There will be blood [2019]



Ce post philogyne suit le fil de mes cycles menstruels. C’est-à-dire que chaque mois, quand j’ai mes règles, je l’actualise en ajoutant des images, des liens, des textes ou des vidéos, les plus belles, les plus drôles ou les plus éloquentes sur le sujet. Et tous les ans, je recommence. 

Si tu es d’humeur badine, tu peux t’amuser à calculer quand j’ovule.

There will be blood [2015] - [2016] - [2017] - [2018]



*10*12*19*

This Is What Periods Look Like For Women Around The World









*13*11*19*

Jade Beall Photography

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*14*09*19*

 
Plus d'infos sur le don d'ovocytes :

*13*08*19*


*19*04*19*


Le grand mystère des règles
Pour en finir avec un tabou vieux comme le monde

par Jack Parker 



*22*03*19*

"Vivre est heureux. Voir et sentir le sang tendre et chaud qui coule de soi, qui coule de source, une fois par mois, est heureux. Être ce vagin, œil ouvert dans les fermentations nocturnes de la vie, oreille tendues aux pulsations, aux vibrations du magma originaire, main liée et main déliée, bouche amoureuse de la chair de l’autre. Être ce vagin est heureux.
Vivre est heureux. Être enceinte, être citadelle, hautement et rondement close sur la vie qui pousse et se dilate au-dedans, est heureux.
Mais accoucher c’est vivre aussi intensément qu’il est possible de vivre. C’est le somptueux paroxysme de la fête. Expérience, nue, entière de la vie. Accoucher est plus que tout heureux.
C’est le cœur au ventre de toutes mes révoltes, c’est la juste racine de mes indignations, c’est la terre originelle de la parole que j’essaie.
[…]
Le sang menstruel est sans aucun doute la part de leur sexe que les femmes considèrent comme la plus indigne, la plus humiliante, celle qu’elles haïssent le plus, même si d’autres (l’accouchement surtout) leur paraissent infiniment plus pénibles, plus redoutables.
En effet ce sang leur apparaît sous forme d’humiliation gratuite, injustifiée, injustifiable. Tout le reste de leur sexualité (qu’elles n’aiment pas et méprisent en tant que telle), elles finissent par le tolérer, le vouloir même parfois, comme le mal nécessaire d’un bien supérieur.
Dans les rapports sexuels le vagin retrouve, ou plutôt découvre, une sorte de dignité puisqu’il est POUR l’homme, le lieu de son plus haut plaisir. Les peines de la grossesse, les affres et les douleurs de l’enfantement valent pour l’enfant, pour le père, pour le rôle social de la mère, le lait vaut pour l’enfant. Ce sont des choses conçues comme misérables en elles-mêmes, mais qui trouvent ailleurs un statut de grandeur, compte tenu de ce à quoi elles SERVENT.
Le sang menstruel, lui, ne sert à rien. Ni à l’homme ni à l’enfant, ni à la femme, « indisposée ». Pire, ce sang accuse lui-même sa vanité. C’est du sang qui n’a pas servi, qui aurait pu, qui aurait dû servir. Alors ce sang qui coule est doublement maudit, et la femme qui saigne doublement perdue. Honte du sexe révélé, accusation du sexe inutile.
Étant entendu qu’un sexe de femme n’a d’autre valeur que celle de ses services.
[…]
À vrai dire ils nous ont volé tous les moments de notre corps, même le moment de l’amour qu’ils partageaient.
Ils ont fait de mon désir l’acquiescement flatté, ému, à leur désir. Ils ont fait de ma jouissance, de mon orgasme, une sorte de transe sacrée par pénétration de la très suprême virilité. Au fond ils ne sont pas loin de dire, ils le disent parfois, que si je jouis, c’est dans l’illusion d’avoir enfin, dans un bref et miraculeux instant, ce qui par ailleurs ne cesse tragiquement et douloureusement de me manquer : un pénis.
Ce que j’aimerais, c’est me donner ? Mais qui donne quelque chose de lui ? Toi ou moi ?
Ce que j’aimerais c’est que tu me prennes ? Mais n’est-ce pas plutôt moi qui te prends ?
C’est toi qui t’abandonnes, non ?
Et c’est encore toi qui es triste, soi-disant, après l’amour. Pas moi.
Et si toute leur volonté de penser mon corps dans l’amour comme un abandon n’était que la frénésie d’un ressentiment aigu devant ce que je leur prends effectivement, ce qu’ils donnent, ce dont ils se vident et se séparent ?
[…]
Tu m’as empoisonné la vie. Pendant des siècles. À force d’être privée de mon corps, je ne savais plus vivre qu’à travers toi. Mal vivre, à peine vivre, endurer, me taire et être belle. Mon corps seulement pour travailler et plaire ; jamais pour jouir. Mon corps, jamais pour moi. Bouche cousue et bouche fardée. Sexe ouvert à la demande et sexe bouché au tampax. Récurée, raclée, hygiénisée, déodorée de partout, réodorée à la rose, c’en est trop j’étouffe, il me faut mon corps. Tout mon corps, son sang, son lait, et la gonflure extrême de mon ventre. Car c’est ça que j’appelle vivre.

Annie Leclerc, Parole de Femme
 
*21*02*19*


*20*01*19*


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Commentaires

  1. Bonjour, Fin des publications menstruelles.....?

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  2. Bon, j'en rajoute une couche "sic) because j'ai écouté cette série documentaire cet été qui est très bien, en voilà un des épisodes...: https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/rouge-comme-les-regles-24-avoir-ses-regles-0
    Très beaux témoignages, très différents....

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    Réponses
    1. Je connais... France Culture rediffuse cette série tous les ans et j'ai déjà mis les liens vers tous les épisodes dans le There Will Be Blood de Mars 2018.

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