There will be blood [2017]
Ce post philogyne suit le fil de mes cycles menstruels. C’est-à-dire que chaque mois, quand j’ai mes règles, je l’actualise en ajoutant des images, des liens, des textes ou des vidéos, les plus belles, les plus drôles ou les plus éloquentes sur le sujet. Et tous les ans, je recommence.
Si tu es d’humeur badine, tu peux t’amuser à calculer quand j’ovule.
There will be blood [2015] - [2016]
*25*12*17*
Whatever, Sarah Levy (2015) |
It first occurred to me last month, on the last day of my period, to paint Donald Trump's face using menstrual blood--in response to his comment in a Republican presidential candidate's debate that he knew Fox News moderator Megyn Kelly must be out to get him because he could see the "blood coming out of her eyes, coming out of her wherever."
I figured someone must have done it already. It just made so much sense.
*27*11*17*
Test de Rorschach, planche II |
*28*10*17*
J’ai eu mes règles pour la première fois le 18 décembre 1997, d’après mon
journal intime. Noël ! Noël ! Ma mère m’a emmenée au restaurant pour
fêter ça. Je me souviens bien de son visage quand je lui ai annoncé, elle avait
un grand sourire un peu gêné. Ce jour-là, c’était juste des tâches visqueuses
au fond de ma culotte. J’avais 13 ans. Jusque-là, ma vie était juste un pur
rêve de petite fille. J’ai plein de copines dont je collectionne les correspondances
dans une grande boîte, j’ai 2 parents, 5 frères, 6 chats, 3 chiens, des poules
et 2 poneys, je travaille bien à l’école et il fait beau tous les jours. Et sur
ce, j’ai mes règles et on passe à l’année 1998. Quand je la regarde - j’ai tenu
tout un tas de journaux à l’époque - je la trouve monstrueuse cette année. Je
peux en faire un instantané grâce à la grosse boîte et aux journaux.
Au cours de l’hiver 1998, je subis des attouchements répétés de la
part de mon frère aîné, Loïc. Cette fois, ça fait moins rire ma mère, qui m’enjoint
au silence. Les attouchements tournent à la violence. En avril, mon père
fête ses 42 ans, mon plus jeune frère ses 4 ans. En mai, Moustache, la chatte
matriarche de la famille qui a bien dû pondre une centaine de petits, meurt ;
le même mois je coupe mes cheveux longs, très court. En juin, je fête
mes 14 ans, mon frère Loïc ses 17 ans et je me fais draguer pour la première
fois de ma vie par les garçons de mon collège. J’ai pas mal grossi, je pèse 45
kg. En juillet, le 5, je fugue ; le 7, jour de mon retour, est une
journée dont je ne me souviens pas. Le 12, mon frère cadet Samuel fête ses 11
ans. Le 17, mes parents tentent de se remarier selon le rite orthodoxe mais mon
père ne se présente pas. Le 23 août, ils font part à leurs enfants de
leur intention de divorcer. Ma mère quitte la maison quelques semaines plus
tard, aux alentours de son 42ème anniversaire, en septembre. En
décembre, mon aîné Rémi et mon cadet François fêtent respectivement
leurs 16 et 9 ans. Le 12, je fais une excursion en Allemagne avec ma classe.
Quand je rentre le 14 décembre, j’assiste à la tentative de suicide de
mon père (barbituriques + alcool). Noël ! Noël ! À l’issue de l’année
1998, je pèse 35 kg et personne ne l’a remarqué. Ensuite, chats, chiens,
poules, maison et rêve de petite fille, tout a été vendu, jeté ou abandonné
dans l’année suivante, 1999. En 2000, il ne reste plus rien, juste la boîte et
les journaux.
Voilà, ça c’est ma ménarche
perso. Je ne peux même pas essayer de me convaincre que je n’y suis pour rien.
Mon rêve de petite fille était une illusion, le couple de mes parents allait
très mal depuis le début. Nos parents nous mentaient comme tous les
parents mentent à leurs enfants « pour les protéger ». Les mensonges
se sont additionnés et sont devenus de plus en plus graves. Les conséquences
sont tellement indicibles qu’elles n’ont même jamais été dites depuis. Je suis
la seule à remuer la merde, le reste de ma famille trouve ça très indécent. J’imagine
qu’établir un rapport entre l’arrivée de mes règles et l’explosion de la
cellule familiale est encore plus indécent.
