Corporellement parlant
Des fois, quand je ne peux
plus parler, soit qu’il me manque des mots, soit que je manque de volonté, de
courage, c’est mon corps qui me hurle dans les oreilles. Autrui n’entend rien,
mais moi, je comprends mieux. Ce qui n’est pas totalement inutile.
Je veux parler de ces étranges sensations
qui surviennent parfois, toujours les mêmes, souvent dans des moments
difficiles, ou pour le moins cruciaux. Au jour d’aujourd’hui, en ce qui me
concerne, j’en reconnais au moins quatre, avec comme lieux d’expressions
favoris, la gorge, les aisselles (?), les mâchoires…
Il y a tout d’abord la barre dans la
gorge. Elle est énorme, épaisse, empêche de respirer, de penser, elle donne
chaud, et envie de vomir. C’est la peur, l’angoisse.
C’est ce que j’ai ressenti, avec mon corps
qui se « fermait » doucement mais sûrement, lorsque mon frère aîné s’est
accidenté en moto, et que je l’ai accompagné à l’hôpital, inconscient…
Il y a aussi la boule dans la gorge, ce
truc de dix tonnes qui ne veut pas descendre, qui prend toute la place, lourd,
et qui semble ne pas vouloir cesser d’enfler, là où certains ont une pomme
d’Adam… ça, c’est la colère, celle qui ferait mieux de se taire. C’est la
douleur de ne pouvoir ouvrir la bouche.
C’est ce que je ressens lorsqu’à l’issue
d’une séance de conduite comme toujours humiliante, je me fais emboutir par un
abruti trop absorbé par sa conversation téléphonique (cette fois c’est sûr, je
déteste à vie les portables et leurs utilisateurs).
Plus révélatrice encore d’une émotion que
l’on se refuse à sortir, la douleur sous le bras. J’aimerais savoir ce qui
provoque physiquement une telle sensation… à quoi correspond-elle ? C’est une
gêne, très gênante, sous l’épaule, sur le flanc (droit en général), comme si
j’avais un second cœur à droite, qui se chargerait des envies mal gérées.
C’est ce que je ressens lorsque je
n’obtiens pas ce que je veux, par exemple lorsque comptant être longuement
câlinée, je dois me contenter de dormir.
Il y a enfin, et je ne l’ai ressenti que
très récemment, cette acidité dans la mâchoire, cette boule acidulée aux abords
de la bouche, cette salivation psychologicochimique, à l’idée d’un heureux
évènement.
C’est ce que je ressens lorsque je parle
de faire un enfant à celui qui m’a demandé en mariage.
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