes de naïveté il n'y a encore pas si longtemps), mais elle a été étrange à nouer cette relation. J'ai rarement été aussi lucide et ça a rarement été aussi compliqué. Je voulais une relation sur-mesure et le plus long, bah, ça a été de prendre les mesures...
J'y suis arrivée quand même.
C'est peut-être rapport à mon innocence (ah ah) que j'ai perdue maintenant que je suis grande (j'ai pas tout perdu je te rassure, je me suis encore trouvé de beaux restes de naïveté il n'y a encore pas si longtemps), mais elle a été étrange à nouer cette relation. J'ai rarement été aussi lucide et ça a rarement été aussi compliqué. Je voulais une relation sur-mesure et le plus long, bah, ça a été de prendre les mesures...
J'y suis arrivée quand même.
Prémisses
Tu te souviens? J’en étais là, coincée au milieu de mon échelle de l’engagement, entre la
peur de redescendre et celle d’aller plus haut, toute frustrée d’avoir autant
de sexe que je voulais, mais pas un gramme d’amour à palper réellement, à me
demander cékoilamouraufon ? Je voulais convoler, mais je commençais à me dire qu’il n’y avait peut-être pas chaussure à mon pied parce
que je me faisais des idées 1) sur mes pieds 2) sur les chaussures qu’il me
faut (merdique cette métaphore). Et si je me vautrais dans le fantasme, dans
cette recherche d’un homme qui n’existe peut-être pas ? Et si j’allais
au-devant d’une chimère ? Je
vous fais un portrait de la chimère ?
Le Prince Charmant de Volu
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Les indispensables :
- Célibataire
- Instruit
- Expressif
- Spirituel
- Tolérant
- Curieux
- Autonome
- Connaît le
clitoris
- Ni fidèle ni
jaloux
- Patient
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Les
subsidiaires :
- Danseur de
claquettes (level Fred Astaire)
- Musicien
- Poète (test de
l’alexandrin)
- Gros lecteur
- Brun, yeux
marron
- Pas trop plus
grand / petit / gros / maigre / vieux / jeune que moi
- Amateur de
cunnilingus
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Les rédhibitoires :
- Raciste
- Machiste
- Violent
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- Alcoolique
- Bourgeois
- Pudibond
- Menteur
- Religieux /
politisé
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Le roi grenouille - conte de Grimm, illustration de Walter Crane |
Rien d’odieux, je crois, je cherche quelqu’un qui me ressemble et je veux être sa régulière. Je sais bien que ce sera sur les points d’altérité que ça va être marrant. Et aussi qu’être la régulière d’un mec pas fidèle, ça s’appelle un challenge.
Je me mets à la place des hommes de mon entourage : à peu près personne n’a envie de passer sous des fourches caudines aussi… féministes. Je ne veux pas vraiment être en couple, je ne veux pas être un plan cul, je veux partager du quotidien, mais pas tous les jours, je ne veux pas faire d’enfant, je ne veux pas vivre avec lui, je ne veux pas prendre la pilule, je ne veux pas être fidèle, je ne veux pas qu’il le soit, je ne veux pas qu’il me mente, je ne veux pas avoir à le faire, je ne veux pas faire de promesses ni en entendre, je ne veux pas qu’il m’attache et je ne veux pas qu’il me fasse tourner en bourrique ; le tout avec amour. Ça promet de chaudes discussions avec l’insouciant qui tente sa chance avec moi. L’expérience m’a prouvé qu’il fallait des heures sur des jours de discussion assidue pour commencer seulement à comprendre un peu à qui vous parlez (cf point n°3 de ma Charte : je ne veux pas coucher avec des inconnus). Il m’en faut pas mal pour sortir l’inconnu de l’unknwon-zone et encore plus pour le mettre dans mon lit (frontières peu perméables). C’est un trekking que j’attaque à chaque fois, avec la motivation de Blanche-Neige (rapport au nombre de ses prétendants et le mal qu’elle a forcément eu à choisir - mais qui en parle ?), la patience de la Belle au Bois Dormant (.) et les méthodes d’un agent du FBI sur la frontière mexicaine.
