Banished - Luke Hodorowicz (2014)





Si tu aimes les jeux de gestion bien roots, et diablement retors, je te conseille Banished, ce genre de jeu génial qu’un geek plus malin que les autres (Luke Hodorowicz) a bidouillé dans son garage. Initialement en téléchargement libre et gratuit (mots doux à mes oreilles), il a été pris en main par le studio Shining Rock en raison de son kolossal succès. Je vous laisse libres et gratuits de choisir votre mode d’acquisition.

Pour éclairer les amateurs, je dirais que c’est un mélange de Tropico (pour l’impitoyabilité économique, les graphismes, le comportement des « citoyens », le rôle de la forêt) et de Pharaon (pour le contrôle des stocks, les pratiques commerciales et l’aspect simpliste des ressorts du jeu).



Vous êtes une bande de parias, de bannis, largués dans un coin paumé de la planète, avec juste leurs yeux pour pleurer et leurs bras pour travailler.

Précisons que vous êtes tous très travailleurs, si vous n’êtes pas trop malades ou contrariés.

Autour de vous, des hectares de plaines et de forêts (donc du bois, des plantes et des animaux), des cailloux (c’est-à-dire de la pierre, du fer et du charbon) et divers cours d’eau (moyens de communication avec l’extérieur et source de nourriture).

Gérez-vous.

Vous l’aurez compris, on vous confie la mission d’édifier une ville (archaïque) à partir des ressources naturelles qui vous entourent. Dans ce grand bac à sable, le seul enjeu est votre survie - vous gagnez tant que ça tourne, et vous savez que vous avez perdu quand tout le monde est mort. Le jeu offre quelques objectifs de gestion en mode Difficile, mais attention, c’est… difficile.

Le début du jeu en mode "Facile"...
... et en mode "Difficile"


Qu’est-ce que ça bouffe, 15 personnes.

Il conviendra de satisfaire les besoins les plus primaires de votre petite tribu, initialement composée de quelques familles : se nourrir, se vêtir, se reproduire, utiliser des outils, se soigner, s’éduquer, varier son alimentation. Les principales évolutions du jeu sont basées sur le facteur temps et la notion de masse critique. La forêt étant votre garde-manger, il ne vous faut pas cinq minutes avant de vous demander si vous allez bien couper cet arbre. Si vous le coupez, il vous chauffe aujourd’hui, si vous le laissez pousser, il vous nourrira demain. Ici, les chasseurs-cueilleurs sont rois : ils fournissent un apport permanent et considérable en nourriture variée. Bien sûr, les produits de l’agriculture sont encore meilleurs, mais leurs recettes sont foutrement aléatoires. Il suffit que la neige arrive trop tôt cette année.



Sous la pluie, la neige, le vent...

Si vous passez les deux premiers hivers, félicitation, continuez ! Vous allez avoir froid, vous allez prendre des épidémies et des tornades sur le coin du museau, mais la seule chose qui pourra réellement ruiner tous vos efforts, c’est la FAIM. Sans manteau ni vivres, un « citoyen » ne vit que quelques semaines, c’est-à-dire quelques secondes dans le jeu. Si vous le laissez dans la misère… il cessera de travailler pour se mettre lui-même en quête de ce dont il a besoin. Et alors adieu votre beau système économique.

Vous pouvez considérer qu’une famine est en cours quand vos pêcheurs et vos chasseurs ont faim. Quand un dixième de votre population adulte se relaie pour travailler et chercher de la bouffe, c’est vraiment fini (mais ça peut encore durer des années avant l’extinction totale, inexorable). Les enfants trépassent à la moindre dysenterie, les femmes meurent en couche, plus personne n’éteint les incendies, c’est Armageddon.

Les graphismes sont minimalistes et l'interface est réduite à sa plus simple expression : c'est à vous de comprendre comment fonctionne le jeu et comment le prendre en main ; comment pousse la forêt ; comment sont gérés les bâtiments, les surplus, les naissances...


Pour conclure, je ne résiste pas à l’envie de reprendre les propos éclairés de Karadoc, chevalier de la Table Ronde :


Ça y est j’ai compris ce que ça veut dire
une « politique de l’autruche ».
C’est une politique qui fait des gros œufs !
C’est une politique qui court vite !

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