Marie Dasylva - Nkali Works
Parmi toutes les nénettes que j’admire (et y en a plein), il
y en a une qui m’impressionne tout particulièrement : Marie Dasylva, Blackaviel pour les usagères et usagers
de Twitter, Napi pour les intimes. Une personnalité à suivre, à écouter et à
lire.
Marie Dasylva est noire, dans un pays de
blancs qui ont été nombreuses et nombreux à lui rappeler que dans l’espace
public, il vaut mieux pour elle de ne pas trop montrer son ethnicité. Si elle
avait pu se javelliser, ça leur aurait bien convenu à ces Jean-Mi et Pimprenelle
qui prétendent « ne pas voir les couleurs ». Humiliations,
agressions, burn out, voilà ce qui
attend les racisé·es dans l’environnement professionnel. C’est pour elleux qu’elle
se bat aujourd’hui, en tant que Coach de vie en entreprise, grâce à sa boite Nkali Works ("pouvoir" en Igbo, terme utilisé par Chimamanda Ngozi Adichie) spécialisée en empowerment.
Coach, c’est un truc de dominant, non ? Dans ce cas, elle inverse la vapeur.
Prenant sous son aile des Pépites et des Pépitos, parfois gratuitement pour
celleux qui sont au RSA ou au SMIC, elle leur livre tout un arsenal de
stratégies pour se défendre, redresser la tête et éviter de ses faire broyer
par la machine raciste qu’est l’entreprise, aujourd’hui en France. Flamboyante,
armée du Code du travail et de son Deathnote, son objectif est de ne rien
laisser passer. Sexisme, racisme, tout doit disparaître.
Tous les jeudis (ou presque) sur Twitter,
elle expose un des dossiers qu’elle a eu à traiter et les stratégies qu’elle a
mises en oeuvre à travers le #JeudiSurvieAuTaf,
toujours très attendu et très suivi, avec l’humour mordant qui la caractérise.
Ce hashtag est destiné aux hommes et femmes racisé·es et elle invite tous les
blancs à ne pas l’ouvrir trop grande. C’est à mon sens le fil le plus
instructif et le plus saisissant de la plate-forme.
Yo it's commençing Babies . On casse de l'homophobe today et ce sans casser par la case prison ! C doux , c chaud , c vénère comme le cake au beurre de cacahuètes ci dessous pic.twitter.com/nq2kfwVh7F— Blackiavel (@napilicaio) February 21, 2019
Le 23 mai 2019, elle a enregistré avec Lauren Bastide, au Carreau du Temple,
une prestation absolument épique que
tout le monde devrait écouter. Elles y analysent les enjeux, les fondations
structurelles et systémiques de l’oppression des racisé·es au travail, présentent
des stratégies, balaient devant la porte et servent le thé… Partir ou rester ?
La réponse est toujours la même : « Ne pas hypothéquer son futur »
pour une structure qui peut disparaître dans 5 ans et ne vous apprécie pas à
votre juste valeur. Le racisme joue le rôle de déviation dans la trajectoire
des opprimé·es, pour les trier, les confiner, les isoler.
« L’espace de
travail est un espace pathogène. Le racisme, comme toutes les oppressions
fonctionnent comme un exhausteur de goût. Les personnes non blanches,
quand elles vont intégrer cet espace, vont être considérées comme une espèce d’accidents
industriels. Des curiosités à l’intérieur de l’espace-travail. »
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