Masculinisme (2)



La seconde direction prise par le mouvement masculiniste est idéologique, la plus ancienne, la plus dure, et la plus difficile à combattre, portée par les traditionalistes à poils durs. C’est celle qui nous bassine avec ses lois du genre : les filles, c’est comme ça, les garçons, c’est comme ci, ce qui fait que ceci est comme cela et pas autrement. Vous vous souvenez, « un papa, une maman, c’est ce qu’il y  de mieux pour un enfant », c’étaient eux !

Ils se plaisent à dire que tout va à vau-l’eau depuis que les femmes votent, travaillent et avortent comme elles en ont envie. D’ailleurs, ce monde féminisé à outrance aboutit au drame de l’échec scolaire, massif, des garçons.

LES GARÇONS DÉTRUITS DÈS L’ÉCOLE PRIMAIRE 
 « Sauvons les garçons » est le titre d'un livre écrit en 2009, par Jean-Luc Auduc, directeur adjoint de l'IUFM de Créteil, membre du Parti Socialiste. Les explications que cet auteur avancent pour expliquer sa thèse sont tendancieuses et renforcent les mythes des hommes victimes. Des masculinistes défendent eux-aussi l'idée que l'institution scolaire se serait dangereusement « féminisée » et serait devenue globalement défavorable aux garçons, qui ne pourraient plus y exprimer une « saine agressivité ». Effectivement, les filles réussissent mieux à l'école et à l'université (du moins les premières années) que les garçons. Mais le chômage et la précarité les touchent plus fréquemment, leurs salaires restent inférieurs à ceux des hommes et elles occupent plus souvent des emplois subalternes. Quant aux hommes, ils continuent d'être surreprésentés dans les domaines socialement valorisés (comme l'informatique, les sciences ou la finance) et représentent encore la majorité des effectifs des grandes écoles. Il y a donc là un paradoxe. Les difficultés scolaires des garçons – que les masculinistes exploitent pour développer leur thèses victimisantes – ne produisent pas ce que le système méritocratique aurait, logiquement, dû produire : un avantage des filles sur les garçons dans l'accès aux professions et aux positions sociales les plus intéressantes. En effet, malgré un taux de réussite scolaire statistiquement meilleur pour les filles et obtenu au prix de véritables efforts, les garçons bénéficient encore d'une protection patriarcale invisible qui leur donne un avantage dans le monde du travail. Où se trouve donc l'injustice ?
     
Ils possèdent le monde à eux seuls : entreprises, CAC40, guerres, colonisation, exploitation de la planète, leur idéologie de domination en font des prédateurs fiers de l’être. Ceux-là, la nuit, même, leur appartient, à une heure où il devrait aller de soi que les femmes sont dans leurs foyers, à surveiller le sommeil de leurs enfants, évitant ainsi de se faire violer dehors. Je vous arrête de suite : il aime les femmes ! Les plus belles, surtout, les plus valorisantes ; à quatre pattes sur son tapis. Ce qui semble plus grave encore, c’est la caractérisation de la violence comme trait fondateur du masculin, source de vie et de fierté pour l’homme…

C’est notre Zemmour qui nous explique que l’homme est un prédateur sexuel, et que c’est bien comme ça. Ce qui est mal, par contre, c’est qu’on l’empêche de le dire ! Encore un coup du « politiquement correct », rangé, évidemment, à la cause féministe.

LE « POLITIQUEMENT CORRECT » 
D'un point de vue plus général, ils s'insurgent contre le « politiquement correct », qu'ils accusent de scléroser la pensée. Ils se plaignent de vivre dans une société qui protégerait ses « minorités », où il devient impossible de critiquer ou se moquer, par exemple, des « noir.e.s », des « arabes », des femmes, des handicapé.e.s, des gros.ses, etc. Ils accusent celles et ceux qui ont combattu pour leur émancipation et pour l'égalité, d'avoir pris le pouvoir et d'orchestrer aujourd'hui une censure institutionnelle: féministes, anti-racistes, homosexuel.le.s. Avec cette critique du « politiquement correct » qui peut recevoir aujourd'hui un écho relativement large, de vieux hommes blancs hétérosexuels et de droite aiment à se présenter comme des hérauts de l'anti-conformisme, pourfendeurs du nouvel ordre moral, appelant à la désobéissance civile. Grossière pirouette rhétorique mais tactique politique payante. Qu'on en juge par la couverture de la revue Médias qui affirme « femmes, juifs, arabes, noirs, handicapés, homosexuels : ce qu'on ne peut plus dire », affichant une Marianne bâillonnée. 

Personne n'est dupe. Qui détient le pouvoir aujourd'hui ? La classe politique (assemblée nationale, sénat, ministères, conseils régionaux et municipaux...) est composée à 80% d'hommes. Quant aux entreprises du sacro-saint CAC40, elles sont toutes dirigées par des hommes.

Ce n'est plus du machisme, c'est du machisme décomplexé et organisé. Écoutons quelques éminents spécialistes de la question (Yvon Dallaire et consorts).



En réalité, ces deux directions prises par le mouvement masculinistes ne sont pas franchement dissociées, les premiers s’appuient sur les seconds, et ces derniers prennent souvent l’apparence, plus acceptable, des premiers.


Vous en jugerez en parcourant cette petite sélection de sites qu’ils se sont dédiés (il y en a d'autres, tout aussi drôles).

La cause des hommes, par Patrick Guillot


Quand vous aurez fini de vous arracher les cheveux, parcourez les sites suivants, en vue ou plus discrets, qui alimentent la cause des femmes. Il s’y trouve des hommes !




Parfaites votre culture en visionnant l'excellent documentaire de Patric Jean sorti en 2009 : La Domination Masculine.



Pour finir : à taper comme ça sur les bonhommes, ils sont touts perdus. C’est la crise de la masculinité. C’est pas étonnant, entre nous, se faire déboulonner n’est jamais agréable, et apparemment, rien ne vient combler le vide créé par le déboulonnage, que l'angoisse. Je vous laisse donc sur cette dernière réflexion :


Les discours sur le malaise des hommes et la « crise de la masculinité » nous posent sérieusement problème. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu les décrypter pour mieux les démonter. Pour aller plus loin, on aimerait pouvoir faire un pas de côté et donner un autre sens à l'expression de cette « crise ». En effet, si elle est vraiment en crise, quel est l'intérêt de vouloir à tout prix sauver la « masculinité » ? Y-a-t'il vraiment quelque chose à garder d'une identité sociale qui n'existe qu'à travers la domination d'un groupe sur un autre ? Plutôt que de chercher à la revendiquer et à la réaffirmer, pourquoi ne pas déserter cette identité masculine ?

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