Blason : quelques définitions


"Habsburger Pfau"


Je parlais d’armes, il y a quelques jours. Je n’ai pas fini de vider le sujet… Aujourd’hui, on va s'attaquer à l’angle symbolique. Non, je ne vais pas parler du flingue qui symbolise la bite (il n’y a même pas débat), disons pas directement. Je vais vous parler de blason.

« Blason » est un mot élastique comme je les adore. Surprenant, gai, vivant. Un mot artistique. Et aussi un mot qui condense à lui seul un grand pan (t’es mort) de notre chère institution patriarcale. Virilité, conquêtes, combats, Église, héritage, filiation… on va réviser nos fondamentaux.

Le blason est un code, un langage et un art, avec ses règles, sa grammaire, ses exceptions et ses listes à apprendre par cœur, sa charge symbolique, quasi-totale ! Pardon, je bave, venons-en aux faits.

Rien que les faits !



Quelques définitions
Apprends plein de nouveaux mots !
zéro dates à retenir !
Conçois ton propre blason ! Et apprends encore plus de nouveaux mots ! 
Révise tes couleurs en ancien Français !
Révise aussi toutes tes règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison et de syntaxe en ancien Français moderne !




BLASON n.m.


Quelques étymologies 
Ce mot défend plusieurs origines, autrement ce serait moins drôle. Par exemple blasjan en ancien bas francique, signifiait « éclairer », « illuminer », alors que blezo ou blizo en provençal, blason en espagnol, signifiaient « armes » et « gloire ». Brasao en portugais ou l’italien blasone désignent un écu orné. Le mot anglais et saxon balse donnait « flambeau », « éclat », tandis que l’allemand blasen désigne l’action de « sonner du cor »… D’autres y voient les racines du mot blé, blat en gaulois (« frapper », « moudre ») qui a donné blecier, « blesser », « frapper ».


Gilles de Rais en action.
Nous avons tous bien compris que tout ça c’est la même chose. On nous parle de la gloire qui rejaillit intrinsèquement sur l’homme guerrier, la gloire des armes, la gloire de la gloire.

Et ça ne se fait pas sans bouclier.

Quelques dérivés 
Sur cette racine se sont construits les termes… 
… blasonnier, qui est le constructeur d’écu, dans sa blasonnerie. 
… blasonnement, qui est la description du blason et le texte qui en résulte (le blasonnement fait partie du blason, voir le constitue). 
… et donc blasonner, l’action de décrire un blason. Ce verbe servait également, mais l’usage s’en est perdu, à désigner l’action de formuler une louange ou un blâme (« tailler un costard »). 
… blase ou blaze, apocope argotique pour dire « nom » ou « prénom ».

 

Quelques homonymes 
Blason : texte poétique, de louange à l’égard d’une femme (parfois, « l’objet de ses pensées » devient elle-même le « blason » du chevalier)… ou satire à l’égard d’une vile personne. C’est même un genre poétique qui s’est épanoui au XVIème siècle : le blason anatomique (par exemple, ce poème d’André Breton peut être considéré comme un blason). 
Blason : dans le domaine de l’escrime, écusson porté au bras par l’escrimeur et qui indique son niveau de compétence.



Nous avons là la quintessence de ce concept : le blason, c’est un genre de selfie en armes, de logo-pseudo, l’art d’accommoder les chevaliers. La capacité du blason à décrire un individu le rend propice à un détournement satirique, ce qui n’a pas manqué d’avoir sa place dans les usages.

Vous aurez besoin d’autres mots pour voyager sur les terres du blason…

Quelques définitions 
Écu : bouclier, protection portée par les chevaliers lors d’une bataille… et par l’écuyer en dehors des combats. Il protège d’ailleurs la vie des deux hommes car s’en prendre à un écuyer c’est s’en prendre au blason de son maître. 
Blason : ensemble de ce qui compose l’écu armorial : l’écu, sa composition graphique intérieure, ses attributs extérieurs, sa description en langage du blason, ainsi que son interprétation. En bref, tout élément du blason EST le blason : le blason, ce qui est autour du blason et l’art de décrire le blason, la description devenant elle-même un blason. Je ne le répèterai pas. 
Armes : dans le domaine qui nous intéresse, ce terme polysémique désigne le « décor » porté par l’écu, décor qui symbolise la famille (et bien d’autres choses encore !) à laquelle appartient le chevalier. Ses armes l’identifient donc. Évidemment, on utilise souvent le mot « blason » à la place. 
Armoiries : ensemble des éléments intérieurs de l’écu (les armes) mais aussi ce qui se trouve à l’extérieur et qui apportent des informations supplémentaires sur le rang ou les distinctions honorifiques de son propriétaire : insignes, cri de guerre, devise, drapé, couronnes... Logiquement, ce terme ne désigne pas l’écu, qui ne peut pas les porter, mais plutôt une sculpture ou une peinture d’écu. Terme toujours interchangeable avec « blason ».


Source : planches.eu

Aujourd’hui, tous ces termes se confondent un peu. Vous trouverez sur le net et dans vos bouquins des informations contradictoires, certaines désignant effectivement un genre de bouclier « illustré », d’autre uniquement sa description orale ou écrite.

Osef.

Il nous reste deux termes à connaître.

La science du blason est l’héraldique : c’est la science qui les décrit, qui les interprète et qui les compile. Ce mot appartient à la famille de héraut, actualisation du heros grec, qui fait nos demi-dieux et mot connu partout pour signifier « officier » ou « messager » (herald en anglais moderne). Nous ferons connaissance avec lui un peu plus loin.



Récapitulons.

Le blason est enfin un objet, à la conception duquel la recherche d’esthétique et de sens ont préludé. C’est un objet fini, artisanal et personnel, qui répond aux besoins de la société qui l’a vu naître : la société féodale.




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