Blason : structure et composition
Vous avez bien révisé votre Langue Française et votre Histoire, cher Goddedur de Fouille-Croix ?
Alors vous pouvez passer à l’atelier pratique : concevez
votre propre blason !
Pour inventer un blason (votre mission, si vous l’acceptez), vous aurez besoin…
- d’un écu. Je vous en propose trois modèles ci-dessous, que vous
pouvez imprimer avant de le remplir.
- d’objets héraldiques,
que cet article va vous présenter. Ils sont au nombre de trois que vous
combinerez comme bon vous semble : les partitions, les pièces
et les meubles (ces deux derniers
objets sont qualifiés de « charges »). Pour les tracer : une règle,
un crayon de papier bien taillé et une gomme.
- de couleurs. On ne colorie pas un blason à la va-comme-ça vient ! Le prochain article est destiné à vous
livrer les règles d’utilisation des émaux et des métaux. Sortez vos pinceaux,
vos feutres ou vos crayons de couleurs. À défaut ça ira quand
même.
- de mots. La grammaire du blason pèse son pesant de cacahuètes, le dernier article de cette série vous
donnera quelques repères en la matière. Munissez-vous éventuellement de votre Littré
et d’un Bescherelle.
1. L’ÉCU
Le
support physique du blason est l’écu, le bouclier du chevalier. Les bords de
l’écu délimitent logiquement la forme du blason. Celle-ci varie selon les
époques, les usages (la participation à un tournoi ou une bataille) et les
pays.
Vous pouvez dessiner vous-même la forme de
votre écu pour un rendu 100% perso. Ou bien utiliser l’un des trois modèles
ci-dessous (Ancien, Moderne, pour Dame).
Ou encore utiliser ce petit logiciel légèrement
poussiéreux qui vous permettra de concevoir votre blason dans des formats
improbables (en fait le format SVG, pour les images vectorielles, lisible par
Inkscape, mais aussi votre navigateur internet (Explorer, Firefox, Opera)… pour
obtenir une image jpeg, enregistrez votre blason puis cherchez-le dans vos
Documents, ouvrez-le avec votre navigateur, cliquez droit puis
« enregistrez sous », au format désiré - si vous avez plus simple je
suis preneuse).
2. LES PARTITIONS
Chevalier,
saisissez-vous de votre épée, et tailladez dans le vif de votre écu ! Donnez-y
le coup d’épée que vous voulez, à l’horizontale (parti), à la verticale (coupé)
ou en diagonale (taillé ou tranché en fonction du sens de la
pente), de manière à diviser votre blason en deux zones de surfaces à peu près
égales.
Ces quatre coups peuvent être superposés
pour former de plus nombreuses zones...
... appelés « quartiers » ou
« cantons » que l’on décrit de gauche à droite :
… ou rebattus…
… on peut même détailler le champ de l’écu en
« menues » partitions…
Allez-y, embarrassez-vous du choix !
Il n’existe pas à proprement parler de
symbolique qui ferait « parler » ces différentes partitions, car leur
existence répond à des nécessités pragmatiques, à savoir la fabrication du
bouclier du chevalier et l’usage qu’il en avait. Vous choisirez donc une
partition qui vous parle, et à laquelle vous donnerez le sens que vous voudrez.
C’est la même chose pour les pièces
honorables.
3. LES PIÈCES HONORABLES
Les
pièces ont le même rôle que les partitions, auxquelles elles s’ajoutent. Elles
divisent le blason en zones supplémentaires (en nombre impaires : une,
trois…) et superposées sur le champ de l’écu (c’est-à-dire par-dessus
l’éventuelle partition). Elles sont dites « honorables » si elles
sont assez larges pour être « meublées » (voir plus bas). Elles
correspondent aux renforts du bouclier. Vous les choisirez donc en fonction de
la solidité que vous souhaitez donner à votre écu, preux chevalier de
Fouille-Croix…
Évidemment, vous pouvez en combiner
plusieurs ou n’en mettre aucune ! Vous pouvez les multiplier (elles sont
alors réduites en épaisseur et peuvent difficilement être meublées), modifier
leur trait…
Vous trouverez une infinité de
possibilités en flânant sur le site - très recommandé - Le Héraut d’Armes.
4. LES MEUBLES
Marches d'Autriche - Grand Armorial équestre de la Toison d'Or (Source) |
Il
s’agit des motifs et dessins qui font « parler » le blason. Ces
motifs fournissent une quincaillerie, une faune et une flore des plus
pittoresques. Ainsi soleils, lunes, étoiles, lions et chevaux, épées, arcs, clés
et plus tard arbres, fleurs et symboles religieux sont les signes d’identité
invoqués par les blasons de nos ancêtres…
Armes des Briqueville, XIIIème siècle |
Et vous, Messire de Fouille-Croix ?
