Inception - Christopher Nolan (2010) / Déroulement - Dénouement



On peut se demander si j’ai aimé ce film… Ma foi, j’ai pu le regarder trois fois de suite sur une semaine sans avoir l’impression de m’infliger quelque chose de totalement insurmontable… ça n’aurait probablement pas été le cas pour les Batman dont Nolan nous a gratifié récemment.

Il cherche la Grande Complication, alors je cherche la Grande Explication. Je mets mes doigts partout, d’autant que le pari du film est intellectuel, j’ai envie de dire qu’il est permis de gratter.

J’ai poussé le décorticage, jusqu’à prendre note de chaque scène… J’en obtiens près de 350. Un rythme soutenu, j’avoue avoir eu quelques fois du mal à discerner les plans des scènes, tellement ça palpite.


Après l’introduction et la préparation du casse, nous atteignons la partie la plus palpitante du film : le casse en lui-même, et les rêves emboîtés préparés par l’équipe de Cobb. Cette partie commence lorsque l’équipe apprend que Fisher Senior vient de mourir.

3) Le plan contient 3 rêves, emboîtés les uns dans les autres… sans oublier les limbes et la réalité.

* Réalité de départ *

Les compères sont parvenus à endormir Fisher dans un avion qui effectue 10 heures de voyage. Ils ont acheté toute la Première Classe ainsi que le personnel de bord. Finalement, Ariane va les suivre dans les rêves (contrairement à ce que Cobb a promis à son père).

* Rêve -1 *
Au-delà de la réalité

Dans une ville très New-Yorkaise, Cobb et son équipe kidnappe Fisher sous une pluie torrentielle (à cause de Yusuf). Ils tombent sur de la « subsécurité », des projections militarisées, qui vont les canarder à tout-va.

Saito est touché dès les premières minutes, mais le plan continue tant qu’il ne meurt pas (il est au supplice, à deux doigts de mourir). Ils se réfugient dans un hangar pour interroger le subconscient de Fisher. Ils le menacent pour obtenir le code d’un prétendu coffre-fort, où son père aurait laissé un testament qui lui donne sa bénédiction pour démanteler toute l’entreprise. C’est Eames/Browning qui le lui suggère. Fisher donne une série de chiffres au hasard. Sans le savoir, il vient de construire lui-même son « lieu sécurisé », avec sa clé. Bref, ça roule. Cobb en apprend encore un poil de plus à Ariane sur son histoire avec Mal (ils se sont retrouvés coincés dans les limbes et elle est devenue folle, jusqu’à se suicider en lui faisant porter la responsabilité du meurtre).

Puis il faut passer à la suite du plan : le prétendu code ne marchant prétendument pas, l’équipe de Cobb repart, après avoir re-anesthésier Fisher. Ils s’endorment à leur tour, Yusuf restant au volant avec la mission de les jeter du haut d’un pont. Il va avoir du fil à retordre avec la « subsécurité » et plongera trop tôt.

MÉCANIQUE DU RÊVE 4 
- Si tu as envie de faire pipi, il pleut dans ton rêve. 
- Si tu meurs dans un rêve alors que ton corps est toujours endormi dans le rêve précédent (supérieur), tu tombes dans les limbes
- Les limbes sont un « espace onirique non construit », du « subconscient brut à l’infini » où il n’y a rien, à part les choses laissées par ceux d’entre eux qui y sont déjà allé (donc Cobb et Mal). C’est un endroit très mystérieux sur lequel toute la lumière n’a pas encore été faite. 
- Pour que les décharges fonctionnent il faut de la pesanteur ! Élémentaire mon cher Watson, car autrement on ne ressentirait pas une chute (mais une explosion ?). 
- L’autosuggestion est à la base du plan de Cobb : il lui parle de son père juste avant de l’endormir pour le mettre en situation, puis le kidnappe en lui suggérant l’existence d’un coffre-fort contenant un prétendu testament qui pourrait contenir une incitation de son père à voler de ses propres ailes. Ils lui font inventer un code qui sera aussi le numéro d’une chambre d’hôtel dans sa version courte (528) et le code de la chambre sécurisée de la forteresse-hôpital (528491). Puis ils le font douter de Browning en le faisant intervenir dans la scène de « Monsieur Charles ». Enfin, lorsque Fisher parviendra à ouvrir le coffre-fort au chevet de son père, il y trouvera la photo du père et du fils, ainsi que le petit moulinet que l’on voit sur la photo. Séquence émotion.

