Mes nuits sont plus belles que mes jours (et pourtant je ne dors pas)

Un téléviseur encore en noir et blanc ne se sentirait pas autrement, si on lui demandait de retransmettre un documentaire en numérique sur les couchers de soleil dans les mers du Sud : un peu dépassé, saturé, honteux de son incapacité à se donner d’autres moyens... Je suis actuellement en basse définition, plus un neurone pour gérer une émotion de plus ou stocker une information supplémentaire. Plus de place pour avaler un gramme d’air. On est deux sur l’affaire, à tenter de rafler ce qui me reste encore de jus.


La voûte de mes pieds et mes genoux portent 8 kilos de plus, mon emploi du temps déborde de tous les côtés et l’espace à parcourir est 1000 fois trop grand. Alors je cours. De cours en cours. De fiches de prép’ en lectures préparatoires. De cantines en restaus, d’hôtels en studios, et de trains en taxis, mais ça ne suffit toujours pas. J’ai soif et envie de pisser, faim et l’estomac lourd. J’ai mal au crâne et je ne peux pas dormir, du boulot et de la fatigue. Je crois que ça ne se voit pas encore : je souris parce que j’aime ce que je fais.

Mais le soir, quand tu raccroches le téléphone, je pleure un peu. Je voudrais tes bras, y déposer l’espace-temps, m’y étirer par-dessus et ne plus bouger, dormir sans prévision de réveil.

Allez, encore trois semaines. À m’agiter. À tenter de diffuser de la couleur sur mon écran noir et blanc.

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