Match Point / Jour 3
Après les prémisses, la rencontre, l'approche et enfin la parade, on en est arrivé au match point. Le premier
jour on s’est reniflés. Le deuxième jour on s’est mélangés. À l’aube du troisième jour, je suis toujours dans
son lit. Ambiance lascive, on suspend le temps un jour de plus.
Jour 3 (le jour le plus cool)
Là,
ça devient carrément orgiaque. Ma physiologie se met à prendre le dessus sur
tout le reste, c’est très sensuel et en même temps pas mal gênant.
Bon,
alors je vais vous dire, cette propension que j’ai à expulser l’eau de mon
corps, c’est comme toi, j’y suis pour rien. Quand je fais du sport ou qu’il
fait chaud, c’est invraisemblable la flotte que je peux accumuler entre mes
deux seins. Mais le plus drôle, c’est quand je suis nue. Je deviens alors toute
sèche, sauf des aisselles. Là, je me mets à produire une, deux petites perles
de sueur grasse. Ça roule sur mes flancs, ça fait des chatouilles c’est
marrant. Tu sais ce que c’est ? De la sueur émotionnelle. Ce n’est pas vraiment de la sueur parce que c’est plus gras
(un peu blanchâtre d’ailleurs), plus rapide, moins abondant et que ça porte les odeurs : ça pue la peur
et le désir. Comme Johnny Boy chauffe beaucoup trop son appartement et qu’on passe la journée tous nus sous la couette, ben j’ai pas froid et j’ai plein d’émotions, c’est
sûr. Lui, il est plutôt discret olfactivement. Il se lave tous les jours, voire
deux fois par jour ; je me mets à avoir honte, alors que ça fait vingt ans,
depuis mon adolescence, que j’ai appris à vivre humide tout en gardant une
hygiène rigoureuse. Alors, c’est pas la mer à boire mais ça élargit juste
encore un peu mes failles personnelles.
Ça
a quand même un avantage : on se retrouve vite dans le vif, dans l’intimité
du sujet (lui, moi). Avec toutes ces effusions de liquides corporels, je ne
peux pas vraiment m’offrir le luxe de la pudeur et puis de toute façon je
déteste la pudeur. J’aime la Vérité, les choses toutes nues, qui puent la peur
et le désir.
En
même temps qu’on se mélange (son corps me rend folle), on parle. On fait
davantage connaissance, on parle de nos familles, de nos études, de nos
ami.e.s, de ce qu’on attend de la vie. Et puis on parle pas mal de « nous »,
sans que rien n’en sorte de très défini. Beaucoup de « j’ai peur de » ,
« je voudrais pas », aucune promesse en face. Je replonge avec pas
mal de plaisir dans la méta-relation : ce temps que l’on prend et cet
espace de pensée que l’on étale par terre (ou sur une table avec un thé brûlant
ou dans un lit avec un joint) où l’on regarde, parle et analyse la relation, où
l’on rend ses intentions plus claires, où les émotions s’expriment et
s’explicitent. On fait toujours de chouettes découvertes sur l’autre ou sur
soi.
On
parle de tout. Globalement, on passe notre temps au lit. On regarde la télé, on
écoute de la musique, on se lève pour cuisiner et puis on se recouche pour
baiser. On est complètement sur la même longueur d’onde : on partage la
même culture. Il me fait découvrir des trucs que je trouve géniaux, et moi je
lui fais découvrir des trucs qu’il adore. Ainsi, Boulevard de la Mort, qui est quand même un des sommets de la
misogynie de Tarantino, au moment pile où il essaie de bien faire.
C’est censé
être un film féministe, tuvoa (voire même "un modèle utopique de mixité raciale et sexuelle" !), sauf que je vois pas comment. Ce film est tellement beau dans sa
conception et perturbant dans son contenu qu’il a suscité, sans que j’ai à le
titiller, beaucoup de questions de sa part. Ce film, c'est du velours pour quelqu’un.e qui
essaie de démontrer l’existence de la culture du viol, allez-y les
filles. Ce film matérialise à lui seul ce furieux clivage en moi entre le goût
et le dégoût de la testostérone. Et
y a un message dans le fait que ce sont les filles qui couchent qui
meurent ? Tarantino, il veut faire du féminisme en étant désespérément
masculiniste. Son message « les femmes sont comme les hommes », est
faux de base.