* Rêve -2 *
Au-delà du rêve

Christopher Nolan use de moyens simples et efficaces pour nous faire percevoir les passages d’un rêve à l’autre, d’un temps à l’autre (puisque le temps ralentit quand on s’enfonce dans les strates de rêves). Il les utilisera tout au long du film.

COMMENT FILMER LES RUPTURES DANS L’ESPACE-TEMPS ? 
- Les scènes en kaléidoscope : pour faire état de la simultanéité dans les scènes d’un rêve à l’autre, Nolan les entrecoupe l’une l’autre rapidement : Cobb tombe dans le rêve -1 > Cobb est projeté dans le rêve -2 > Cobb affleure la surface de l’eau dans le rêve -1 > Cobb entend l’eau arriver dans le rêve -2 > Cobb tombe dans l’eau dans le rêve -1 > L’eau déboule dans le rêve -2 etc. le tout en mode « warning ». Le même découpage s’observera quand la camionnette tombera dans le fleuve dans la deuxième partie du film, avec son cortège de « décharges » à la chaîne. 
- Le ralenti est une variante du kaléidoscope et permet de faire saisir facilement la notion de ralentissement du temps tandis que l’on s’enfonce dans les rêves. C’est en vertu de cette loi que la camionnette mettra 25 minutes à tomber du pont. Suspens garanti. 
- Le fameux in media res qui vous fait débarquer au cœur de l’action. C’est une des mécaniques du rêve que Cobb explique à Ariane, et qui permet de paumer le spectateur en une seule seconde : vous étiez dans un palais chinois cossu, vous vous retrouvez en pleine guérilla urbaine mexicaine. La scène la plus dépaysante, à cet égard, se trouve dans la dernière moitié du film, lorsqu’ils atteignent le troisième rêve, dans un décor glacé à perte de vue, dans des tenue de soldats des neiges. 
- Les miroirs font également partie de la panoplie d’illusions. Ce sont les lieux où Eames se transforme et change d’identité. 
- Les ascenseurs. Mieux : y a un ascenseur avec un miroir ! Comme beaucoup d’ascenseurs, j’avoue, mais ça fait deux symboles pour le prix d’un vu que Nolan joue avec en démétamorphosant la Blonde Pulpeuse en Eames dedans. C’est d’ailleurs l’ascenseur qu’Arthur va bidouiller pour donner la décharge au groupe de rêveurs. Mais l’ascenseur le plus important du film n’est pas celui-là. Me demandez pas, demandez à Nolan, comment Cobb parvient à changer de niveau de rêve avec un ascenseur, lorsqu’Ariane s’introduit dans sa séance de rêve. Ariane demande même « ce qu’il y a au fond » de Cobb, en regardant le bouton le plus bas. Encore une carabistouille ! Franchement,  ça aurait changé la face du film si passer d’un rêve à l’autre pouvait vraiment se faire avec un ascenseur… Disons que c’est simplement symbolique : niveaux de rêve = ascenseur, c’était trop beau pour pas la faire, voilà. 
D’ailleurs, j’aurais une théorie, celle de voir l’ascenseur comme un moyen de locomotion et d’élargir le symbole au train et à l’avion, voir à la camionnette, que je traduirais comme suit : c’est le moyen de nous faire sentir en mouvement, en permanence. Ces lieux en mouvements contiennent les rêveurs au moment des passages d’un rêve à l’autre : dans le premier rêve emboité ils sont dans un train, pour le second, le « casse », ils sont dans l’avion, puis dans la camionnette qui doit les jeter du pont,  puis dans l’ascenseur qui doit exploser. Ça nous donne la bougeotte. 
Ou alors je m’égare, mais ce serait bête parce que c’est pas la plus merdique des ficelles du film, elle fonctionne bien.

