La Violette



La Violette est comme l’Ail des Ours : elle ne pousse que dans des endroits paradisiaques.

Elle sur le talus, lui au bord de la rivière. Avec sa cousine la pensée, elle parsème les endroits frais et peu piétinés.

Quand tu croises un tapis de Violette, elles t’enveloppent de leur parfum sucré… et puis tu essaies de renifler le vent, pour le trouver, mais l’odeur s’est envolée !

C’est la légendaire et impalpable timidité de la Violette : à peine senti, son parfum vous échappe. Timidité, mon œil ! C’est de l’effronterie oui ! Fleur trop délicate dont on ne peut extraire véritablement le parfum, elle nous fait en sus l’affront de bloquer les récepteurs de notre odorat !

Elle a une autre caractéristique : elle aime bien faire l’amour toute seule.

Elle possède en effet deux cycles distincts de floraison, qui l’amène à se reproduire de deux manières différentes :

{ Avec la fleur chasmogame, la belle, la bonne, celle que vous cueillez au printemps, elle livre son pollen aux insectes et au vent, comme toute fleur qui se respecte sauf que… ces fleurs-là sont souvent stériles !

{ Avec une seconde fleur, une « fleur fermée », cléistogame, qui se fait très discrète (sans odeur) et qui pousse sous son feuillage, elle s’autopollinise toute seule. Plus fiable, mais moins intéressant génétiquement…

Mais ce que vous préférerez encore mieux chez elle, ce sera la manger. Sa fleur est tout à fait délicieuse ! si on sait l’apprêter. Elle a tendance à décevoir, si vous ne prenez pas mille précautions...

{ Utilisez immédiatement les Violettes que vous avez cueillies, sans attendre. Équeutez-les, versez-les dans une bassine d’eau, remuez doucement pour les nettoyer, puis faites-les sécher délicatement sur un linge avec du papier absorbant.

{ La cuisson lui fait perdre sa couleur, ce qui est bien dommage. Pour y remédier, napper brièvement les fleurs d’un trait de citron avant de les cuire.

{ Il faut une grande quantité de fleurs pour remplir ne serait-ce qu’un seul pot de confiture ! Ma dernière cueillette m’en a ramenée 40 grammes, pour y avoir passé une heure (j’ai bien flâné, j’ai traversé deux fois la rivière et tout), c’est-à-dire un gros bol bien rempli. Il en faut juste cinq (5) fois plus si tu as une âme d’industriel ou que tu veux régaler toute la famille.

Voici deux recettes toutes simples pour savourer vos Violettes.

Sucre à la Violette 
Versez une poignée de Violettes bien apprêtées (voir plus haut) dans un bocal type confiture, remplissez quasiment de sucre (roux ou blond de préférence). 
Remuez doucement le pot pendant quelques minutes, pour enrober les fleurs et les répartir harmonieusement dans le pot. Renouvelez régulièrement l’opération au cours de la journée, puis de la suivante. Les Violettes vont rapidement cristalliser et le sucre se gorger de parfum. 
Enivrez-vous sans trop attendre, avec des yaourts, fromages blancs et tout ce qui se sucre (tisanes), ça va finir en sirop !!

{
Confit de Violette

Pour 50 grammes de Violettes : 150 grammes de sucre - 5 cl d’eau 
Apprêtez les Violettes (voir plus haut - n’oubliez pas le citron !). 
Réalisez un sirop (alors, là, je suis nulle, démerdez-vous), avec le sucre recouvert d’eau. Aux premiers bouillons (c’est le pluriel qui me perturbe peut-être), ajoutez les fleurs. 
Jetez-y les Violettes, remuez et laissez mijoter pendant 20 minutes. 
Si tu connais les trucs de la cuillère dans le fond du plat ou de la goutte qui ne tombe presque pas pour contrôler la cuisson, ne te gêne pas pour déployer ton génie. 
Mettre en pot, fermer encore chaud. 
Le résultat (de mon côté, une délicieuse mélasse encore bien végétale et d’un violet très foncé) est susceptible d’accompagner une foule de choses déjà délicieuses : tartines, laitages, céréales, viandes, j’ai pas essayé le poisson.


Vous en trouverez tout plein d’autres auprès de Mon Chalet Morvan, mais aussi sur tous les bons sites et blogs de cuisine, qui ont forcément un jour ou l’autre dû se rendre compte de l’écrasante supériorité de la Violette.

D’ailleurs, par masochisme probablement, mais surtout pour l’amour des mots, je ne résiste pas à l’envie de partager une recette glanée par ici, qui vous propose des Violettes « pralinées »… Je précise que si vous souhaitez, comme je l’ai fait, éclaircir le mystère du « petit boulé - 37° Baumé » ou même en quoi consiste « éplucher » une Violette, il faudra le vouloir vraiment. La Violette se mérite.

VIOLETTES PRALINÉES

Éplucher 500 g de fleurs de violettes doubles bien grasses. 
Laver. 
Égoutter sur la blancheur d'une serviette. 
Cuire au "petit boulé" (37° Baumé) 600 g de sucre clarifié. 
Jeter les fleurs dans le bain de sucre. 
Tenir le poêlon hors du feu puis donner un seul bouillon. 
Verser en terrine et laisser passer la nuit au deux partenaires - violettes et sucre. 
Le lendemain, égoutter les fleurs sur un tamis, en pressant légèrement. 
Ajouter un peu de sucre neuf au sucre recueilli. 
Cuire le tout au même "petit boulé". 
Ajouter les fleurs hors du feu en mélangeant à la spatule, doucement. 
Laisser refroidir. 
Verser le tout sur une feuille de papier. 
Séparer les fleurs les unes des autres, à la main, avec du doigté, en poudrant de temps en temps. 
Secouer alors une à une les violettes pralinées avant de les ranger dans une boîte en métal. 
(source)


Dégustez bien !

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