Blanche Neige - Franz Jüttner (1905) |
Rencontre
Blanche Neige - Franz Jüttner (1905) |
En
début de soirée, en tout cas, c’est bon enfant. J’aime bien quand les gens sont
bons enfants, ça me les rend sympathiques. Le concert commence, la tireuse
entre en action. Ma meilleure, qui est aussi la barmaid et qui connaît tout le
monde, me file le ticket : il y a un gars, là, c’est marrant, il a ton âge
et ta taille, elle me dit. C’est déjà une blague en soi, parce que je suis
vraiment petite. Ma meilleure elle sait aussi que j’essaie de tirer un trait
sur un gars qui n’est vraiment pas pour moi (celui qui tape à 96 sur l’échelle de l’engagement) et aussi elle
sait que j’en ai marre des vieux, à peu près autant que j’en ai marre des
jeunes. J’ai envie de quelqu’un qui comprend quand je parle, sur ma longueur
d’onde, ni coincé dans le siècle précédent, ni encore occupé à résoudre son
œdipe. Alors un mec de 1984, ce serait parfait.
Elle
a dit vrai : il fait à peine 5 cm de plus que moi. Bien gaulé, sapé
hétéro-normé, mal coiffé, peau difficile. Un adolescent de 30 ans, mais avec un
peu de barbe. Il tient une bière dans la main, je ne sais plus quelle blague il
me fait, mais il me fait une blague. C’est doublement drôle parce qu’au moment
où il me fait cette blague (dont je ne me souviens pas parce que) je me fais
une autre blague dans la tête, un truc dont j’ignore l’origine, une de ces association
d’idée que l’esprit fait tout seul : « mauvaise
peau, mauvais karma », je me dis. Non, ce n’est pas si inintéressant
que ça en a l’air : c’est un élan de compassion vers lui et j’ai eu
presque le même le jour où j’ai rencontré mon futur mari (qui avait une bonne
peau mais des cheveux épouvantables et là j’ai pensé à une jambe de bois). C’est
peut-être pas une association d’idées à la con, parce que c’est ce qui m’a
immédiatement fait penser que ce gars était sympathique. C'était comme une faille trop visible et moi j'aime bien les gens qui ont des failles. Il a un sourire
large comme ça et on voit bien que c’est habituel chez lui. Il respire la
marrade.
The twelve dancing princesses - Conte de Gimm, illustration d'Eleonore Abott |
Au
cours de cette première soirée, je me contente de l’observer, je ne lui fais pas de rentre-dedans. J’imagine qu’il est
célibataire a priori, puisqu’il est
là, tout seul et que mon indic n’a pas détecté de conjugalité ; ça sent
même carrément le mec en chasse. Il fait des calembours comme il respire et il
accorde ses subjonctifs quand il parle. Il a le dialogue facile, il
est sociable et il manie des concepts abstraits : c’est bon
signe ça. Physiquement, il est charmant sous sa couperose : regard malicieux, sourire
décontracté, épaules carrées, grandes paluches (toi-même tu sais), beau cul, se
tient droit, très à l’aise, une tignasse épaisse couleur de foin sec, yeux marrons très clairs. Il dégage tranquillité
et bonne humeur, avec un bagou de fou. C’est ce genre de gars qui traine avec
lui son gros djembé et tu sais, quand les gars commencent à taper sur ces choses-là, les nanas se mettent à danser. J’y ai passé toute l’énergie qui me
restait, ce soir-là. Un mec qui m’épuise et me rend heureuse physiquement dès
le premier soir de la première rencontre, il a des chances de me plaire, oui. On
dirait un peu un chien fou, mais en réalité il est très calme, très poli, très
bien habillé. Je crois que c’est ça qui me met en mode trekking. Y a un
décalage entre son allure de premier de la classe et la vitesse à laquelle il
descend ses bières. C’est évident qu’il n’est pas aussi sage qu’il veut en
donner l’impression. Bref il me plaît.
Ohlala.
Ohlala.
Du
coup, à l’issue de cette prime rencontre avec lui (Johnny Boy ! ),
j’aurais pu cocher les cases suivantes dans mon petit tableau :
Les indispensables :
- Célibataire
- Instruit
- Expressif
Les subsidiaires :
- Musicien
- Poète (test de
l’alexandrin)
- Brun, yeux marron
- Pas trop plus grand / petit /
gros / maigre / vieux / jeune que moi
Les rédhibitoires :
- Alcoolique
Je
dois me rendre à l’évidence : à trente ans, mon cœur ne bat plus comme à vingt. Bien sûr, à ce moment-là, je me
suis dit Oh la la, c’était magique
et tout mais tout de suite après, j’ai mis en branle le protocole
trekking_PrincessesDisney_FBI et je me suis plus prise la tête à m’emmêler les
pinceaux qu’autre chose. Lui pareil j’crois, genre l’alarme à chieuse plein
tube. Ah ah. La vie est bonne, bonne, bonne !!
Vite! La suite!
RépondreSupprimerOui, c'est ça, je le connais de là, ce jeune gazier, mais j'ai loupé des épisodes, donc! Arf!
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