Nous atterrissons (ah ! vous voyez bien qu’on était en mouvement !) dans un hôtel de luxe dans lequel une plantureuse blonde fait la causette à un Fisher distrait.

Eames la Blonde

C’est en réalité Eames-le-caméléon, qui en profite pour lui faucher son portefeuille, ce qui lance les projections de Fisher sur une mauvaise piste : Eames refile le portefeuille à Saito, chargé de s’en débarrasser à un autre étage de l’hôtel.

LES FEMMES DE NOLAN 
Détaillons : 
- la mère de Cobb qui lui raccroche au nez (et qu’on ne voit pas),
- la maîtresse de Saito qui a été bavarde (et qu’on ne voit pas),
- la mère de Fisher Junior qui meurt sans que ça émeuve son mari (et qu’on ne voit pas),
- Mal-la-démoniaque qui abandonne enfants et mari, l’épaisseur du personnage se résumant à celle de la projection qu’elle est,
- la pure et superfétatoire Ariane,
- la blonde vénéneuse jouée par Eames, 
On peut affirmer que les femmes ont des rôles de merde dans ce film.

Cobb endosse le rôle d’un certain Monsieur Charles, pour manipuler encore plus finement Fisher en lui révélant qu’il est dans un rêve et qu’il a été manipulé par Browning (qui apparait maintenant comme une projection).

Monsieur Charles/Cobb apprend à Fisher qu’il est en train de rêver et que plutôt que de se réveiller, il serait bien avisé de lui faire confiance de chercher avec lui le coupable. Car Monsieur Charles se présente comme « le chargé de sécurité, ici ». La prestation de comédien de Cobb est en jeu, mais il s’en sort haut la main : Fisher soupçonne Browning de lui mentir, il doit donc chercher la vérité. Pour cela, Cobb lui propose un troisième rêve (mais Fisher pense que ce n’est que son second). Dès le largage dans le troisième rêve, c’est la grosse gabegie, à cause de Yusuf qui franchit le parapet du pont trop tôt et d’Arthur qui n’était pas à son poste, trop occupé qu’il était à bastonner de la projection. Comme la camionnette tombe dans le rêve -1, Arthur et ses ennemis sont projetés puis maintenus dans une looooongue apesanteur. C’est la plus belle scène du film : un combat flottant dans le corridor de l’hôtel. Pour rassembler tous ses compères endormis (tout le monde sauf lui si vous avez suivi : on laisse toujours quelqu’un derrière soi, chargé de la sortie) en les superposant comme un mille-feuille, ligotés par un fil électrique. Il va devoir ensuite trafiquer l’ascenseur où il a mis le millefeuille, à coup de charges explosives (il va quand même arriver à le faire remonter par ce moyen) pour simuler l’apesanteur avant la décharge.

Le temps fort de l’action


* Rêve -3 *
Au-delà des limites

Cette fois, dépaysement garanti ! Nous atterrissons dans une vaste étendue enneigée, et nos héros sont vêtus, que dis-je ? suréquipés en mode « soldats des neiges », avec fusils mitrailleurs et grenades dans les poches du sac.

LES PROJECTIONS,  LA SEULE RAISON DE SE TAPER DESSUS
Souvenez-vous : les deux méchants capitalistes-tricheurs Browing et Coboll Engineering sont invisibles, lointains, et potentiellement entravés par la puissance de Saito. 
Sans compter que l’espionnage industriel, c’est quand même relativement paisible : a priori, pas d’agent du gouvernement / de la CIA / du FBI, donc pas d’hommes armés à tout bout de champs. 
Nolan fait encore le bourrin : les projections sont l’alibi « baston » du film, des personnages hostiles, sans identité, sans existence, tout comme dans un jeu vidéo. Shoot them all, il n’y a que ça à faire. 
Il y a les projections de base, genre piétons curieux qui vont finir par vous bousculer, et puis il y a la « sub-sécurité »,des projections utilisées par un rêveur entraîné à résister à l’extraction, lourdement armées et entraînées au combat. Et puis il y a Mal, surtout, qui s’acharne tout particulièrement sur les amis de Cobb. 
Je ne sais pas si le subconscient masculin a tendance à la violence, mais il est clair que les films qu’on propose aux hommes en font leur domaine de prédilection, pour donner de la « tension » (vous pensez à ce que je pense ?). Preuve que les réalisateurs de ces films partent du principe que les hommes, ont besoin de violence pour se divertir (les spectateurs) ou pour régler leurs problèmes (Cobb dans le film). Pour se sentir vivant, faut que ça fasse mal ? 
D’ailleurs, Cobb a beau avoir dit qu’ils n’étaient « pas préparés à ce genre de violences », le maniement des armes leur viendra avec un naturel confondant (sauf pour Yusuf et Ariane, qui les utilisent maladroitement, rêver n’améliore pas vos « performances » physiques) : grenades, armes de poing, fusils à lunette, mitrailleuses, bazooka, charges explosives, appareillage classique du mâle dans un film d’action.

