Le paresseux


C’est forcément une question que vous vous posez : est-ce que les paresseux font l’amour ? Est-ce qu’ils font ça bien ? Est-ce que c’est pas, quand même, un peu trop tumultueux pour eux, qu’on voit traîner mollement du lit au canapé, une tasse de camomille à la main ?

Faux. Idée fausse et préconçue. Du grand n’importe quoi. Vous avez confondu paresseux et fatigué.

Je définirai tout d’abord cette notion : le paresseux.


Le paresseux, se reconnaît à ses poils : c’est long, chiant, et douloureux, de s’épiler. Le paresseux est strictement non-violent. Des ongles longs : se couper les ongles, ça ne passionne pas le paresseux. Le paresseux se couche tôt, mais certainement pas pour se lever tôt : il a bien en tête de dormir le plus possible. Le paresseux travaille, comme vous et moi, et il n’aime pas ça, comme vous et moi. Le paresseux travaille, oui, parce que chasser soi-même sa nourriture, c’est une perte d’énergie incroyable. C’est là le secret du paresseux : il garde son énergie. Pour plus tard. Pour quand il en aura vraiment besoin. Pour ce soir en fait. Ce soir, le paresseux ne sera pas fatigué, et la personne qui partage la vie du paresseux, elle va trouver ça limite fatiguant. Je sais de quoi je parle. Je suis le modèle parfait du paresseux.

A l’inverse, vous imaginez comme pendant au paresseux, l’agité, le pétillant, le survolté, le travailleur forcené.

Une nouvelle fois : faux. Tout faux. Le travailleur EST fatigué.


Définition du travailleur : il travaille, comme le paresseux. Mais lui, il s’est couché tard, et il s’est levé tôt. Il a travaillé deux fois plus, parce que contrairement au paresseux qui est myope, il a une idée très claire de ses objectifs, du boulot à faire et des critères de réussite, et toujours contrairement au paresseux qui est un peu mou, il a une volonté d’acier dans des muscles de fer et s’en sert tous les jours. C’est là le secret du travailleur : il se sert de son énergie au fur et à mesure qu’il en trouve. Là où le paresseux est économe et responsable, le travailleur gaspille et part en fumée. Le soir, il rentre sur les genoux et vous savez quoi, il envisage sans enthousiasme une sauterie éreintante. A moins que le travailleur n’ait croisé une boite de Juvamine ou un ptit noir bien serré, ce soir, l’être qui partagera son lit n’aura plus qu’à sortir son tricot.

Là, la catégorie travailleur se scinde en deux. Le travailleur se distingue du travailleur forcené, notez bien. Pour le travailleur forcené, cette sauterie  ne rentre pas dans les objectifs du jour. Pour lui, le sexe est tout bonnement inutile, à moins qu’il ne veuille se reproduire en ce moment. Pas de but, des critères de réussite somme toute assez flous. Parfois, ça tâche, en plus.

Pour le travailleur, par contre, c’est plus délicat. Le travailleur sait très bien oublier ses objectifs du jour quand il faut, le travailleur, il a un ptit cœur qui bat. Il est déchiré par la situation. Comment expliquer que si, bien sûr, le désir est toujours là ma chérie, mais que ce matin, il s’est vraiment levé tôt, que le boulot a été dur et que demain, ça risque d’être pareil ? Comment affronter ces yeux implorants, ces courbes lascives et fatigantes rien que d’y penser, les larmes qui jaillissent peut-être, les effusions de… je m’emporte, mais c’est l’idée : là où le travailleur forcené est content de sa journée et s’endort heureux, l’honnête petit travailleur est rongé par le remord.

Voila, la question n’est plus, un raisonnement sobre et concis vous le démontre : "Comment font les paresseux ?" mais : "Comment font les travailleurs ?"

Ils ont plusieurs options : soit ils ne font pas, soit ils ne font qu’à moitié, soit ils suivent mes conseils.

C’est logique : on a dit que les travailleurs fonctionnent toujours à flux tendu, utilisant de façon optimale, c’est-à-dire le plus près du rouge possible, ses accus. Ça le fatigue, certes, mais attention, le travailleur, il démarre au quart de tour, lui faut pas grand-chose pour se mettre en route. Alors que le paresseux, il prélimine à mort, i’s’tâte, il envisage la chose, il caresse l’idée et tourne autours du pot : il charge les batteries. Tant qu’il n’a pas de ressources pour plusieurs heures de fête, le paresseux, il se repose. Ça prend la journée, en général.

Bref, concluons : il suffit de chauffer le travailleur et lui, il lui suffit de se contenter de ne rien faire, ou le moins possible – pour le moment.

Pour lancer le moteur, on n’oublie pas qu'il n'y a pas que la pipe dans la vie, vous seriez surprise de voir quels instincts se cachent dans les cavités les moins explorées. Attention attention, ne vous précipitez pas. Transformez-vous en paresseux : des mouvements amples et longs. Des tortillements laaaaaaascifs, vous vous étirez comme un chat, vous vous frottez la joue, teeeeennnndrement, sur son ventre, vous lui goûtez les flancs, piaaaaaaanoooo, on va dooouuuucement avec sa ptite langue, on gobe leeeentement, on le titille un peu mais sans brusquerie, un agitement de fondement, ça plombe les accus, si, alors on fait que du doux. On cajole. On caresse doucement, on chuchote, on bouge leeeentement, si le travailleur ne s’endort pas et même bien au contraire, c’est que le travailleur est bon pour passer à la position du dodo, héhé…

Une position absolument stable et reposante (voire berçante, limite somnifère), la position du dodo : en chien-de-fusil. Chevilles, genoux, bassins et épaules aux charnières.

Attention attention, ça va très lentement. L’important, c’est l’ondulation, le contact des peaux. Au début. C’est la respiration de l’un dans le cou de l’autre ; (les poils de) son ventre dans son dos, ses bras qui rampent le long des siens. La cadence. Pas un brin de place pour un brin d’herbe entre eux deux. Ils partagent l’effort, le mouvement. Il ne faut pas hésiter à ne pas bouger. A laisser palpiter quelques veines, se dilater quelques muqueuses. Voler quelques bisous. Respirer l’air environnant, simplement. 

Bonne nuit !

Commentaires

  1. Un paresseux pourrait se reproduire....? Naaaaannnn!!!!

    La Juvamine, j'ignorais ce truc, mais j'ai récemment heurté une bloggueuse en écrivant que je découvrais qu'existait un site qui a pour nom......: "adopterunmec.com" du coup j'ai découvert en suivant qu'il existait un site nommé "chatroulette"..... Alors la Juvamine, ben.......

    Tes techniques, oui, elles doivent faire "bien" dormir, moi j'aime... Je ne fais bien l'Amour qu'en période diurne....

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  2. Initialement, je passais sur ce billet parce qu'il est le premier......

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  3. Juvamine et Chatroulette sont difficilement comparables, cela dit, les deux ont tendances à vous tenir éveillé.e !

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    1. Je n'ai connu que des trucs autres et différents, de type chatroulette..., pour tenir éveillé, je n'use jamais de produits autres que ceux qui ont à voir avec le désir, désir de rester éveillé....., tout subterfuge/substitut est rédhibitoire me concernant.... Cela vaut pour tout, même pour la santé......, je préfère m'occuper de tout personnellement, là est une vraie pathologie, sans doute et très certainement! Mais le dialogue instantané et direct, oui, m'a très souvent tenu éveillé (cf. le Désir...)

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