(MOOC) Violences faites aux femmes / la violence sexiste




Je continue de suivre ce MOOC (huitième semaine) consacré aux Violences Faites aux Femmes, autrement nommée « violence sexiste ».

C’est une violence conceptuelle qui contient toutes les violences réelles, celles qui font bien mal. C’est la violence qui sous-tend et permet toutes les autres, de la violence verbale à la violence sexuelle. Elle est quotidienne, sourde, présente depuis l’enfance. C’est le vrai monstre qui détruit les relations entre les hommes et les femmes. Le sexisme n’a pas de religion, mais tout à voir avec la domination, il n’y a que le mot qui soit nouveau. C’est le même joujou qui gigote en présence de racisme, de spécisme, d’esclavage, de prostitution, d’extractivisme et de toute forme de pensée qui place l’homme (et ses besoins) au-dessus de tout le reste, en dépit, même, de sa propre moralité. Le sexisme est une attitude discriminatoire basée sur le sexe, qui dénie l’égalité en droits des sexes (en commençant par n’en imposer que deux). Quoique la notion puisse concerner les hommes comme les femmes, en réalité, partout dans le monde, le sexisme est unilatéral : des hommes vers les femmes (ou de tout ce qui n’est pas assez clairement « un homme »). Ici, c’est le droit à l’intégrité physique et morale, à la parole, à la liberté d’action, à l’éducation et au respect de la personne, bref, les droits les plus élémentaires, qui sont déniés.



Les infos à retenir

Part des victimes de violences physiques selon l'âge

« En 2010 ou 2011, 2,2 millions de personnes de 18 à 75 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles. Les hommes sont beaucoup moins souvent que les femmes victimes de viols et d’autres atteintes sexuelles. Les jeunes adultes et les parents de familles monoparentales sont plus exposés à toutes les formes de violences. Pour un homme sur deux victime de violence, l’auteur est un inconnu. À l’opposé, les trois quarts des femmes victimes de violence connaissent leur agresseur. Notamment, pour plus de 30 % d’entre elles, il s’agit du conjoint ou de l’ex-conjoint. Ces violences conjugales sont rarement suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel. »



Chiffres et études



- L’étude VIRAGE (INED, 2015)

- Les résultats de l'enquête VIRAGE, par Dr Christine Hamel, chercheure à l'Institut National des Études Démographiques (INED)



- Les données nationales sur les violences faites aux femmes : intervention de Sophie Simon, chargée de projet à la Mission Interministérielle pour la Protection des Femmes victimes de violence et la lutte contre la traite des êtres humains.


- Les données internationales sur les violences faites aux femmes : intervention d’Aline Philibert, professeure associée et épidémiologiste à l’Université du Québec à Montréal.



Les femmes les plus vulnérables

Les petites filles et les adolescentes
- à l’échelle mondiale, elles sont concernées en premier lieu par les mutilations sexuelles, massivement subies au plus jeune âge ; elles sont aussi concernées par le crime de viol, l’inceste, le mariage forcé, les agressions sexuelles.
- l’agresseur compte sur l’autorité qu’il exerce sur l’enfant et l’obéissance de cellui-ci.
- les enfants ne sont que peu écouté.e.s, cru.e.s ou même encouragé.e.s à parler. De plus, ils et elles n’ont parfois pas les mots pour dire.
 - en France, 5% des femmes déclarent avoir subi des violences sexuelles au sein de la famille ou du couple. Les filles ayant subi des viols et des agressions sexuelles sont ensuite 2 à 3 fois plus exposées aux violences conjugales à l’âge adulte.

Les jeunes femmes
- les femmes de 20 à 34 ans sont le plus exposées aux violences sexistes en général : 5% d’entre elles ont subi une agression sexuelle, un viol ou une tentative de viol dans l’année écoulée.
- elles sont particulièrement soumises au harcèlement de rue, au slutshaming.

Les femmes enceintes
- voir l’article consacré à la violence conjugale.

Les femmes migrantes
- le danger est élevé à toutes les étapes du voyage : dans le pays de départ (généralement en guerre), pendant le voyage (passeurs, autres réfugiés) puis à l’arrivée (hébergeants, policiers).
- elles sont particulièrement exposée à la prostitution et aux agressions sexuelles.
- l’absence d’hygiène et de soins aggrave considérablement les conséquences physiques de ces violences (infections, grossesses, plaies et blessures).

Les femmes prostituées
- les femmes et les filles représentent 70% des humains victimes de la traite.
- la traite des femmes est basée sur l’exploitation des plus vulnérables : enfants, femmes fuyant les zones de guerre, extrême pauvreté.

Les femmes atteintes de handicap
- Écoute Violences Femmes Handicapées (gratuit, tous les lundis et jeudis matins) : 01.40.47.06.06
- Téléphone ALMA : 3977
- 4 femmes atteintes de handicap sur 5 sont victimes de violences. Ces violences sont : maltraitances physiques, sexuelles et psychologiques, privations alimentaires et médicamenteuses. Elles sont victimes de leurs conjoints, de leurs proches mais aussi des institutions qui sont censées les aider.
- la spécificité du handicap rend ces violences hors-normes : parce que ces femmes sont déjà ignorées par la société avant même d’être violentées, parce que le handicap peut en lui-même générer culpabilité et dévalorisation, terrain propice à la silenciation, parce que les lieux d’aide et de justice leurs sont difficilement accessibles.