Ils mettent un temps fou à se retrouver, puis ils se dispersent, certains empruntant des falaises, d’autres des pistes noires (j’invente rien). Interrompus par une avalanche déclenchée par la décharge tôtive de Yusuf et poursuivis par de redoutables projections militarisées sur-entraînées, ils arrivent dans un certain désordre jusqu’à la forteresse-hôpital dans laquelle agonise une projection de Fisher Senior. Oui mais Fisher Junior est tué par Mal avant et Saito va également passer l’arme à gauche ! Cobb est prêt à abandonner, mais Ariane trouve la solution : il faut aller chercher tout ce petit monde dans les limbes. Eames devra ranimer Fisher au signal d’Arthur (Non…. Rien de rien… je ne regrette rien…) d’un coup de défibrillateur pour le ramener à la vie juste avant qu’ils ne le débarquent eux-mêmes des limbes. Après quoi il devrait avoir juste assez de temps pour trouver la chambre-forte avant l’explosion d’Arthur dans le niveau supérieur.
Avouez que ça ne fait pas dans la dentelle.

C’était le dernier pivot du film : quand Cobb et Ariane tombent dans les limbes, le film atteint son dénouement.

ENCORE DE LA CARABISTOUILLE 
- On ne sait pas comment Mal et Cobb atterrissent dans les limbes, puisqu’a priori ils n’utilisaient pas les sédatifs de Yusuf et n’avaient pas encore eu l’occasion de mourir en rêve (ils sont décrits comme des pionniers). Or on ne se retrouve dans les limbes que si l’on meurt dans un rêve avec l’impossibilité de se réveiller dans le précédent. 
- La scène du suicide de Cobb et Mal, bloqués dans les limbes, est un mensonge assumé : Nolan nous présente les protagonistes jeunes et beaux, alors qu’ils sont censés être vieux, très vieux. Il rétablit la vérité à la fin, dans un plan court et lointain. 
- L’utilisation du rôle de Monsieur Charles et celui de la Blonde Vénéneuse dans le deuxième rêve sont particulièrement forcées : on se demande bien, puisque la décision d’utiliser Monsieur Charles a été prise dans la camionnette quelques secondes plus tôt, quel avait été le plan de départ. De toute évidence, c’est celui-là le meilleur, pourquoi ne l’auraient-ils pas décidé avant ? C’est juste un fil de tension supplémentaire : utiliser Monsieur Charles est très risqué, car il apprend au rêveur qu’il rêve, ce qui le rend particulièrement méfiant (et donc les projections deviennent plus agressives etc), en fait c’est risqué au point qu’ils n’auraient pas pu décider de le faire s’ils n’étaient pas dans l’urgence. Oui, je sais c’est un peu laborieux, mais ça marche tout seul : Nolan vous livre une énième information-capitale-qui-change-tout et vous restez bien droit dans votre siège. Pour la blonde, c’est idem : c’est évidemment une idée qu’ils auraient dû avoir avant.

LE DENOUEMENT

* Limbes *
Au-delà de l’au-delà

C’est l’étape-surprise, état de rêve que l’on découvre assez tardivement dans le film. A priori ça fonctionne comme les autres niveaux mais ce n’est pas l’impression que ça donne… Bref.