Le féminisme selon Tarantino : les filles qui boivent, fument et se soumettent aux hommes meurent... |
Il suffit de savoir utiliser un fusil à pompe ou manier avec aisance la batte de base-ball avec l'intention de tuer. |
D’un point de vue spirituel, si j’ose dire, je pense que c’est à peu près pareil les hommes, les femmes, mais toute notre société s’est basée sur le fait que c’était radicalement différent. Il peut pas se la ramener comme ça, monsieur Tarantino, cet hétéro cis-genre blanc fortuné et admiré par les autres mâles hétéro cis-genre de la susdite société, faire faire des « trucs de mecs » à des meufs et dire « les meufs c’est comme les mecs », sans remarquer qu’il ne joue que sur des clichés, et jamais sur des questions individuelles d’identité. Je voudrais bien que l’Humanité soit une et indivise, ce serait beau, ce serait chouette, mais ce n’est pas le propos de Tarantino, qui n’est pas ce genre de bisounours-là. C’est plutôt au chausse-pied, en « cassant les codes » comme on dit (des codes cassés c’est toujours des codes… mais des codes cassés !), en tronquant d’un côté (les hommes sont des abrutis), en en ajoutant un peu de l’autre (les femmes sont fortiches), il ne fait que souligner l’écart entre ces deux putains de codes. Il dit qu’il faut enlever les couilles d’un mec et les ajouter à une meuf pour que les hommes et les femmes soient égales. Merci mais non merci.
Isaiah Stephens |
Bref,
c’est la discussion qu’on a eu avec Johnny Boy, deux heures durant. Avoue que
c’est du bon level féministe déjà. J’en connais 300 000 qui n’auraient pas
pu l’avoir sans que ça tourne à l’engueulade. Je ne l’ai pas senti vexé,
frustré ou émasculé par ce que je disais. + 6353858637 points.
À
part les films, y a eu la musique aussi. J’adore ce qu’il écoute et il aime
bien aussi ce que je lui propose. Youtube tourne toute la journée. Johnny Boy est posay, underground, électro, très ragga-ska avec une pointe de rock
francophone. Vas-y, c’est de la bonne.
Il
est joueur aussi. Je t’ai pas dit ? Ce mec fait à peu près 75 blagues,
calembours ou mimes amusants par jour. Il m’amuse, il m’amuse !! Il a
beaucoup d’esprit, il a cette agilité qui fait que la conversation peut fuser,
qu’elle peut aller loin, bifurquer mais pas se perdre.
À
la fin de la journée, je réintègre mes pénates. On se dit salut en se
promettant de s’appeler et de se revoir. Quand je lance le moteur, mon
auto-radio se met à gazouiller. C’est drôle : j’écoute le même album de Ben Harper
dans ma voiture en ce moment que lui dans la sienne.
Sur
le chemin du retour, je trouve le soleil drôlement brillant et le ciel
drôlement amical pour un mois de décembre.
C'et beau, c'est bon, Et puis Boulevard de la Mort, le jour où je l'ai emprunté, j'avais même pas vu que c'était un Tarentino, passke sur la jaquette il y avait juste Death Proof et une photo qui claquait bien.. quand le DVD s'est lancé, j'ai pas laché le truc! J'en suis encore sur le cul, quand je regarde sans me lasser cette scène de Ouf! Qui montre bien dans quel monde de merde à base de clichés on est projetés tous le jours... ça contient tout cette scène! ^
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=T1T8iZn6tzU
Notamment cette légèreté des êtres que nous sommes.... la fille fagotée comme un sac, le type attifé comme un blaireau US épi y a même les gouttes de sueur de la Petite dans sa salière....
Rhââââââââââââââââââ
"fagotée comme un sac" ??? C'est une bombe, vous voulez dire ? la "Petite" ? où ça une petite ? Je vois une adulte. Petite, c'est le mot consacré sur les sites de porno pour parler des plus jeunes filles, souvent il y "brune" collé derrière. Sa salière et la sueur, j'ai pas vu / je ne comprends pas. Et derrière : "légèreté des êtres", nous parlons d'une scène de danse tarifé pour un gros porc, je crois ? Cette scène est hypra lourde.
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