C’est ce que je me disais ce matin, parce que justement, j’ai eu mes
règles. Aux alentours de 6h, comme d’habitude, ça me réveille, 10 minutes avant
que ça ne tâche ma culotte. J’ai le temps de me lever et de faire ces gestes
mille fois répété… Mille ? Attends… Je ne suis pas fortiche en calcul et
je n’ai pas gardé tous mes journaux menstruels, mais je peux tenter une
évaluation sommaire puisque je suis un métronome branché sur la fréquence
mensuelle aussi loin que je me souvienne. J’ai eu mes règles 1 fois en 1998. 12
fois en 99, 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005 et 2006 mais seulement 4 fois en
2007 parce que je suis tombée enceinte en mai. J’ai ensuite allaité pendant 3
mois, ce qui a retardé le retour des menstruations : j’ai eu 9 fois mes
règles en 2008. 12 fois en 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 13 fois
(je les ai eu 2 fois en décembre, tu te souviens ?) en 2016 et 10 fois en 2017. Ma calculatrice affiche 217.
Comme j’utilise facilement une quinzaine de serviettes hygiéniques à chaque
fois, j’ai reproduit ce geste au moins 3 255 fois. C’est marrant, c’est
exactement la sensation que j’ai en le faisant.
Ah
ah les nombres, c’est fou, quand on commence on ne s’arrête plus.
Tiens, au lieu de calculer combien ça me coûte financièrement d'être une
femme juste en protections périodiques (calcul déjà fait par d'autres :
23 500 euros),
ou d'estimer l'ampleur du traumatisme psychologique qui s'est accumulé
au fil du temps depuis que je suis active sexuellement et à cause de mon
sexe (estimation infaisable), je vais plutôt compter ce que ça me coûte en matière vitale. Apparemment,
une femme perd en moyenne entre 50 et 150 ml de sang par menstruation. Au-delà
de 80 ml, elles sont considérées comme abondantes, ce qu’elles ont tendance à
être chez moi. En multipliant 217 fois 80 ml et que j’ajoute encore un litre perdu
en couches, eh bien j’obtiens plus de 18 litres.
18 litres. Bon, je sais que ce n’est pas du sang à proprement parler,
mais pardon, c’est de la matière vivante fortement irriguée qu’il a bien fallu que
mon corps fasse et défasse, avant d’en refaire. 18 litres, c’est le flux tendu
qui me traverse depuis ce mois de décembre 1997. C’est ma rivière de vie et de
mort, c’est le fleuve que j’ai pleuré. C’est ma source, c’est là que tout a
commencé. C’est le même instant qui se répète différemment, comme cette eau
dans laquelle on ne peut pas se baigner deux fois. J’assiste à cet instant que l'on a tabouté tous
les mois, tout à fait convaincue de sa mysticité, de son sens et de sa réalité.
Tout ce qui y est jeté est donné, emporté, impossible à retrouver. Je me
transforme chaque jour, je me renouvelle de force, obligée d'assumer, je change à chaque heure,
purée, j’arrête pas une minute d’être une femme.
Et il y en a encore pour me demander pour je suis fatiguée / féministe...
*29*09*17*
Bust |
*01*09*17*
*01*08*17*
Club Clitoris, Meredith Grace White |
"Les recherches sur le sang menstruel sont toutes récentes, de même que la connaissance de l’appareil génital féminin, qui n’en est encore qu’a ses balbutiements. On revient de loin et nous sommes toujours empêtrés dans les tabous qui remontent aux débuts de l’humanité."Les menstruations vues par deux femmes - Aloha Tallulah
*02*07*17*
Source : Cosmopolitan.com |
"The first word that comes to mind is bitch. No joke. That time of the month brings serious fights." —Will B.
*03*06*17*
John Anna, Womanstruation |
Ces
hommes qui ont peur des menstruations
La
femme qui saigne est dangereuse dans l’imaginaire patriarcal. Elle porte un
regard sur le monde que l’homme ne possède pas. Un savoir basé sur l’expérience
concrète de la vie, la filiation mère-fille, l’identité. Il y a aussi des
hommes qui ont peur des femmes qui ne peuvent pas enfanter. Elles seraient
dangereuses pour d’autres raisons : libertines, infidèles, incontrôlables.
C’est comme si les femmes étaient toujours coincées entre les désirs et les
attentes des hommes. Trop mères ou trop filles, mais jamais assez.
Simon
Poirier
(Source :
La Fabrique Crêpue)
*7*4*17
Marianne Rosenstiehl - The Curse |
*9*2*17*
Thinx |
Melograno - Hic est sanguis meus |
*8*1*17*
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