Les femme âgées
- Téléphone ALMA : 3977
- les femmes de plus de 60 ans sont presque toujours exclues des enquêtes statistiques sur les violences faites aux femmes : ces violences sont particulièrement invisibles.
- situation encore plus inhabituelle et traumatique, due à la mauvaise condition physique.

On est toutes concernées parce que toutes précarisées, vulnérabilisées par le fait d’être des femmes, mais certaines le sont plus que d’autres. Dans tous les cas, le silence nous nuit. Pour amener une femme à parler de violences qu’elle subit ou a subies, il faut poser la question.

- Libre Terre des Femmes conçoit et diffuse des films destinés à informer les femmes victimes dans 10 langues.

La question

- ça ne synonymise pas avec « torture » pour rien : on pressent que poser la question des violences à une femme qui en est peut-être victime est susceptible de faire surgir des émotions vives au sujet desquelles notre société fondée sur le tabou sexe/mort/pouvoir n’a pas de réponse facile. C’est une réalité : le traumatisme va resurgir et ce sera inconfortable pour tout le monde. Le travail du, de la thérapeute, de l’accompagnant.e est précisément d’aider la femme à gérer ce qui va sortir, à l’apprivoiser et à le soigner.

- poser la question directement permet de détecter 50% des victimes. 80% des médecins sensibilisés annoncent ne pas avoir eu de mal à la poser. 80% des femmes n’ont pas eu de mal à y répondre.

- les mots comptent, surtout au début : les femmes ne sont pas toujours certaines d’avoir été violées ou maltraitées, ce n’est pas toujours une évidence. En donnant un nom, vous définissez, or tout le monde n’a pas la même façon de définir ce qu’est une « violence » ou une « agression sexuelle ». Plus le thérapeute est descriptif, plus les réponses sont nettes. Par exemple, vous obtenez moins de réponses positives à « Avez-vous été violée ? » qu’à « A-t-on obtenu de vous un rapport sexuel que vous ne désiriez pas ? ». Plus de réponses à « Avez-vous été maltraitée, bousculée ? » qu'à « Avez-vous été victime de violences ? »

- La réponse du ou de la thérapeute qui écoute une femme violentée devrait être :
« Je vous crois. »
« Il n’a pas le droit, c’est la loi. »
« Je peux vous aider. »
« Vous n’êtes pas responsable des violences que vous subissez. »


ÉLÉMENTS SPÉCIFIQUES DE LA STRATÉGIE DES AUTEURS DE VIOLENCES SEXISTES 

(par le Collectif Féministe contre le Viol)
  
Quelle que soit la forme de violence exercée, on retrouve des caractéristiques semblables dans la stratégie mise en place par l’auteur de violence à l’encontre d’une femme.

* Choisir la victime

* Isoler la victime

* La dévaloriser, la chosifier 
Humilier, dénigrer, critiquer, moquer, insulter, affaiblir, avec la double conséquence : 
- Qu’elle ne répliquera plus 
- Qu’elle perdra l’estime d’elle-même

* Inverser la culpabilité 
Transférer la responsabilité de la violence à la victime 
Ne se reconnaître aucune responsabilité dans le passage à la violence elle a provoqué, elle souhaitait que je fasse ça, elle m’a énervé, 
Entretenir la confusion, l’embrouille : Attitudes contrastées alternant périodes d’accalmie annonciatrices de redoutables orages.

* Instaurer un climat de peur et d’insécurité 
Se présenter comme tout puissant 
User de menaces et en mettre quelques-unes en œuvre 
Représailles sur les proches.

* Agir en mettant en place les moyens d’assurer son impunité 
Recruter des alliés, organiser une coalition contre les faibles 
Prévoir d’impliquer la victime potentielle dans le déroulement des faits lui offrir quelque chose, lui demander de l’aide, lui fournir de l’aide… 
Verrouiller le secret.

Les décisions relatives à l’intervention sont facilitées lorsque l’analyse des faits met en évidence que plusieurs, ou toutes, ces caractéristiques sont présentes dans une situation : il s’agit bien d’actes volontaires qui portent atteinte à la personne. L’intervention qui suivra ne peut que se fonder sur la loi qui protège les victimes et sanctionne les auteurs.



Débats sur le sexisme en milieu universitaire



Avec :
- Natacha Henry, historienne et journaliste, vient de publier Marie et Bronia, le Pacte des sœurs (Albin Michel Jeunesse).
- Rachida Lemmaghti, chargée de mission Égalité Femmes-Hommes à l’Université Paris Diderot et membre de La Conférence permanente des chargé•e•s de mission égalité et diversité des établissements d’enseignement supérieur et de recherche (CPED).
- Élise Brunel, chargée de mission égalité des sexes et études de genre au Ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.

« Sa vie est en péril parce que ce crétin a mis sa main sur son genou. »

- ANEF (association nationale des études féministes)
- CPED (Conférence Permanente des chargé.e.s de mission Égalité et Diversité)
- L'association Femmes et Maths
- CLASHES (Collectif de Lutte Anti-Sexiste contre le Harcèlement sexuel dans l'Enseignement)
- Bilan social du ministère de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche 2015-2016, octobre 2017.


- Rachida Lemmaghti : "L'université n'échappe pas aux violences sexistes et sexuelles", par Sciences critiques, 01/11/2017


Les chercheur-e-s spécialistes de ces questions ont conclu, depuis longtemps, au caractère systémique de ces violences, en démontrant, au passage, l’absence de lien entre ces dernières et la classe sociale, la culture et la formation académique. Les violences sexistes et sexuelles reposent sur des rapports de pouvoir inégaux de sexe, qui sont universels.
Rachida Lemmaghti



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