Andrée Chedid
Parce
que c’est, de toutes celles qui ne me parlent pas d’amour, celle que je préfère.
Parce que sa production est impressionnante. Parce qu’elle a connu le monde. Et
parce que Wikipedia fait CE descriptif de son œuvre. Je te prie de bien
observer les ponctuations majuscules s’il te plait.
« Son
œuvre est un questionnement continuel sur la condition humaine et les liens
entre l’homme et le monde. Andrée Chedid, dans toute son œuvre, célèbre la vie
tant aimée, tout en ayant une vive conscience de sa précarité. Elle encourage
chaque homme à accepter l’altérité. »
Non,
moi non plus je ne vois pas de H majuscule à « homme » alors que de
toute évidence, il s’impose. Andrée Chedid n’a pas passé sa vie à questionner
l’existence de l’homme, ah ah, elle l’a passée à questionner sa place dans l’univers, sa place
d’humaine. Et on nous parle d’altérité, sinon. Si mon amie wikipedia commet cet
impair, c’est bien parce qu’Andrée Chedid était plus humaine que femme, du coup
on peut la confondre avec un homme (d’ailleurs, t’as vu, elle s’appelait
Andrée, de la racine grecque andros,
l’homme). Tout ça parce qu’elle ne dégouline pas d’amour à longueur de vers. Avec
elle, la poésie n’est pas « romantique », elle est un chemin de
pensée, fluide et clair. Elle t’emmène loin en toi. La lecture de son œuvre te
soulagera de tes angoisses les plus profondes. Elle trouve les mots pour toi
des réponses que tu cherches depuis toujours. Ce qui a rendu possible
l’existence de cette œuvre, c’est indéniablement le contexte dans lequel la
belle a pu fleurir.
Elle
fut ce que nous appellerions aujourd’hui une migrante, née au Caire le 20 mars 1920
de parents tous deux d’origine libanaise. Elle est instruite dans les écoles
égyptiennes puis françaises, avant d’entrer à l’Université américaine du Caire.
Munie d’un diplôme de journalisme, mariée à Louis Selim Chedid, ancien
directeur du Centre de Recherche scientifique et professeur honoraire de
l’institut Pasteur, grande voyageuse, elle a joui toute sa vie d’une très
certaine liberté d’expression et de mouvement.
Voyez,
l’amour, ça sert pas seulement à faire des bébés.
Ça
sert à respecter l’intelligence d’autrui et lui permettre non seulement
d’exister, mais aussi d’apporter tous bienfaits à sa communauté. Il apparaît
ici que Mme Chedid a rencontré des personnes qui l’ont aimée : ses
parents, puis son mari. Moyennant quoi elle est devenue une humaine et qu’elle
brille aujourd’hui dans nos firmaments… Sans presque jamais parler d’amour.
Elle s'est éteinte le 6 février 2011.
Ah
oui au fait : Andrée Chedid est la femme de Louis Chedid, et la mère de Matthieu Chedid. J’adore cette femme. Florilège.
« L’impossible
est le seul adversaire digne de ce nom. »
(Néfertiti et le rêve
d'Akhenaton)
|
|
Qui?
Qui se repaît
De ces festins
de sang ?
Qui salive
A la vue des
ventres bleuis ?
Qui inflige
Ces temps
barbares ?
Qui calfeutre
Les fenêtres
d'autrui ?
Qui d'un rire
sardonique
Ruine nos champs
d'espérance ?
Qui?
(Au cœur du cœur)
|
D’abord,
Efface ton nom
Abolis ton âge
Supprime tes
lieux
Déracine ce que
tu sembles
Qui reste debout
?
Maintenant,
Ressaisis ton
nom
Revêts ton âge
Adopte ta maison
Pénètre ta
marche
Et puis…
À n’en plus
finir,
Recommence.
(Contre-Chant)
|
Je chante pour
la lune
Et la lune pour
l'oiseau
L'oiseau pour le
ciel
Et puis le ciel
pour l'eau
L'eau chante
pour la barque
La barque par ma
voix
Ma voix pour la
lune
Ainsi
recommencera.
Dans la terre et
dans l'eau
Ma chanson se
perdra
Où le noir est
si haut
Ma chanson
s'effacera
La lune
m'entendit
Et par la lune,
l'oiseau
Le ciel
m'entendit
Et par le ciel,
l'eau
La barque
m'entendit
Et par la
barque, ma voix
Ma voix
m'entendit
Et j'entendis ma
voix. »
(Le Sixième Jour)
|
Volu, je t'aime tout court et grâce à toi j'aime Andrée Chedid
RépondreSupprimerRien ne peut me faire plus plaisir, tant d'amour dans la même phrase :)
RépondreSupprimer