Grammaire non sexiste
Notre langue porte les prérogatives de la domination masculine dans nos conversations, dans les formulaires de l’administration, dans nos journaux, dans
notre boîte aux lettres, dans nos relations quotidiennes.
A ce titre j’apprécie les deux seules mesures politiques qui ont fait mine d’œuvrer dans le sens du progrès :
A ce titre j’apprécie les deux seules mesures politiques qui ont fait mine d’œuvrer dans le sens du progrès :
Ø le retrait du mademoiselle des formulaires administratifs en 2012,
qui apportait une distinction qui n’avait pas lieu d’être. Notez qu’il n’a
jamais été question d’interdire l’usage du terme « mademoiselle »
dans toute autre situation. Pourtant cela revient à opérer une différenciation
non seulement sur le sexe… mais aussi sur l’âge des femmes.
Ø la possibilité pour les femmes
mariées d’être nommées par leur nom, celui de leur naissance, tout
simplement, en 2002, ce qui a abolit les « madame Marcel Dupont ». Là,
la portée symbolique est inestimable, mais la portée pratique un peu problématique :
il a fallu aussi accepter les noms composés à rallonge et le choix qui devient
moins évident pour donner un nom à ses enfants (logique, puisque ce n’est plus
automatique, les choses se font donc au cas par cas, par décision mutuelle,
mots doux, purs et démocratiques à mes oreilles).
Ici, ce n’est pas une discrimination générale de la femme qui est mis
en cause, mais son statut marital, qui ne devrait pas, comme pour les hommes,
influer sur son statut social. C’est donc une toute petite partie du problème,
la plus grosse étant la grammaire elle-même.
Les différents courants de pensée féministes qui se sont penchés sur
la question ont dégagé quelques règles de langage non-sexiste (lien wiki, sinon passez lire Genre !).
Ø La fameuse
règle du masculin l’emporte dans les accords, particulièrement vexatoire. La
solution proposée : la règle de
proximité. On accorde alors les adjectifs avec le plus proche de ses
substantifs, et le verbe avec le plus proche de ses sujets.
Ø Les noms
qui désignent des humains de manière indéfinie ou des groupes mixtes, où l’on
voit que là aussi le masculin l’emporte… comme le mot « Homme » pour
désigner un humain, ou plus typiquement encore, les noms de métiers et
d’activités de toutes sortes. Ce sont des casse-tête sans nom, parce que
l’égratignage de la langue déclenche des passions impressionnantes. Au premier
rang des pugilistes, l’Académie Française et toutes les institutions
orthographiques les plus sérieuses. Il faut dire qu’il faut inventer des mots
féminins (une bandite ? une écrivaine ?), mais aussi des mots
masculins (un sage-homme ? un homme de ménage ?), dégager des règles
pour que ce soit logique et facile, et puis respecter les sensibilités. Il y a
plusieurs solutions avancées :
- Privilégier les mots épicènes, qui peuvent être
indifféremment précédés de un ou une : élève, adulte, enfant, archéologue,
secrétaire, ministre, juge, esclave... On peut aussi ranger ici les féminins et masculins génériques,
où le genre est neutralisé, car ils n’impliquent pas un sexe particulier :
une personne.
- Ajouter des –e (féminisation), à chaque fois que ça se
justifie… Dans ce domaine, il y a les unionistes
(les (musicien-ne-s), les pointillistes
(musicien.ne.s) et les parenthésistes
(musicien(ne)s), les deux premiers ralliant le plus de suffrages (mon
correcteur orthographique n’accepte que le premier). On trouvera également le E majuscule (motivéEs) ou le point médian (motivé·e·s). Là aussi,
c’est affaire de symbole avant tout, et ça compte.
Ø Le pire, c’est
encore les pronoms ! Dès qu’il y a foule ou indétermination, le masculin s’impose.
Pour eux, on a trouvé les mots
trans-sexes : illes / els pour « ils et elles », ceulles
/ celleux pour « celles et ceux » etc…
Cette sur-règle grammaticale du masculin-l-emporte a deux conséquences :
elle invisibilise les femmes et inscrit dans le roc cette autre sur-règle, morale
cette fois : le masculin l’emporte.
On peut dire non. En soignant sa grammaire.
Vous allez me dire « c’est lourd », et puis « ça
alourdit le texte » et encore « c’est illisible », c’est
évident, puisque vous ne l’avez jamais lu. Je suis comme vous et moi : je
n’ai pas appris à penser à écrire comme ça ! Je vais devoir reprendre tous
les articles de ce blog, je ne sais pas si tu vois…
Pour m'aider, pour t'aider, pour qu'on s'entraide entre nous quoi, ici, pour toi, pour moi, pour nous Le Guide Ultime de la Féminisation ! concocté par le Centre National de la Recherche Scientifique et l'Institut National de Langue Française. Tu peux y aller, c'est 100% Français national (et Scientifique).
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Donc hop. On s’y met !
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