Cobb et Ariane doivent retrouver Fisher et Saito. On découvre le contenu des limbes que Cobb et Mal ont construit comme on joue aux pâtés de sable : une ville déserte, au bord d’une plage. Cobb en profite pour donner le fin mot de l’histoire à Ariane (c’est lui qui a suggéré à Mal que son monde était irréel (ils étaient effectivement dans les limbes), en faisant tourner sa toupie, puis qui a instillé en elle l’idée du suicide comme porte de sortie), puis ils trouvent Fisher sur la terrasse de Mal. Mal poignarde Cobb, Ariane tue Mal, Ariane balance Fisher puis menace de tuer Cobb qui arrête son geste : ils n’ont pas encore retrouvé Saito, et il doit honorer sa part du marché ! Ariane plonge donc seule dans le vide, ce qui la ramène au niveau -3, où le décor s’écroule ce qui la ramène au niveau -2 au moment où Arthur fait exploser l’ascenseur, ce qui ramène tout le monde dans le niveau -1. Tout le monde sauf Cobb.

Vous aurez noté, tout de même, que chaque protagoniste a plusieurs occasions de mourir dans ce film : la mort étant présentée comme un recours de sortie (décharges, meurtres, suicides), on ne s’étonne pas d’en compter au moins 58.

MORTS VIOLENTES 
Alors comme ça, gratuitement, par pur plaisir d’expliquer que j’en ai marre, voici la liste des morts du film avec l’assassin entre parenthèses : Morts pour Nolan ! 
- Dix Chinois (projections de Saito), d’une balle dans le dos ou dans la tête (Cobb) ou par effondrement du décor. 
Arthur : d’une balle dans la tête (Cobb) puis dans l’explosion de l’ascenseur (suicide). 
Saito : par effondrement de plafond (Arthur est sorti du rêve), puis d’une balle dans la poitrine, après une agonie de 10 heures (projections) et enfin par arme à feu à la fin (suicide). 
Cobb (cinq fois) : par noyade (Nash le plonge dans une baignoire dans le rêve supérieur), par explosion d’une vitrine (Ariane perd son sang-froid), par suicide sous un train (avec Mal dans les limbes), poignardé (Mal) puis probablement par arme à feu pour sortir des limbes (Saito). 
Nash : assassiné par la révolte (projections), puis possiblement par son employeur (Coboll Engineering). 
Mal : deux fois par suicide (dont une fois avec un train et l’autre, montrée deux fois, en se jetant dans le vide), une autre d’une balle dans la poitrine (Cobb), une troisième encore par balle (Ariane). 
- Ariane (cinq fois aussi) : par explosion d’une vitrine (elle-même), puis poignardée dans le ventre (Mal) suivie d’une seconde tentative avec un verre à pied cassé (encore Mal). Puis par défenestration suivie d’un écroulement du décor suivi de l’explosion de l’ascenseur (décharges finales). 
- Un pisteur de Coboll (un de ses collègues). 
- Maurice Fisher : de mort naturelle (et très attendue) puis une nouvelle fois dans le troisième rêve. 
- Robert Fisher : d’une balle dans la poitrine (Mal) mais ranimé au défibrillateur, jeté dans le vide (Ariane) puis décharge finale effondrement du décor de la chambre forte/explosion de l’ascenseur. 
- 18 projections de « subsécurité », écrasées entre deux voitures (Arthur) ou abattues à l’arme à feu (Arthur, Eames, Cobb et Saito), jeté de moto contre une voiture (Yusuf), étranglées (Arthur), tuées à la grenade (Saito, Eames) ou jetés dans le vide (Arthur). 
- Eames, qui s’en sort aussi bien qu’Arthur : effondrement du décor puis explosion de l’ascenseur.

Si ce n’est pas de la banalisation !

Nolan fait un lien malheureusement assez difficilement perceptible entre la possibilité de mourir plusieurs fois… et celle devivre plusieurs vies, ce qui a été le cas de Mal et Cobb : ils ont vieillis ensemble, pendant 50 ans dans les limbes… Ce sont les premiers humains à avoir eu deux vies ! C’est la réponse à la « devinette » du train qui parcourt tout le film, et ce qu’implique logiquement toute la mécanique du rêve.

