Marie Dasylva - Nkali Works




Parmi toutes les nénettes que j’admire (et y en a plein), il y en a une qui m’impressionne tout particulièrement : Marie Dasylva, Blackaviel pour les usagères et usagers de Twitter, Napi pour les intimes. Une personnalité à suivre, à écouter et à lire.




Marie Dasylva est noire, dans un pays de blancs qui ont été nombreuses et nombreux à lui rappeler que dans l’espace public, il vaut mieux pour elle de ne pas trop montrer son ethnicité. Si elle avait pu se javelliser, ça leur aurait bien convenu à ces Jean-Mi et Pimprenelle qui prétendent « ne pas voir les couleurs ». Humiliations, agressions, burn out, voilà ce qui attend les racisé·es dans l’environnement professionnel. C’est pour elleux qu’elle se bat aujourd’hui, en tant que Coach de vie en entreprise, grâce à sa boite Nkali Works ("pouvoir" en Igbo, terme utilisé par Chimamanda Ngozi Adichie) spécialisée en empowerment. Coach, c’est un truc de dominant, non ? Dans ce cas, elle inverse la vapeur. Prenant sous son aile des Pépites et des Pépitos, parfois gratuitement pour celleux qui sont au RSA ou au SMIC, elle leur livre tout un arsenal de stratégies pour se défendre, redresser la tête et éviter de ses faire broyer par la machine raciste qu’est l’entreprise, aujourd’hui en France. Flamboyante, armée du Code du travail et de son Deathnote, son objectif est de ne rien laisser passer. Sexisme, racisme, tout doit disparaître.


Tous les jeudis (ou presque) sur Twitter, elle expose un des dossiers qu’elle a eu à traiter et les stratégies qu’elle a mises en oeuvre à travers le #JeudiSurvieAuTaf, toujours très attendu et très suivi, avec l’humour mordant qui la caractérise. Ce hashtag est destiné aux hommes et femmes racisé·es et elle invite tous les blancs à ne pas l’ouvrir trop grande. C’est à mon sens le fil le plus instructif et le plus saisissant de la plate-forme.





Le 23 mai 2019, elle a enregistré avec Lauren Bastide, au Carreau du Temple, une prestation absolument épique que tout le monde devrait écouter. Elles y analysent les enjeux, les fondations structurelles et systémiques de l’oppression des racisé·es au travail, présentent des stratégies, balaient devant la porte et servent le thé… Partir ou rester ? La réponse est toujours la même : « Ne pas hypothéquer son futur » pour une structure qui peut disparaître dans 5 ans et ne vous apprécie pas à votre juste valeur. Le racisme joue le rôle de déviation dans la trajectoire des opprimé·es, pour les trier, les confiner, les isoler.


« L’espace de travail est un espace pathogène. Le racisme, comme toutes les oppressions fonctionnent comme un exhausteur de goût. Les personnes non blanches, quand elles vont intégrer cet espace, vont être considérées comme une espèce d’accidents industriels. Des curiosités à l’intérieur de l’espace-travail. »





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