En gros, faites comme bon vous chaut, en
écumant vos livres d’images sur cette période passionnante (peintures,
sculptures, enluminures, tapisseries), en tapant dans ce bestiaire ou en vous inspirant des motifs proposés sur ce site ou par ce logiciel… et bien sûr en prenant le temps de sonder vos racines
et trouver l’essence de votre identité…
Voilà, vous avez tout ce qu’il vous faut
pour composer votre blason !
Pour un résultat des plus moyenâgeux,
voici
Quelques
règles de composition…
La
première qualité recherchée est la lisibilité. Le symbole doit être :
-
clair visuellement, donc simple et stylisé,
sans détails inutiles ni fanfreluches…
-
clair symboliquement, c’est-à-dire être évocateur pour la plupart des gens…
Le
blason doit pouvoir être rapidement vu par le héraut et être immédiatement
décrit verbalement par celui-ci. Plus le blason respecte de conventions, plus
sa composition est habituelle, bref, plus le blason respecte les règles du
blason et plus il est qualifié de « régulier »,
facile à lire et à blasonner.
Du reste, ces règles ne sont pas clairement
définies et relèvent de la sensibilité artistique propre à cette époque…
Trois quintefeuilles disposées en triangle (source) |
Ainsi, on aime bien…
- les
dispositions symétriques ou géométriques des meubles en fonction de leur
nombre ; on disposera un motif unique de manière centrée et grossie, deux
motifs côte à côte ou l’un sur l’autre de manière symétrique, trois motifs en
triangle, quatre motifs en carré, cinq en quinconce et davantage en ligne(s),
en plus petit etc.
- les lions qui ne se tiennent pas n’importe comment. Chaque animal possède ses positions coutumières, les
suivantes sont valables également pour le chat, le léopard ou le loup : il
est qualifié de rampant s’il est
dressé à la verticale sur ses pattes arrières (position préférée du lion), de passant s’il se tient à l’horizontale
avec trois pattes au sol (position préféré du léopard), il est lampassé s’il sort la langue et armé s’il sort les griffes…
(source) |
Ramure de cerf (source) |
Deux
animaux sont dits affrontés s’ils se
font face et adossés s’ils se
tournent le dos. La tête ou la patte d’un animal est dite arrachée si elle apparaît seule, sans
le reste de la bête… Je vous conseille enfin d’apprendre à faire la différence
entre une rencontre, un massacre et une ramure.
-
les animaux légendaires ou qui foutent un ptit
peu les pétoches tels la licorne, le
griffon, la sirène, le phénix, le dragon, le corbeau, la salamandre,
la guivre et autres serpents de
toutes sortes…De tels éléments sont en général mis en valeur, seuls et dressés
au centre du blason.
Armorial de Conrad Grünenberg (source) |
Blason de Pornichet |
-
dessiner des paysages… La pointe de l’écu
devient alors le sol (la plaine) et
le chef devient le ciel…
On y plante des montagnes, des tours, des mers, des
bateaux…
-
les fleurs ! Le trèfle est dit tiercefeuille ou quatrefeuille, la rose elle est plutôt une quintefeuille. On aperçoit souvent le pistil. Presque toutes les
plantes proches de l’humain sont représentées.
Ce motif est évidemment idéal
pour être semé, sur le champ de
l’écu. Son emploi est assez tardif et généralement utilisé par les familles
paysannes… sauf le lys, réservé à la famille royale !
Fleurs de lys semées sur le champs (source) |
- par-dessus-tout,
on a horreur du vide, et l’on adapte la
forme, la taille des pièces et des meubles de manière à remplir l’espace de
l’écu. Mais on n’est pas obligé ! Le blason peut aussi bien n’être composé
que d’un champ monochrome, si on aime vraiment l’Or par exemple…
Ah bah oui, tu as parlé de la forme ici ;)
RépondreSupprimerY'a bien longtemps, je m'étais créé un blason
Plus tôt dans ce dossier, (ici : http://volublog.blogspot.fr/2015/03/blason-un-peu-dhistoires.html ) je donne un lien qui creuse la question des armoiries des femmes. Le trait le plus constant n'est pas tant la forme (classique, losange ou ovale) que le fait qu'elles étaient divisée en deux : une partie pour le père, l'autre pour le mari.
RépondreSupprimerJe serai ravie de voir ton blason ! A tes crayons !