C’est une jolie idée, mais je trouve que Nolan la distribue comme un charcutier : débitée en morceaux, livrée encore palpitante et empaquetée dans son bain de sang.

* Limbes II *
Au-delà de l’au-delà de l’au-delà

Cobb se re-réveille sur la plage des limbes : on en déduit qu’il est mort avec Mal dans les limbes précédentes (?). Ce sont les images qui ouvrent le film, nous avons irrépressiblement envie de revoir cette scène. Celle-ci est tronquée par rapport à celle du début : Nolan élimine logiquement toutes les carabistouilles de l’introduction, Cobb est donc traîné jusqu’à Saito, qui a pris un sacré coup de vieux. Il a reconstitué le décor de son palais. Cobb a l’air d’avoir tout oublié lui aussi. Heureusement, les deux hommes trouvent la toupie, et tout leur revient en tête ! On voit Saito saisir une arme.

* Retour à la réalité *

Cobb refait surface, directement dans l’avion, on ne sait trop par quel procédé. Saito passe le coup de fil promis qui permet à Cobb de franchir la frontière américaine sans encombres (on a quand même un petit doute face au douanier). Les membres de l’équipe se dispersent sans se parler. Fisher a l’air de se poser des questions quand il regarde Cobb. On ne sait pas si l’inception a réussi, si Fisher démantèlera effectivement l'entreprise de son père.

Cobb retrouve enfin ses enfants (on remarque qu’il ne porte plus son alliance), et on apprend que le petit James ne cherchait pas des vers de terre, mais qu’il construit une « maison sur la falaise ». Cobb fait tourner une dernière fois sa petite toupie : on la voit vaciller, mais le film prend fin avant que nous la voyions tomber (elle tourne vraiment longtemps quand même).

La dernière carabistouille de Nolan.

ET TOUJOURS DE LA CARABISTOUILLE 
- A la fin, Cobb se retrouve dans les limbes avec Saito, et ils ont raté toutes les décharges. Vu la pression mise sur la nécessité d’une synchronisation, on se demande comment ils ont pu franchir les trois rêves qui les séparent de la réalité et où tout a explosé depuis un moment. 
- Que ce serait-il passé pour Fisher si Ariane n’avait pas persuadé Cobb d’aller le chercher dans les limbes ? Il y serait resté, logiquement, jusqu’à la fin de sa sédation donc potentiellement des décennies dans les Limbes, comme cela arrive à Saito. Cobb renonce donc tout d’abord à Fisher avant de se laisser convaincre pour pouvoir revoir ses enfants, mais n’hésite pas un instant à aller chercher Saito pour qu’il honore sa part du marché. 
- Souvenez-vous : on a vu Cobb être dérangé alors qu’il voulait faire tourner sa toupie dans la cave de Yusuf, puis Mal a insinué que la traque dont est victime Cobb n’est peut-être que des projections, fruits de sa paranoïa, et enfin, cette toupie qui ne tourne pas. Pour Nolan c’est « la fin parfaite », pour nous l’avant-dernière occasion de soupirer. 
- Car vous avez eu beau faire, votre rationalité expérimentale n’est pas parvenu à déterminer l’opportunité de l’existence du totem. On n’en voit qu’un fonctionner, c’est celui de Mal et Cobb le tripote en permanence, tandis que ceux d’Arthur et d’Ariane ne servent jamais. C’est un objet qui se nie juste après avoir existé, c’est un objet maléfique, démoniaque, et si vous voulez mon avis, oubliez-le.

J’en suis donc venu à bout, avec la conclusion suivante : ce film manque singulièrement de vie. Il est trépidant, agité, mais mortifère, englué dans son mécanisme, trop volumineux. L’astuce est intéressante mais tout le reste est la répétition lassante de motifs éculés et vénéneux socialement qui font le pain du « film d’action » à gros budget.

Cherchez les différences – mais surtout les points communs !


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