Échangisme
Petit
Larousse de la Sexualité
Sous la direction du Dr
Sylvain Mimoun.
ÉCHANGISME
n.m. Échange de partenaire entre deux ou
plusieurs couples, et, par extension, diverses pratiques sexuelles incluant
plus de deux personnes.
[...]
Publics
et lieux échangistes
En
1998, on estimait le nombre d’échangistes réguliers en France entre 3 et 4000
personnes, auxquels il faut ajouter les centaines de milliers d’échangistes
occasionnels. Autrefois pratiqués à l’extérieur (aires d’autoroute, plages...),
les jeux érotiques se déroulent désormais le plus souvent dans des espaces clos
et protégés (clubs, saunas, restaurants, soirées privés, quelques camps
naturistes célèbres, etc...), principalement en région parisienne, en
Rhône-Alpes et dans le Midi, même s’il existe des lieux de rendez-vous partout
en France.
Deux
groupes distincts
Deux
principaux groupes peuvent être distingués dans l’univers échangiste, avec des
motivations et des attitudes assez différentes.
Les « libertins ».
Certains cherchent dans l’échangisme un érotisme très génitalisé, débridé,
dépourvu de sentiments, avec prise de risques. Ce sont essentiellement des
hommes seuls, souvent d’anciens clients des prostituées, et des «
professionnels du sexe », les « hardeurs » ou « hardeuses » qui utilisent les
lieux d’échangisme comme plate-forme de travail en se rebaptisant « libertins
». On y rencontre aussi des travestis ou des transgenres, et les femmes seules
sont rares. L’ambiance est « pornographique ».
Dans
ces milieux, les comportements à risques, favorisant les infections génitales,
entre autres, sont en pleine expansion.
Les couples établis.
Certains échangistes revendiquent pour leur part la discrétion, des approches
plus gourmandes, plus respectueuses du désir de la femme. La sexualité
passerait presque au second plan. Il peut s’agir de couples dans la
quarantaine, des urbains de la classe moyenne qui veulent faire plaisir à leur
partenaire, satisfaire un besoin d’expériences nouvelles ou chercher à se
rassurer sur leur potentiel de séduction pour les femmes, sur leur virilité
pour les hommes. Des couples pus jeunes pratiquent aussi, dans un esprit plus
ludique, pour réveiller un érotisme en panne ; ils revendiquent une sexualité
égalitaire, et se déclarent fidèles.
[...]
L’échangisme
en couple.
Il
n’est en général pas simple pour un homme de convaincre sa partenaire de
pratiquer l’échangisme. Les principales difficultés proviennent des différences
de perception de la sexualité, la femme l’inscrivant davantage dans un tout. Le
consentement féminin est d’autant plus délicat à obtenir qu’un certain discours
masculin, fondé notamment sur l’idée que la femme accorde la primauté aux
sentiments, distingue toujours celles que l’on « baise » de celles que l’on
aime. Avant qu’une femme n’accepte de pratiquer l’échangisme, il existe souvent
une longue période de transactions et de négociations.
Des motivations variées.
Dans
un couple, les motifs de pratiquer l’échangisme sont divers, mais tournent
souvent autours du désir de l’homme.
Pour
l’homme, le culte de la performance et le besoin de réassurance sont en général
invoqués. L’homme échangiste est souvent amoureux de sa femme, mais il a besoin
de se réassurer dans sa virilité par le regard que porteront d’autres hommes
sur sa partenaire.
Le risque de la jalousie.
On
ne va pas en club échangiste pour sauver son couple. L’homme est souvent moins
prêt qu’il ne le croit à partager, et le fait de voir sa partenaire dans les
bras d’autres hommes peut susciter chez lui une forte jalousie. C’est alors le
début de conflits, voire un motif de rupture, la femme reprochant ensuite à son
partenaire de l’avoir entraînée dans ce jeu où elle peut trouver un nouveau
compagnon et partir. L’échangisme exige de fait une maturité sexuelle et
relationnelle, en particulier pour les hommes qui devront intégrer le désir de
leur partenaire en tant que femme autonome.
Ce
peut être aussi l’occasion d’avoir un rapport sexuel avec une autre femme sans
craindre la réaction de sa partenaire régulière. C’est aussi, souvent,
l’occasion pour lui de s’essayer à la bisexualité, une expérience en nette
augmentation.
Pour
la femme, il peut s’agir aussi d’un renforcement narcissique (être sollicitée,
s’exhiber devant plusieurs hommes fascinés), ou d’un désir d’expériences
nouvelles (jeux entre femmes, performances incluant plusieurs pénétrations), ou
souvent d’une manifestation d’indépendance (pouvoir dire oui ou non à un acte
sans lendemain). Nombre de femmes gardent toutefois l’espoir « naïf » de
renforcer le lien conjugal en faisant plaisir à leur partenaire, au risque de
susciter chez lui une jalousie inattendue (voir encadré).
Une expérience temporaire
?
Les
mœurs des clubs échangistes étant assez machistes, de nombreux couples vivent
quelques expériences, puis arrêtent, ou se limitent à quelques soirées dans
l’année, pour fêter certains évènements, ou découvrir avec des partenaires
connus de nouveaux jeux libertins. Un jour, las et déçus dans leurs attentes,
ils n’en garderont que le souvenir. cela est toutefois vrai surtout pour les
femmes, les hommes retournant parfois seuls dans les clubs.
Quelques pistes de
réflexion.
De
tout temps, certains hommes ont associés une sexualité conjugale (la seule
autorisée à l’épouse) et une sexualité hors mariage. Ce qui fait dire à
certains spécialistes que les hommes auraient remplacé les prostituées ou les
maîtresses par leurs femmes, qu’ils échangeraient dans un lieu adapté.
Même
si l’échangisme, bien que marginal, est devenu l’une des multiples formes de
sexualité pour un couple, croire que la femme s’identifiera un jour de la même
manière que l’homme à une sexualité « libérée » est sans doute une énième
utopie du pouvoir et des fantasmes masculins. Ce serait en effet négliger
l’importance des stéréotypes sur lesquels repose le désir pour chaque sexe.
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